1e victime du printemps noir : Il y a 19 ans, des gendarmes ont tué Guermah Massinissa

© DR | Guermah Massinissa, tué arbitrairement par les gendarmes il y a 19.


18 avril 2001-18 avril 2020. Dix-neuf ans sont déjà passés depuis ce jour tragique qui a ébranlé la Kabylie en particulier et l’Algérie entière. Il s’agit de l’assassinat, dans les locaux de la gendarmerie nationale de Beni Douala, dans la wilaya de Tizi Ouzou, du jeune lycéen de 19 ans, Guermah Massinissa.


Le meurtre, toujours pas élucidé, avait donné suite à une colère noire en Kabylie qui s’est soulevée, comme un seul homme, contre « l’arbitraire », la « hogra » et l’injustice. Les rafales de la mitrailleuse du gendarme qui a terrassé le corps frêle du jeune Massinissa a donné suite à un véritable brasier qui a soufflé sur toute une région.

Pendant plus de trois longues années, des évènements tragiques ont secoué les quatre coins de la Kabylie. Le bilan était trop lourd : 128 jeunes assassinés par les forces de l’ordre, des milliers de blessés, des milliards de pertes matériels et une grave crise politique qui n’a jamais pris fin.

Pendant ce temps, le président déchu qui venait d’entamer son premier mandat à la tête de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, observait la tuerie sans dire mot. Présent à l’étranger au début des évènements, l’ancien chef de l’Etat n’a pris aucune mesure urgente pour stopper le massacre et sanctionner les responsables, en particulier son ministre de l’intérieur, Yazid Zerhouni qui aggraver la crise par ses accusations contre le jeune Guermah Massinissa.

Sa décision d’ouvrir une enquête, intervenue quelques semaines après, n’a été d’aucun effet sur les évènements. La situation n’a pas cessé de s’aggraver, nécessitant une organisation au niveau locale. C’est ainsi que sont nés les fameux aârouchs de Kabylie, dont l’objectif était d’encadrer la population et d’être son interlocuteur auprès du pouvoir.

Un pouvoir qui a tout fait pour pousser la situation au pourrissement, sans se soucier du sort des nombreuses victimes et leurs familles. Et jusqu’à aujourd’hui, 19 ans après le printemps noir, les responsabilités n’ont pas été définies et les assassins n’ont pas été punis.

Célébration et coronavirus

L’anniversaire de ces évènements sera célébré, cette année, dans le silence. Il y a point de marches, point de recueillement et cérémonies habituelles. Les risques liés à la propagation du coronavirus contraint tout le monde à changer les habitudes.

Les militants, les familles des victimes et les défenseurs des droits de l’homme qui refusaient d’oublier cet évènement sont contraint, cette année, de seulement se le rappeler à distance. Au même titre d’ailleurs que le printemps berbère qui coïncide avec le 20 avril de chaque année. Mais ce n’est que partie remise.

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