Sur une chaise roulante, l’accusé, Malek Hamzaoui, arrêté en 2015, comparait en appel devant la chambre criminelle près la cour d’Alger, avec six autres personnes, cinq accompagnateurs du défunt, poursuivis pour non dénonciation de crime et non de déclaration de l’hébergement d’un étranger.
Dès l’ouverture de l’audience, Malek Hamzaoui refuse être jugé en absence de ses avocats. La présidente reste intransigeante. Elle ne veut pas ajourner ce procès suivi à partir de France, par les avocats de la partie civile, grâce aux techniques de visioconférence. Malgré l’insistance de l’accusé, la présidente décide d’examiner l’affaire. Elle désigne un avocat d’office pour défendre le mis en cause et entamé la lecture de l’acte d’accusation.
Très sûr de lui-même, tantôt arrogant, tantôt silencieux Malek Hamzaoui, créé cependant la surprise par rapport à ses déclarations en première instance, en niant même son enrôlement de 2009 à 2015 dans les rangs des groupes terroristes et le fait d’avoir été à l’origine de la découverte du lieu d’enterrement de l’otage assassiné Hervé Gourdel.
« J’ai été enlevé par un groupe terroriste à cause de ma voiture. Ils avaient besoin de transporter un blessé mais en cours de route le véhicule s’est renversé, ils m’ont emmené avec eux dans une zone que je ne connaissais pas. Ils m’ont par la suite chargé de la surveillance du camp. Je ne pouvais pas fuir. Il y avait beaucoup de terroristes. J’ai été blessé accidentellement par un des terroristes à la main et au pied. Mon bras a failli être coupé. J’ai demandé à téléphoner pour appeler un ami Billel afin qu’il m’aide à me soigner. Il m’a mis des broches et sauvé d’une amputation. Je ne pouvais pas fuir. J’étais surveillé. C’est Abou Al Bara’a El Msili, qui m’a raconté ce qui s’est passé avec le français. Il m’a raconté les détails et où ils ont enterré l’otage. »
Lors de la confrontation avec les quatre accompagnateurs de Gourdel, mis en cause dans l’affaire, Hamzaoui a été reconnu comme faisant partie du groupe qui a enlevé la victime et qui était dirigé par Gouri, émir de la phalange « Djound El Khalifa », qui a prêté allégeance à Daesh, alors dirigé par Al Baghdadi. « Il avait le bras droit enveloppé par un tissu noir et portait une kalachnikov. Il nous parlait en kabyle puis allait rapporter à l’emir Gouri nos propos. Je ne peux pas publier cela » déclaré Hamza Boukadoum.
Les mêmes déclarations sont faites par les autres accompagnateurs. Hamzaoui, conteste et de manière sèche. « Tous mes aveux ont été dictés par les enquêteurs. Ce sont eux qui ont signé » ne cesse-t-il de rappeler à la juge non convaincue de ce qu’elle entend.
Elle insiste, le piège avec des questions mais l’accusé maintien sa nouvelle version, suscitant l’irritation de la juge.