Les consultants du cabinet allemand Roland Berger ont achevé, le 2 avril dernier, leur tournée chez les quatre candidats pour l’organisation de la CAN 2025, respectivement (dans l’ordre des visites) la Zambie, le Maroc, l’Algérie et le duo Bénin-Nigeria. Le cabinet a été chargé par la Confédération africaine de football (CAF) d’effectuer un audit de chacun des pays afin de voir qui est le mieux préparé pour accueillir cette CAN dont l’organisation avait été retirée à la Guinée au mois d’octobre dernier, le pays étant loin d’être prêt pour accueillir l’événement selon l’instance africaine.
Or, même si la bonne réputation du cabinet allemand, en matière de consulting, est consacrée, il y a certains éléments qui, inéluctablement, pourront être soulevés lors de l’annonce de l’organisateur de cette CAN 2025. En effet, Roland Berger n’est présent que dans un seul pays en Afrique, en l’occurrence le Maroc, qui fait partie des candidats.
Et cette antenne locale du cabinet allemand y a arraché plusieurs contrats. Pas plus tard qu’au mois de décembre dernier, « Roland Berger a décroché un contrat de 5,4 millions de dirhams, soit 485 000 € environ, auprès de la Société nationale des transports et de la logistique, acteur public crucial dans le secteur des transports marocain », a rapporté le site de référence en consulting « Consultor ».
« influer » sur l’appréciation
« En mars (2022 NDLR), le cabinet (Roland Berger NDLR) avait par exemple décroché aux côtés de Mazars un appel d’offres du ministère de l’Économie pour établir un dialogue stratégique avec l’exécutif, dans le cadre de la réforme des entreprises publiques. En matière de transports, il avait aussi été embauché en 2016 par l’Office national des aéroports (ONDA) pour refondre son modèle économique. Et l’année précédente, le cabinet avait été sélectionné par l’Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL) pour concevoir son plan d’action 2016-2020 », écrit encore « Consultor ».
Le fait que le cabinet allemand ait arraché plusieurs contrats chez l’un des candidats à l’organisation de la CAN 2025 va-t-il « influer » sur l’appréciation qui va être faite par les trois consultants du bureau France de Roland Berger qui ont visité la Zambie, le Maroc, l’Algérie et Bénin-Nigeria, à savoir Victor Marçais, Antoine Bergue et Jean-Louis Romain, ce dernier étant le seul parmi les trois à avoir une expérience dans le sport puisqu’il a été COO (Chief Operating Officer) au Cape Town Stadium durant la Coupe du monde 2010 et directeur technique du Consortium Stade de France de 2001 à 2008 ?
Il est sans rappeler que le recours par la CAF à ce cabinet de consulting avait été fortement critiqué en 2017 par les camerounais (la CAF avait fait appel pour la première fois à ce cabinet cette année-là), qui lui reprochaient essentiellement son « inexpérimentation » dans le domaine du sport en général et du football en particulier. Les camerounais soupçonnaient Ahmad Ahmad, président de la CAF de l’époque, de vouloir « remplacer » le Cameroun par le Maroc.
Le Cameroun s’est vu effectivement retiré en 2018 l’organisation de cette CAN 2019 qui est revenue à l’Égypte. La confédération africaine ayant jugé que le pays ne pouvait être prêt le jour J alors que les autorités camerounaises affirmaient le contraire. Le Cameroun a hérité, par la suite, de l’organisation de la CAN 2021, la CAF ayant procédé à un « glissement » d’une édition.
Aucune réponse
En tous cas, si en 2018 Roland Berger avait rédigé un rapport « accablant » sur le Cameroun c’est qu’effectivement le pays n’était pas prêt pour organiser l’événement. La CAN 2021, organisé pourtant par ce pays en 2022, c’est-à-dire après trois ans de la première échéance, a connu quelques « soucis ».
Et l’organisation de la CAN 2019 n’avait pas été accordée au Maroc, comme le soupçonnait les camerounais, mais à l’Égypte. Dans tous les cas de figure, la décision concernant l’organisation de la CAN 2025 va être prise par le Comité exécutif de la CAF au mois de juillet prochain.
D’ici là, tous les regards seront braqués vers le siège de la Caf au Caire (Égypte) à l’affut de la moindre information.Monsieur Antoine Barbier, responsable de communication au sein du siège de Paris nous a promis de nous répondre à notre mail « dans la foulée », mais pour l’heure, aucune réponse n’est parvenue à notre rédaction concernant ce « conflit d’intérêts ».
Même chose concernant la Confédération Africaine de Football (CAF), qui n’a émis pour le moment aucun commentaire à ce sujet malgré notre demande adressée au service de communication.