Bangladesh : Le Parlement dissous au lendemain de la fuite de la Première ministre

Le président du Bangladesh Mohammed Shahabuddin a dissous le Parlement mardi, donnant satisfaction aux étudiants dont le mouvement de contestation a chassé du pouvoir la Première ministre Sheikh Hasina.
© DR | Le Palais du gouvernement pris d'assaut par des manifestants

« Le président a dissous le Parlement », a déclaré ce mardi 6 août 2024 un porte-parole de la présidence, Shiplu Zaman, dans un communiqué. Les étudiants protestataires appelaient à cette dissolution du parlement, tout comme le principal parti d’opposition, le Bangladesh Nationalist Party (BNP), qui exigent des élections d’ici trois mois. Les manifestations contre un système de quotas d’embauche dans l’administration ont fait au moins 413 morts depuis début juillet à travers le pays.

Elles ont finalement abouti lundi 5 août au départ de Sheikh Hasina, 76 ans, contrainte de s’enfuir à bord d’un hélicoptère. Mme Hasina a atterri dans une base militaire près de New Delhi, selon la presse indienne, mais une source de haut niveau a affirmé qu’elle ne faisait que « transiter » par le pays avant de se rendre à Londres. L’appel du gouvernement britannique à une enquête de l’ONU sur des « niveaux de violence sans précédents » a cependant mis en doute cette destination.

La police demande pardon

Dans le pays troublé, le principal syndicat de policiers au Bangladesh a demandé « pardon » pour avoir tiré sur des étudiants, dans un communiqué publié mardi. Le syndicat a affirmé que les officiers de police avaient été « forcés à ouvrir le feu » puis présentés comme les « méchants ». Il a annoncé aussi une grève pour garantir la sécurité des policiers.

Le chef de l’armée bangladaise, le général Waker-Uz-Zaman, qui doit rencontrer aujourd’hui les dirigeants du mouvement étudiant, avait annoncé lundi la formation prochaine d’un gouvernement intérimaire. Il avait promis de réparer « toutes les injustices » et de lever le couvre-feu dès mardi.

Un chef de file du principal mouvement étudiant à l’origine des manifestations initiées début juillet dans le pays a par ailleurs souhaité que ce soit le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus qui dirige le gouvernement intérimaire. « Nous faisons confiance au Dr Yunus », a écrit sur Facebook Asif Mahmud, un des principaux dirigeants du collectif Students Against Discrimination (Etudiants contre la discrimination).

Yunus n’a pas commenté. Mais dans un entretien accordé au journal indien The Print, il a affirmé que le Bangladesh avait été « un pays occupé » sous le régime de Mme Hasina. Yunus, 84 ans, est connu pour avoir sorti des millions de personnes de la pauvreté grâce à sa banque de microfinance, pionnière en la matière, mais il s’était attiré l’inimitié persistante de Mme Hasina, qui l’avait accusé de « sucer le sang » des pauvres.

Actuellement en Europe, un de ses proches collaborateurs a déclaré lundi que M. Yunus n’avait reçu aucune proposition de l’armée pour diriger le gouvernement intérimaire.

L’ex-Première ministre et cheffe de l’opposition Khaleda Zia libérée

Revenue au pouvoir en 2009, Mme Hasina avait remporté en janvier un cinquième mandat à l’issue d’une élection sans véritable opposition. Les manifestations avaient commencé début juillet après la réintroduction d’un régime réservant près d’un tiers des emplois dans la fonction publique aux descendants d’anciens combattants de la guerre d’indépendance. Le gouvernement de Mme Hasina avait été accusé par les organisations de défense des droits humains de mettre à son service les institutions pour asseoir son emprise et éradiquer toute dissidence. Le chef de l’Etat a ordonné lundi en fin de journée la libération des personnes arrêtées lors des manifestations.

L’ex-Première ministre et cheffe de l’opposition Khaleda Zia, 78 ans, a par ailleurs été libérée mardi, selon le porte-parole de sa formation, le Parti nationaliste du Bangladesh. Grande rivale de Mme Hasina, la cheffe du BNP avait été condamnée à 17 ans de prison pour corruption en 2018.

Avec AFP

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