Le bloc des « BRICS » a annoncé, aujourd’hui jeudi 24 août 2023, dans sa déclaration finale, à l’issue de son 15e sommet qui s’est tenu en Afrique du Sud, l’arrivée, en son sein, de six nouveaux membres. Il s’agit de l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Un « consensus » sur les principes directeurs, les normes, les critères et les procédures du processus d’expansion des BRICS, avait été trouvé, lit-on dans la déclaration finale du sommet, la « déclaration de Johannesburg II ».
« Nous avons également chargé nos ministres des Affaires étrangères de développer davantage le modèle de pays partenaires des BRICS ainsi qu’une liste de pays partenaires potentiels et un rapport d’ici le prochain sommet », ajoute le même document. Sachant que ce dernier se tiendra l’année prochaine, dans la ville de Kazan, en Russie.
L’Algérie, ayant déposé sa demande d’adhésion en compagnie de 24 autres nations, devra tabler désormais sur cette prochaine halte.
Dans sa déclaration finale, le bloc des BRICS a évoqué d’autres questions, notamment celles relatives à la gouvernance et l’économie mondiale, les institutions internationales multilatérales mais aussi la Banque des BRICS.
Banque des BRICS : Bangladesh, Égypte et Émirats arabes unis, nouveaux membres
Les « Cinq » ont annoncé, dans cette déclaration finale, que le Bangladesh, l’Égypte et les Émirats arabes unis, sont les nouveaux membres de la « Nouvelle banque de développement » (New Development Bank BRICS), communément appelée « Banque des BRICS ». « Nous reconnaissons le rôle clé de la NDB dans la promotion des infrastructures et du développement durable de ses pays membres », lit-on dans la déclaration, avant d’ajouter : « Nous attendons de la NDB qu’elle fournisse et maintienne les solutions de financement les plus efficaces pour le développement durable, un processus constant d’expansion du nombre de membres et des améliorations de la gouvernance d’entreprise et de l’efficacité opérationnelle en vue de la réalisation de la stratégie générale de la NDB pour 2022-2026 ».
Examiner la question de l’utilisation des monnaies locales d’ici le prochain sommet
Les pays du BRICS ont indiqué, à l’issu de ce 15e sommet, qu’ils « attendent avec impatience le rapport du Groupe de travail sur les paiements des BRICS sur la cartographie des différents éléments de la feuille de route du G20 sur les paiements transfrontaliers dans les pays des BRICS ». « Nous saluons le partage d’expériences des membres des BRICS sur les infrastructures de paiement, y compris l’interconnexion des systèmes de paiement transfrontaliers », ont-ils précisé, ajoutant que « cela renforcera davantage la coopération entre les pays des BRICS et encouragera la poursuite du dialogue sur les instruments de paiement afin de faciliter les flux commerciaux et d’investissement entre les membres des BRICS ainsi qu’avec d’autres pays en développement ». A cet effet, les « Cinq » soulignent « l’importance d’encourager l’utilisation des monnaies locales dans le commerce international et les transactions financières entre les BRICS ainsi que leurs partenaires commerciaux », comme ils encouragent « le renforcement des réseaux de correspondants bancaires entre les pays BRICS et la possibilité de règlements dans les monnaies locales ».
A cet effet, ils « chargent les ministres des Finances et/ou gouverneurs des banques centrales, selon le cas, d’examiner la question des monnaies locales, des instruments et des plateformes de paiement » et de « faire rapport d’ici le prochain sommet ».
Soutien à la zone libre échange en Afrique (ZLECAf)
Les cinq pays constituant le bloc des BIRCS ont réaffirmé, dans leur déclaration finale, leur soutien à « l’Agenda 2063 de l’Union africaine et aux efforts de l’Afrique en faveur de l’intégration, notamment à travers la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ». L’agenda 2063 est le plan directeur de l’Afrique, établi par l’Union africaine (UA), « visant à transformer l’Afrique en puissance mondiale de l’avenir ».
« Nous soulignons que la ZLECAf est sur le point de créer un environnement propice pour les investissements, en particulier dans le développement des infrastructures, et offre l’opportunité de trouver des synergies avec les partenaires en matière de coopération, de commerce et de développement sur le continent africain », ont-ils encore indiqué. « Nous soulignons l’importance de renforcer le partenariat entre les BRICS et l’Afrique pour débloquer des opportunités mutuellement bénéfiques en matière d’intensification du commerce, des investissements et du développement des infrastructures », ajoute le bloc des BRICS qui note que « le continent africain reste en marge du système commercial mondial et a beaucoup à gagner de la collaboration des BRICS ». « L’Accord de libre-échange continental africain (ZLECAf) et la coopération des BRICS offrent au continent des opportunités de passer de son rôle historique d’exportateur de matières premières à une plus grande productivité et valeur ajoutée », ajoute-ton encore.
A noter, par ailleurs, que dans cette déclaration finale, il est fait mention de l’engagement de ses membres à « renforcer la coopération intra-BRICS pour intensifier le Partenariat des BRICS pour une nouvelle révolution industrielle (PartNIR) et créer de nouvelles opportunités pour accélérer le développement industriel ».
Partenariat pour un multilatéralisme inclusif
Sur un autre plan, les pays du BRICS ont tenu, dans leur déclaration finale, à réitérer leur « engagement en faveur d’un multilatéralisme inclusif et du respect du droit international, y compris des buts et principes consacrés dans la Charte de l’Organisation des Nations Unies (ONU), comme pierre angulaire indispensable et le rôle central de l’ONU dans un système international dans lequel les États souverains coopèrent pour maintenir la paix et la sécurité, faire progresser le développement durable, assurer la promotion et la protection de la démocratie, des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous et promouvoir une coopération fondée sur l’esprit de solidarité, de respect mutuel, de justice et d’égalité ».
Dans le même ordre, ils expriment leur « préoccupation face au recours à des mesures coercitives unilatérales, incompatibles avec les principes de la Charte des Nations Unies et produisant des effets négatifs, notamment dans le monde en développement ».
Le groupe des « Cinq » a appelé, à cet effet, « à une plus grande représentation des marchés émergents et des pays en développement dans les organisations internationales et les forums multilatéraux dans lesquels ils jouent un rôle important ».
Soutenir une réforme globale de l’ONU, y compris le Conseil de sécurité
Il est question, dans le même document, de soutenir « une réforme globale de l’ONU, y compris de son Conseil de sécurité, en vue de la rendre plus démocratique, représentative, efficace et efficiente, et d’augmenter la représentation des pays en développement parmi les membres du Conseil afin qu’il puisse répondre de manière adéquate aux défis mondiaux actuels et soutenir les aspirations légitimes des pays émergents et en développement d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, notamment le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud, à jouer un rôle plus important dans les affaires internationales, en particulier au sein des Nations Unies ».
Pour ce qui est questions économiques, les « BRICS » appellent également à « une réforme des institutions de Bretton Woods, notamment pour un plus grand rôle des marchés émergents et des pays en développement, y compris à des postes de direction au sein des institutions de Bretton Woods, qui reflètent le rôle des pays en développement émergents dans l’économie mondiale ».
Dans ce sens, ils encouragent « les institutions financières multilatérales et les organisations internationales à jouer un rôle constructif dans l’établissement d’un consensus mondial sur les politiques économiques et dans la prévention des risques systémiques de perturbation économique et de fragmentation financière ».
Appel pour la finalisation de la Convention globale sur le terrorisme international
Tout en réaffirmant que « le terrorisme ne doit être associé à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique », les « Cinq » ont rejeté « les deux poids, deux mesures dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme propice au terrorisme ». Ils ont appelé, ainsi, « à la finalisation et à l’adoption rapides de la Convention globale sur le terrorisme international dans le cadre des Nations Unies et au lancement de négociations multilatérales sur une convention internationale pour la répression des actes de terrorisme chimique et biologique ».
Pour ce qui est de certains conflits ou questions régionales, la déclaration rendue publique à l’issue de ce 15esommet, a évoqué entre autres la Palestine, le Sahara occidental et l’Ukraine.
« Nous soulignons la nécessité de parvenir à une solution politique durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies et dans l’accomplissement du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) », lit-on dans ce document.
A propos de la Palestine, le bloc des BRICS a exprimé sa « profonde préoccupation face à la situation humanitaire désastreuse dans les territoires palestiniens occupés en raison de l’escalade de la violence sous l’occupation israélienne continue et l’expansion des colonies illégales ». « Nous appelons la communauté internationale à soutenir des négociations directes fondées sur le droit international, y compris les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations Unies et l’Initiative de paix arabe, en vue d’une solution à deux États, conduisant à la création d’un État de Palestine souverain, indépendant et viable », ajoute-t-on encore.
En dernier lieu, par rapport au conflit russo-ukrainien, les BRICS « notent avec satisfaction les propositions pertinentes de médiation et de bons offices visant à une résolution pacifique du conflit par le dialogue et la diplomatie, y compris la Mission de paix des dirigeants africains et la voie proposée pour la paix ».