Les vendredis se suivent et se ressemblent pour le mouvement populaire. Les manifestants reviennent toujours dans la rue avec le même entrain et le même engagement. Inlassables ! C’était le cas aujourd’hui, à l’occasion du 49 vendredi du Hirak. Des milliers de manifestants ont battu le pavé dans la Capitale et dans de nombreuses villes du pays pour exprimer, une fois de plus, leur opposition au régime en place et ses politiques.
C’est ainsi qu’ils ont exprimé, ce jour, leur rejet de l’idée d’exploiter le gaz de schiste, évoqué mercredi par Abdelmadjid Tebboune, lors de sa première rencontre avec des représentants de certains titres de la presse, dont des organes publics et privés.
« Dites à Total de le faire à Paris (France) », lancent les manifestants dans plusieurs villes en référence à l’éventuelle exploration par la compagnie française du gaz de schiste. Effectivement, les manifestants à Alger, à Annaba, à Constantine, à Jijel, à Sétif, à Bordj Bou Arreridj, à Bejaia, à Tizi Ouzou, à Bouira, à Oran, à Mostaganem n’ont pas manqué également de charger le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune.
« Un président en mal de légitimité et qui veut vendre le Sahara », scandent les foules compactes de manifestants à Alger. Les rues du centre de la Capitale ont été noires de monde. Démarrant de la place du 1er mai, de Bab El Oued et de la rue Didouche, les processions de marcheurs démontrent que le Hirak est loin de s’essouffler, tellement la détermination et l’engagement étaient visibles sur leurs visages.
Brandissant, comme d’habitude, emblèmes, pancartes et banderoles, les protestataires s’en prennent violement au pouvoir, aux généraux et au président Tebboune. « Tebboune illégitime ! C’est au peuple de décider ! Etat civil », lancent-t-ils, en progressant lentement vers la place de Grande-poste, quadrillée comme d’habitude par un impressionnant dispositif policier dépêché sur les lieux dès le début de la matinée.
Le carré du RCD gazé
Après une semaine de polémique autour de la note du wali d’Alger voulant fermer le siège régional d’Alger du RCD, la décision s’est confirmée aujourd’hui. Même si les agents de police n’ont pas réussi à empêcher le RCD et ses militants de rejoindre le Hirak.
Alors qu’à d’autres endroits la police s’était contentée de fermer les espaces, devant le siège du RCD, sis sur les hauteurs de la rue Didouche Mourad, elle a fait carrément dans l’excès de zèle. Les agents en uniforme ont tenté d’empêcher, durant plusieurs heures, tout rassemblement devant ce siège que le wali d’Alger voudrait fermer les vendredis, on ne sait pour quelle raison.
Vers 14h00, au moment même où le président du RCD Mohcine Belabbas et les militants du parti s’apprêtaient à sortir, le dispositif policier s’est mis à l’écart. Mais le carré du RCD a été ciblé à une centaine de mètres plus bas. Sans raison, les responsables de la police ont ordonné à leurs subalternes de rétrécir la chaussée en formant deux haies rapprochés des deux côtés de la route.
Ils utilisent alors les gaz lacrymogènes pour tenter de disperser les militants du parti, mobilisés en force pour la journée. Mais en vain, ces derniers refusent de céder et répliquent par des slogans hostiles aux policiers, au wali d’Alger et aux généraux.
A la rue Asselah Hocine également, la police a fait dans la provocation. Alors que la foule des manifestants plus compacte avançait vers la Grande-poste, des policiers, excédés par les critiques qui les ciblaient directement en raison de leurs attitudes face aux jeunes du Hirak, se sont attaqués à des manifestants et ont tenté de procéder à l’arrestation de certains d’entre-eux.