Les autorités algériennes devraient engager des réformes profondes pour protéger les défenseurs des droits humains, a déclaré, ce samedi, Hassina Oussedik, directrice d’Amnesty International Algérie, à la suite de la publication du rapport de la Rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des défenseur·e·s des droits humains, Mary Lawlor, après sa visite en Algérie du 26 novembre au 5 décembre 2023.
Selon la même source, ce rapport met en lumière des préoccupations majeures concernant les restrictions à l’espace civique et les risques encourus par les défenseurs des droits humains.
« Les autorités devraient renforcer le dialogue avec les instances onusiennes et traduire les recommandations du rapport en mesures concrètes dans les meilleurs délais. Nous appelons les autorités à libérer tous les défenseurs des droits humains emprisonnés, mettre fin au harcèlement et aux restrictions arbitraires, adopter des lois qui protègent l’exercice des droits à l’expression et l’association et réviser la loi sur les associations conformément à la Constitution de 2020 et à leurs obligations envers le droit international. » a déclaré Hassina Oussedik.
Entraves à la liberté d’association
La Rapporteuse spéciale a « exprimé dans son rapport une vive inquiétude face aux lois et pratiques qui restreignent fortement l’espace civique et criminalisent les activités des défenseurs des droits humains ».
A cet égard, la rapporteuse spéciale a également souligné des entraves à la liberté d’association, notamment par le biais d’une loi restrictive, la loi 12-06, qui complique l’enregistrement des organisations et empêche leur fonctionnement normal. En 2021 et 2022, les autorités ont utilisé cette loi pour dissoudre deux importantes associations de défense des droits humains et de la société civile pour des motifs fallacieux.
Et d’ajouter : « Des défenseurs des droits humains ont fait l’objet de poursuites arbitraires et de harcèlement judiciaire et des évènements publics n’ont pas été autorisés comme des manifestations de soutien au peuple ghazaoui », déplore l’ONG.
Dans le même ordre idées, Hassina Oussedik estime que « la protection des défenseurs des droits humains est un pilier fondamental de tout État respectueux des libertés fondamentales. Sans un espace civique libre, il est impossible d’imaginer une société juste, égalitaire et pleinement engagée en faveur des droits humains. »
« La révision en cours de la loi sur les associations représente une opportunité cruciale pour mettre en place un véritable système déclaratif tel que prévu par la Constitution de 2020, pour abroger les dispositions qui accordent des pouvoirs indus au gouvernement afin de limiter l’enregistrement, les activités et le financement des ONGs et pour reconnaître le rôle essentiel des associations alignant le cadre juridique national sur les obligations internationales de l’Algérie », soutient Hassina Oussedik en conclusion.