Bras de fer Hirak-Gaid Salah : Et maintenant ?

À un mois de la présidentielle imposée par les tenants du pouvoir, la crédibilité de ce rendez-vous est plus que jamais remise en question. Médias en lignes bloqués, chaînes de télévision muselées ou transformées en véritable quartier général pour campagnes électorales, sans oublier les centaines de détenus d’opinion qui croupissent dans les geôles en attente de leurs procès.
© INTERLIGNES | 30e vendredi de contestation à Alger

C’est dans ces conditions que l’Armée et l’Autorité Nationale Indépendante pour les Elections (ANIE) veulent tenir une élection. Totalement en contradiction avec « le panel de dialogue » dirigé par Karim Younes qui a disparu depuis l’installation de l’ANIE, mise sous l’autorité de Mohamed Charfi.
Karim Younes avait promis « les élections seront tenues dans de bonnes conditions » tout en insistant sur les mesures d’apaisement. « Nous voulons aller vers une élection présidentielle afin de ne pas tomber dans une véritable crise politique » avait-il déclaré lors de sa dernière conférence de presse, tout en assurant que « les détenus d’opinion et les médias seront libérés ».
Un mois avant la présidentielle contestée dans toutes les wilayas du pays et même par la diaspora, les médias lourds, publics et privés, sont instruits de ne plus couvrir les marches du Hirak et toutes autres manifestations qui peuvent compromettre l’acheminement du processus électoral. Pire, la télévision nationale passe son temps à couvrir des « micro-rassemblements », souvent tenus juste pour quelques minutes, le temps de prendre quelques déclarations de soutien à l’Armée et au scrutin.
Nonobstant toutes ses manœuvres, les tenants du pouvoir n’arrivent plus à modeler l’opinion publique comme il avaient pour habitude de le faire auparavant. Lors du dernier vendredi du Hirak, le 08 novembre dernier, les manifestants sont sortis dans plus de 45 wilayas pour dire non à cette mascarade électorale. Des millions d’Algériens, avec le même mot d’ordre « Non à la présidentielle du 12 décembre », « pour un Etat civil et non militaire », revendiquent une véritable période de transition qui garantira l’égalité sociale et l’équilibre des pouvoirs en mettant en place une nouvelle constitution.
Ces derniers jours, les responsables du gouvernement qualifiés « d’illégitimes » n’arrivent plus à effectuer de visite sur terrain. Ils sont systématiquement chassés par les citoyens dans les quatre coins du pays, alors que 7 jours uniquement nous séparent du coup d’envoi officiel de la campagne électorale. Comment les cinq candidats vont faire campagne face à un peuple « déchainé » et qui veut « aller jusqu’au bout » malgré les menaces du pouvoir ?
Le candidat Ali Benflis, président du parti, Talaie El Houriat a été chassé la semaine dernière dans la banlieue d’Alger alors qu’il sortait d’un restaurant, sans pour autant évoquer une seule phrase de la situation politique que connait pays.
L’avocat et militant des droits de l’Homme Mustefa Bouchachi avait annoncé lors de la dernière marche du vendredi que « l’organisation d’une présidentielle dans ces conditions ne règlera pas les problèmes du pays. Pire , il va proroger la crise actuelle car la contestation populaire ne se limite pas à l’échéance du 12 décembre » tout en appelant les tenants du pouvoir à « ne pas aller dans le sens de la confrontation et mettre en péril les intérêts du pays ».
Cette crise qui risque encore de perdurer plusieurs mois paralyse tout le pays sous les volets, économique, social, diplomatique, …
Les cinq candidats rejetés partout dans le pays font la sourde oreille et font semblant de proposer des programmes qui « répondent aux attentent du Hirak » avaient annoncés Ali Benflis et Abdelmadjid Tebboune lors de leur dépôt de dossier au siège de l’ANIE. Trois des cinq candidats sont d’anciens ministres sous le régime du président déchu, Abdelaziz Bouteflika. Pour les manifestants qui sortent depuis 9 mois, « il n’est plus question de rentrer à la maison après 9 mois de contestation pour qu’à la fin les hommes de Bouteflika reviennent aux commandes ».

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