Ce n’est plus un secret pour personne. Des politiciens, hommes d’affaires et hauts cadres de l’Etat algérien, dont grand nombre d’entre-eux séjournent actuellement en prison, ont, depuis des décennies, c’est à dire depuis l’avènement de Bouteflika au pouvoir, considéré la France comme leur deuxième résidence. Mais pas dans n’importe quelle ville française. L’argent malhonnêtement acquis (corruption), leur a permis d’habiter et/ou d’investir dans les plus beaux quartiers parisiens. L’enquête publiée, ce jeudi 25 juillet, dans « Nouvel Obs » nous donne davantage de détails sur les investissements « douteux » de cette « oligarchie algérienne ».
Parmi les personnalités évoquées dans l’article intitulé « Cette oligarchie algérienne qui investit en masse dans l’immobilier parisien », figure, sans surprise,l‘ancien ministre de l’Industrie, Abdeslam Bouchaoureb, un des ex-hauts responsables visés par des enquêtes sur la corruption, dont le dossier a été transféré à la Cour suprême faisant aussi l’objet d’un mandat d’arrêt international.
« Situé dans le cœur du Paris historique, en bordure de Seine et face à Notre-Dame, le pied-à-terre parisien de l’ancien ministre algérien de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb, qui fut directeur de la campagne présidentielle d’Abdelaziz Bouteflika en 2014, charmerait n’importe quel amoureux de la capitale : 156 mètres carrés achetés, à son nom, 1 180 000 euros en 2006 – dont 580 000 payés comptant – et estimés aujourd’hui entre 2,5 et 3 millions d’euros », révèle l’enquête. La même source précise que « c’est là, entre les bouquinistes et la foule de touristes, que l’ex-ministre se serait réfugié il y a quelques semaines, refusant de répondre aux convocations répétées de la justice de son pays ».
Et d’ajouter: « Abdeslam Bouchouareb avait assuré aux auteurs (d’un ouvrage) « être résident en France depuis 1978 et n’avoir rien à cacher » sans donner davantage de détails sur les revenus perçus en dehors de son pays et qui lui auraient permis d’acquérir un bien aussi prestigieux au cœur de Paris. « Il n’avait alors aucune activité privée connue. Depuis, les « Panama Papers » ont révélé qu’il était également propriétaire d’une société offshore basée au Panama ». Interrogé sur un éventuel lien entre l’appartement parisien et cette société, la même source souligne que Bouchaoureb « n’a pas répondu aux messages laissés sur son répondeur parisien ».
Mais l’ancien ministre de l’Industrie n’est pas le seul a être séduit par les quartiers chics de Paris. L’enquête révèle également que l’ex-chef du protocole de la présidence algérienne, Mokhtar Reguieg a bénéficié, lui aussi, « d’un petit deux-pièces à deux pas de la mairie en février 2018. Une transaction à « seulement » 320 000 euros, mais payée comptant » dans le 12e arrondissement, un quartier résidentiel familial. « C’est avec sa fille, étudiante, et sa femme » qu’il aurait acheté ce bien « au nom d’une société civile immobilière (SCI), Deberg ».
« Les adresses parisiennes de politiques algériens, y compris les plus puissants, ne manquent pas. On a beaucoup parlé, il y a quelques années, du luxueux appartement sur les ChampsElysées, près de l’hôtel Claridge, acheté 860 000 euros par la fille, encore étudiante, de l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal. Mais il y en a d’autres« , rappelle l’auteur de l’article.
« Une recherche au cadastre nous confirme les biens à Neuilly-sur-Seine d’Amar Saïdani, président de l’Assemblée populaire nationale de 2002 à 2004 puis secrétaire général du FLN, le parti majoritaire, de septembre 2013 à octobre 2016. Acheté en 2009 pour 665 000 euros – payé pour moitié par prêt bancaire et pour moitié sur deniers personnels –, le quatre-pièces de 101 mètres carrés situé boulevard Victor-Hugo est toujours au nom de la SCI L’Olivier qui associe cet homme politique de premier plan à plusieurs membres de sa famille », ajoute la même source.