Le financement de l’économie ne va pas au rythme souhaité. C’est la Banque d’Algérie (BA) qui l’affirme, et ce, pour la troisième fois depuis le début de l’année.

Le Gouverneur de la Banque d’Algérie M. Salah Eddine Taleb, a tenu ce mercredi 31 mai 2023, la réunion trimestrielle avec les banques et établissements financiers, dont le thème principal a porté sur le financement de l’économie, a rapporté un communiqué de la BA.

« L’analyse des tendances conjoncturelles sur la période 2022 à fin mars 2023, montre une croissance des crédits qui reste insuffisante au regard des capacités de financement de la place bancaire », a ajouté la même source, qui n’a pas donné plus de détails, notamment les chiffres relatifs à cette tendance. A cet effet, « les banques ont été appelées à renforcer et développer le financement de l’économie, d’autant que celles-ci enregistrent des conditions idoines de liquidité et de solvabilité, dénotant ainsi d’une grande marge en la matière ».

La réunion, poursuit le communiqué, « a permis un échange fructueux entre la Banque d’Algérie et les Banques et Établissements Financiers, sur les actions susceptibles d’insuffler une nouvelle dynamique à la mobilisation optimale des capacités de financement, dont disposent les banques ».

Lors d’une précédente réunion que le Gouverneur a tenu avec les directeurs des banques, en date du 9 février 2023, il a été signalé que « bien que les indicateurs macro financiers soient favorables, la croissance des crédits pour le financement de l’économie n’a pas été en phase au vu du potentiel et des besoins de l’économie ». Les Banques avaient été « exhortées » de « fournir plus d’effort à même de financer de nouveaux projets créateurs de valeur et de trouver les meilleurs mécanismes pour développer l’inclusion financière dans toute ses dimensions, dans l’objectif d’augmenter la collecte des ressources et le financement de l’économie nationale notamment en direction des PME ».

De son côté, le Comité des opérations de politique monétaire (COPM) de la Banque d’Algérie avait fait le même constat, à l’issue de sa réunion ordinaire, tenue le 13 Avril 2023. Il a indiqué que la liquidité bancaire « ne cesse d’augmenter passant de 1 996,41 milliards de dinars à fin décembre 2022 à 2 475,817 milliards de dinars à fin mars 2023 », ce qui est « la résultante de l’augmentation des revenus des exportations ». Néanmoins, « cette liquidité contraste avec une croissance modérée des crédits à l’économie de 3,27% à fin décembre 2022 et de 0,64% à fin février 2023 ».

Pourquoi cette évolution reste « insuffisante » alors que les Banques « enregistrent des conditions idoines de liquidité et de solvabilité » ? La nouvelle loi monétaire et bancaire, adoptée le 11 avril 2023 par l’Assemblée populaire nationale (APN) et le 16 mai 2023 par le Conseil de la Nation, sera-t-elle la solution ? Dans ce sens, le Gouverneur a souligné, lors de sa réunion d’hier, que « le nouveau cadre réglementaire répondra au mieux aux innovations et évolutions technologiques et impulsera plus de concurrence par l’émergence de nouveaux acteurs et élargira notamment l’offre de produits de financement et de services bancaires ». « Il s’agira d’une étape charnière, à laquelle le système bancaire devra s’adapter en contribuant à mettre en place une industrie bancaire effective à même d’assurer un développement durable », a-t-il encore ajouté. Cela sera-t-il suffisant pour impulser un rythme de croissance des crédits à l’économie plus important ? La BA donnera certainement de premières indications à la fin de l’année…