Affaire du journaliste Kadi Ihsane : la justice amorce « un grand tournant »

L'affaire du journaliste Kadi Ihsane "amorce un grand tournant" estime l'avocat Abdellah Hebboul membre du collectif de la défense. Il a détaillé pour INTERLIGNES les motifs de la demande de récusation et le non-lieu annoncé par le juge d'instruction qui a clôturé le dossier.
© DR | Ihsane El Kadi, directeur des médias Radio M et Maghreb Emergent en prison depuis le 29 décembre 2022

Une demande de récusation des magistrats de la chambre d’accusations auprès de la cour d’Alger a été déposée aujourd’hui 23 février par le collectif de la défense du journaliste Kadi Ihsane. Quelques heures plus tard, le juge d’instruction notifie les avocats pour annoncer « un non-lieu partiel et la clôture du dossier pour renvoyer Kadi Ihsane devant le tribunal correctionnel pour programmer le procès » nous confie Maitre Abdellah Hebboul, membre du collectif de la défense. .

Tout a commencé le 16 janvier passé quand le collectif de la défense avait appris que les magistrats de la chambre d’accusation qui devaient examiner la demande de remise en liberté de Kadi Ihsane prévue le 18 janvier avait été avancée au 15 janvier sans même notifier les avocats qui n’ont pas assisté.

Cette décision avait provoqué la consternation du collectif de la défense qui avait publié un communiqué très virulent pour dénoncer « une grave violation des droits de la défense et au droit au procès équitable de Kadi Ihsane ». Les avocats du collectif n’avaient même pu assister à l’examen de la demande qui a d’ailleurs été rejetée par la 3e chambre.

La nouvelle demande est programmée pour examen en date du 26 février prochain. « Nous avons introduit une demande de récusation des magistrats auprès du président de la cour d’Alger afin d’écarter ces trois magistrats car nous avons de grands doutes sur l’impartialité de ces magistrats à cause de l’antécédent du 15 janvier » précise maitre Heboul.

À la surprise générale et après avoir introduit la demande de récusation, le juge d’instruction envoie une notifications aux avocats pour les informer que « l’instruction est clôturée ». Il avait aussi annoncé « un non-lieu partiel ». Autrement dit, le juge d’instruction n’a pas retenu certaines accusations et il a renvoyé Kadi Ihsane devant le tribunal correctionnel pour être jugé.

Pour rappel, Kadi Ihsane est poursuivi pour quatre chefs d’inculpations à savoir « réception de fonds depuis l’étranger afin faire de la propagande politique »,  » réception de fonds depuis l »étranger pour commettre des actes contre la sécurité de l’État et l’unité nationale », « publication de tracts de nature portant atteinte à l’intérêt national » et « collecte de fonds sans autorisation ».

Pour le collectif de la défense, cette décision constitue « un grand tournant » dans l’affaire du journaliste Kadi Ihsane qui a été arrêté dans la nuit du 23 au 24 décembre 2022 et placé en détention provisoire depuis le 29 décembre 2022 après quelques jours de garde à vue dans les locaux de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) à Alger.

Suite à cela, les locaux de la société INTERFACE Media, société éditrice des deux médias Maghreb Émergeant et Radio M ont été mis sous scellés.

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