Amnesty International : « Le mépris d’Israël pour le droit international exacerbé par l’incapacité de ses alliés à mettre un terme au bain de sang »

« Le monde récolte les terribles conséquences de l’escalade des conflits et du quasi-effondrement du droit international », a déclaré Amnesty International, dans un communiqué, lors du lancement, mercredi 24 avril 2024, de son rapport annuel sur La situation des droits humains dans le monde, qui évalue l’état des droits fondamentaux dans 155 pays.
© DR | Des équipes exhumant des corps dans l’enceinte de l’hôpital Nasser à Khan Younès, à Ghaza, le 23 avril 2024.

« Le mépris flagrant d’Israël pour le droit international est exacerbé par l’incapacité de ses alliés à mettre un terme au bain de sang indescriptible infligé à la population civile de Ghaza. Or, beaucoup de ces alliés ont été les architectes même de ce système juridique mis en place après la Seconde Guerre mondiale. Face à la poursuite de l’agression russe contre l’Ukraine, à la multiplication des conflits armés et aux violations massives des droits humains constatées, par exemple, au Soudan, en Éthiopie et au Myanmar, l’ordre mondial fondé sur le droit est menacé d’extinction », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.

« Dans un conflit emblématique de 2023 et qui ne montre aucun signe d’apaisement, les preuves de crimes de guerre continuent de se multiplier à Ghaza tandis que le gouvernement israélien vide de son sens le droit international », ajoute le même communiqué.

« Les États-Unis ont utilisé de façon éhontée leur droit de veto pour paralyser le Conseil de sécurité »

Dans le même ordre, le rapport d’Amnesty International sur La situation des droits humains dans le monde, qui évalue l’état des droits fondamentaux dans 155 pays, montre « comment les États-Unis ont utilisé de façon éhontée leur droit de veto pour paralyser pendant des mois le Conseil de sécurité des Nations unies alors qu’une résolution en faveur d’un cessez-le-feu était indispensable, tout en continuant d’armer Israël avec des munitions qui ont été utilisées pour commettre de probables crimes de guerre ».

A cet effet, « le rapport d’Amnesty International fait le constat sévère de la trahison des principes relatifs aux droits humains par les dirigeants et les institutions d’aujourd’hui ».

« L’incapacité déconcertante de la communauté internationale à protéger de la mort des milliers de civils, dont une forte proportion d’enfants, dans la bande de Ghaza occupée montre clairement que les institutions créées justement pour protéger les populations civiles et défendre les droits humains sont désormais incapables de remplir leur office », a déclaré Agnès Callamard.

Le rapport s’est également penché sur d’autres conflits dans le monde comme c’est le cas en Ukraine, Myanmar et Soudan.

« L’IA générative, la reconnaissance faciale et les logiciels espions … un ennemi pernicieux »

Par ailleurs, l’organisation a aussi prévenu que « l’effondrement de l’état de droit risquait de s’accélérer avec le développement rapide de l’intelligence artificielle (IA) qui, couplé à la domination des géants de la haute technologie, pourrait entraîner une multiplication des violations des droits humains si la réglementation restait à la traîne ».

 « Dans un monde de plus en plus précaire, la prolifération et le déploiement non réglementés de technologies telles que l’IA générative, la reconnaissance faciale et les logiciels espions sont en passe de devenir un ennemi pernicieux, entraînant une multiplication sans précédent des violations des droits humains et du droit international », a déclaré Agnès Callamard.

Le rapport d’Amnesty International « souligne aussi l’utilisation massive des technologies existantes pour conforter des politiques discriminatoires », ajoute-t-on dans ce communiqué.

« Des États comme l’Argentine, le Brésil, l’Inde et le Royaume-Uni se sont de plus en plus tournés vers les technologies de reconnaissance faciale pour assurer le maintien de l’ordre pendant des manifestations et des événements sportifs et pour traiter de façon discriminatoire des populations marginalisées, en particulier les personnes migrantes et réfugiées », révèle l’ONG qui indique qu’ « en réponse à une action en justice menée par Amnesty International, la police de New York a révélé en 2023 comment elle avait utilisé ces technologies pour surveiller les manifestations du mouvement Black Lives Matter dans la ville ».

« L’utilisation indigne de la reconnaissance faciale a été particulièrement généralisée en Cisjordanie, dans les territoires palestiniens occupés, où Israël s’en est servi pour renforcer les restrictions du droit de circuler librement et maintenir son système d’apartheid », ajoute encore AI.

« Il y a un gouffre entre les risques posés par l’évolution non contrôlée des technologies et le niveau de réglementation et de protection qui serait nécessaire. Notre avenir tel qu’il se présente ne va faire qu’empirer si la prolifération galopante de technologies non réglementées n’est pas freinée », a déclaré en définitif Agnès Callamard.

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