Le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, M. Amar Bendjama, a mis en avant, mercredi soir à New York, la nécessité pour le Conseil de sécurité d’agir fermement afin de sauver ce qui reste de sa crédibilité et imposer un cessez-le-feu à Ghaza face à la politique de famine utilisée par Israël comme arme de guerre.
S’exprimant lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la « situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne », tenue à la demande de l’Algérie et de la Slovénie, l’ambassadeur Bendjama a rappelé que les résolutions du Conseil de sécurité interdisaient formellement l’utilisation de la famine comme arme de guerre, déclarant : « Nous assistons à un crime de guerre à Ghaza » c’est pourquoi, le Conseil doit « agir fermement pour sauver ce qui reste de sa crédibilité et imposer un cessez-le-feu dans la bande ».
Il a souligné que l’entité sioniste « tend à soumettre les Palestiniens de Ghaza à une mort lente, à travers la famine et l’intensification des blocus tout en entravant l’acheminement de l’aide humanitaire », précisant que « les chiffres des Nations unies indiquent qu’à peine 52 camions arrivent quotidiennement, ce qui représente le minimum depuis novembre dernier des aides acheminées à Ghaza contre 500 camions par jour avant le 7 octobre 2023 (…) » et que « 96 % des Ghazaouis font face à des crises et à des niveaux extrêmes d’insécurité alimentaire… il s’agit-là d’un acte délibéré », a-t-il dit.
Bendjama a également soutenu que le recours à la force militaire « n’instaurera ni la sécurité ni la stabilité », que l’occupation « ne durera pas », et que la « sécurité au Moyen-Orient ne sera instaurée que lorsque le peuple palestinien obtiendra ses droits », affirmant que cet objectif ne sera réalisé qu’à travers « la fin de l’occupation des terres arabes (…). Le Conseil de sécurité doit œuvrer à transformer cet objectif en réalité, et si nous n’agissons pas maintenant, le Moyen-Orient sombrera dans une guerre sans précédent ».
« L’armée israélienne a exterminé à Ghaza plus de 900 familles, entièrement effacées des registres de l’état civil »
Le diplomate algérien a présenté des chiffres révélant « les conséquences terrifiantes » de la machine de guerre sioniste qui « n’épargne personne à Ghaza, et qui étend maintenant sa barbarie au Liban », notant que « les massacres et les tueries sont devenus une tragique réalité à Ghaza ».
Il a fait état de 42.000 martyrs, dont 60 % sont des femmes et des enfants, et 100.000 blessés, dont certains avec des handicaps à vie, se disant choqué que 6 % de la population de Ghaza sont tombés en martyrs ou blessés au cours de l’année dernière seulement.
Bendjama a déclaré en outre que l’armée d’occupation sioniste avait exterminé dans l’enclave plus de 900 familles, entièrement effacées des registres de l’état civil, et que 17.000 enfants sont désormais sans tuteurs, en sus de la destruction de 66% des édifices et des infrastructures de base, indiquant que « les villes de la bande de Ghaza sont devenues des villes fantômes, des scènes horribles qui rappellent la fin du monde ».
Ce que fait l’armée d’occupation sioniste « n’est pas une opération militaire contre des groupes armés palestiniens ou contre des terroristes palestiniens, mais il s’agit plutôt d’une guerre contre le peuple palestinien lui-même », a-t-il fustigé, insistant sur le fait que « la situation en Cisjordanie n’est guère meilleure, avec la poursuite de la colonisation illégale, la construction de colonies et l’annexion sans précédent des terres palestiniennes ».
Après avoir expliqué que l’année dernière avait été la plus meurtrière depuis la deuxième Intifadha, il a affirmé que l’objectif de l’occupation sioniste est « clair », à savoir chasser les Palestiniens de leur terre, et ne laisser aucun Palestinien à l’ouest du Jourdain.
Il a également rappelé les menaces proférées mardi par l’armée sioniste d’expulser de force les malades, les déplacés et les équipes médicales des hôpitaux « Al-Awda », « Kamal Adwan » et « Indonesien », soulignant que cette menace faisait partie de la campagne militaire barbare menée contre le peuple palestinien dans le nord de Ghaza.
Cet acte est « une violation flagrante du droit international et du droit international humanitaire, voire une tentative de mise en œuvre d’un plan de déportation », a dénoncé l’ambassadeur algérien auprès de l’ONU, s’interrogeant si la Convention de Genève permet de traiter ainsi les équipes humanitaires et médicales.
Bendjama a fustigé le mutisme de la communauté internationale face aux crimes de l’entité sioniste, affirmant que « ce silence est devenu plus qu’une simple complicité… mais plutôt une participation active à ces crimes ».