Le Haut représentant pour l’Alliance des civilisations des Nations Unies, l’Espagnol Miguel Angel Moratinos a appelé mercredi « au respect mutuel de toutes les religions et croyances ». Un appel qui intervient sur fond de tensions diplomatiques suite à la republication des caricatures satiriques représentants le prophète de l’Islam et la promesse du Président Emmanuel Macron de ne jamais y renoncer.
Miguel Angel Moratinos se dit suivre « avec une profonde inquiétude les tensions croissantes et les cas d’intolérance déclenchés par la publication des caricatures satiriques du prophète Mohamed, que les musulmans considèrent comme insultantes et profondément offensantes ».
Sans citer directement le journal satirique derrière les caricatures, à savoir Charlie Hebdo, ni les discours du Président français Emmanuel Macron, le responsable onusien estime que «les insultes aux religions et aux symboles religieux sacrés provoquent la haine et l’extrémisme violent conduisant à la polarisation et à la fragmentation de la société ».
« Les caricatures incendiaires ont également provoqué des actes de violence contre des civils innocents qui ont été attaqués pour leur religion, croyance ou appartenance ethnique », regrette le responsable onusien.
Dans ce sens, le Haut Représentant souligne que « la liberté de religion ou de conviction et la liberté d’expression sont des droits interdépendants, se renforcent mutuellement et sont enracinés dans les articles 18 et 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme ».
« Le respect et la protection de ces droits fondamentaux sont la responsabilité première des États membres. Au même temps, la liberté d’expression doit être exercée d’une manière qui respecte pleinement les croyances et principes religieux de toutes les religions », a-t-il souligné avant d’affirmer que les « actes de violence ne peuvent et ne doivent être associés à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique. Dans le même temps, la violence ne peut et ne doit jamais être une réponse justifiable ou acceptable à des actes d’intolérance fondés sur la religion ou les convictions ».
Ces déclarations interviennent alors que les tensions déclenchées par les caricatures et les discours d’Emmanuel Macron prennent de l’ampleur.
Lors d’un hommage national à l’enseignant Samuel Paty, décapité après avoir montré les caricatures du prophète lors d’un cours, le Président français a défendu les dessins satiriques en promettant de ne jamais y renoncer au « nom de la liberté d’expression ». Depuis une campagne appelant aux boycott des produits français a été initiée dans des pays musulmans du Moyen-Orient.
A cela s’ajoute les échanges hostiles entre le Président français et son homologue turc Recep Tayipp Erdogan. En effet, lors d’un discours, le Chef de l’Etat turc a invité Macron à subir “un examen de santé mentale” et depuis les relations diplomatiques entre les pays ne cessent de se détériorer.