Ahmed Attaf : « l’ONU souffre de l’effondrement du système de la sécurité collective » 

Le ministère des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a déclaré, aujourd’hui, dimanche 17 décembre 2023, que l’organisation des Nations-Unies a grandement besoin de la voix « de la sagesse africaine », d’autant plus qu’elle « souffre de l’effondrement du système de la sécurité collective » et de la « paralysie du Conseil de sécurité ». Un effondrement constaté à Ghaza, « cimetière des principes du droit international sur lesquels a été bâti l’actuel ordre mondial », des principes « censés être respectés par tous », a-t-il dit.  
© DR | Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf

Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’Etranger, Ahmed Attaf, a présidé aujourd’hui, à Oran, les travaux du 10e Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique.

Lors de son allocution, le chef de la diplomatie algérienne, s’est exprimé sur les objectifs que le pays s’est assignés durant son mandat de membre non-permanant du Conseil de sécurité de l’ONU, qui prendra effet le 1er janvier prochain.

« L’Algérie consacrera son prochain mandat au Conseil de sécurité, en coordination avec ses frères des Républiques du Mozambique et de la Sierra Leone, pour représenter au mieux l’Afrique dans l’institution onusienne et œuvrera au renforcement de l’influence de notre continent sur le processus décisionnel qui le concerne, sur la base de ses positions communes et en s’appuyant sur les principes, valeurs et idéaux consacrés dans la charte fondatrice de l’Union africaine », a-t-il déclaré.

« Graves répercussions de la résurgence de la politique de polarisation entre les puissances mondiales »

A cet effet, a-t-il estimé, « aujourd’hui, l’ONU a grand besoin de la voix africaine, de la voix de la sagesse, de la voix de l’engagement et de la voix de la responsabilité, car elle souffre de l’effondrement du système de sécurité collective et de la paralysie presque totale qui a frappé le Conseil de sécurité des Nations Unies et limité sa capacité à répondre et à interagir avec les défis actuels ».

Une situation qui reflète « la crise dans les relations internationales », ce qui constitue « la plus grande menace à la paix et à la sécurité internationales ».

« Comment pourrait-il en être autrement, alors que la communauté internationale est aujourd’hui témoin des graves répercussions de la résurgence de la politique de polarisation entre les puissances mondiales et des manifestations désastreuses de l’option du recours à la force comme moyen de résoudre les différends entre elles, le piétinement de la légitimité internationale, la minimisation des responsabilités dictées par l’appartenance à un système international civilisé, et la sélectivité dans l’établissement des priorités internationales », a-t-il affirmé.

Pour Attaf, il y a « de très nombreux exemples à travers le monde, notamment au Moyen-Orient et sur le continent africain, qui mettent suffisamment en évidence et expliquent ces observations ». Ainsi, « dans les territoires palestiniens occupés, Ghaza est devenue un cimetière des principes des droits fondamentaux sur lesquels repose le système international actuel, censé rester une référence sur laquelle chacun peut s’appuyer sans discrimination, préférence ou exclusion ».

« Sinon, comment les civils palestiniens peuvent-ils être privés du droit à la protection garanti par le droit international aux peuples sous occupation ? Comment les appels du Secrétaire général des Nations Unies peuvent-ils ne pas être entendus ? Comment les demandes de détresse émises par diverses agences de l’ONU n’ont reçu aucune réponse ou écho ? Comment le colonialisme israélien bénéficie de toutes les facilités pour exterminer un peuple entier sans être inquiété ? », s’est demandé le chef de la diplomatie algérienne, pour qui, « il ne fait aucun doute que nous sommes confrontés à un tournant fatidique qui déterminera inévitablement l’avenir de l’ensemble du système international ».

En Afrique, « les défis sécuritaires ont récemment pris des dimensions très graves »

Dans le même ordre, ajoute le ministre des Affaires étrangères, « sur le continent africain, les défis sécuritaires ont récemment pris des dimensions très graves et inquiétantes à la lumière de l’intensification des interventions étrangères, qui ont entraîné une détérioration sans précédent de l’état de paix et de sécurité du continent ». « Je crois fermement et sincèrement que notre continent africain traverse une étape délicate, une étape pleine de contradictions, et une étape dans laquelle se mélangent espoirs et défis », a lancé Ahmed Attaf.

Des évolutions et transformations qui « imposent une nouvelle réalité », que les pays africains doivent « affronter dans un esprit plein de responsabilité, de fermeté et de rigueur, fondée sur le système de valeurs, de principes et d’idéaux sur lesquels et pour lesquels l’organisation continentale a été fondée ».

A noter, en dernier lieu, que ce séminaire est organisé en présence du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et des Gambiens à l’étranger, Mamadou Tangara, en sa qualité de président du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour le mois de décembre en cours, ainsi que le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, l’Ambassadeur Bankole Adeoye, le ministre délégué aux Affaires étrangères et à l’Intégration régionale de la République du Ghana et coordonnateur des membres africains au Conseil de sécurité de l’ONU, Kwaku Ampra Twum-Sarpong.

 

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