Plus que jamais uni ! C’est le cas de le dire en voyant la réaction de tous les Algériens, aujourd’hui, à la tentative de division de leur mouvement. En effet, ce 18e vendredi de la mobilisation populaire contre le système en place a été historique à plus d’un titre.
Il a prouvé définitivement que l’union du peuple, actée depuis le 22 février dernier, est acquise et que les manipulations du pouvoir et des résidus du système ne passent plus. Ce sont ces derniers qui viennent d’essuyer un échec cuisant, en jouant, depuis mercredi dernier, la carte de la division et du régionalisme en déclarant comme « ennemi public le drapeau Amazigh ».
S’attendant peut être à un rejet de la revendication identitaire, les détenteurs du pouvoir ont eu droit à l’effet contraire. Les Algériens les ont battus à plate couture, en leur administrant une leçon de l’unité nationale à laquelle ils n’ont, peut-être, jamais pensé.
Contrairement aux analyses et commentaires pessimistes, le mouvement populaire a démontré une véritable maturité politique, tout en montrant une capacité surprenante à déjouer toutes les manœuvres visant à le détourner de son objectif initiale : la lutte pour une Algérie nouvelle.
« Imazighen ! »
Partout dans le pays, la réponse au chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah qui avait décrété l’interdiction du port d’autres drapeaux à part l’emblème national, était nette et sans bavure.
C’est le cas à Alger où, malgré la violence policière enregistrée durant la matinée où des agents se sont lancés à la chasse à l’emblème d’unité Nord-africaine, la mobilisation était record.
Les messages délivrés par les manifestants ne souffrent également d’aucune équivoque. Arborant fièrement le drapeau national et l’étendard Amazigh, les protestataires ont tenu à exprimer clairement leur attachement à cette union qui fait la force du mouvement.
Ce faisant, ils chargent violemment le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah qui en a pris pour son grade aujourd’hui. « Qbayli Arabi Khawa, Khawa, wa el Gaïd Salah m3a el khouana (Kabyle, Arabe sont unis et Gaid Salah est avec les traitres) », « Imazighen ! » et « Gaid Salah dégage », lancent-ils, en se montrant déterminés à en finir avec le pouvoir « des bandes ».
De la rue Hassiba Ben Bouali, à la Grande Poste, en passant par le boulevard Amirouche et la place Audin, le décor était le même et les slogans aussi. « Casbah- Bab el oued, imazighen!», « pouvoir dégage », « Trohou Ga3 (vous aller tous partir), « Ya men 3ach, ya men 3ach, Gaïd Salah Fi lharach (nous souhaitant voir Gaïd Salah à la prison d’El Harrach), lancent aussi les protestataires.
Les drapeaux amazighs étaient aussi très présents dans la marche, en dépit de la décision étrange du vice-ministre de la Défense nationale. De l’avis de plusieurs observateurs, la manifestation de ce vendredi est une véritable leçon adressée aux tenants du pouvoir qui louvoient pour ne pas satisfaire la revendication essentielle du mouvement populaire.
Cette leçon n’est pas venue uniquement d’Alger et de la Kabylie. Le message est le même partout, notamment à Annaba, Constantine, Sétif, Batna, Oran, Bilda, Mostaganem et aussi au sud du pays. En somme, dans tous les coins du pays où les Algériens ont manifesté leur rejet du pouvoir militaire.