Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est exprimé, dans l’entretien qu’il a accordé au journal français « L’Opinion », sur l’éventualité de la normalisation des relations entre l’Algérie et Israël, dans le cas où la relance du processus de paix abouti, et de la déclaration du Président américain, Donald Trump, suggérant l’évacuation des ghazaouis de leur territoire.
Ainsi, questionné s’il était « prêt à normaliser vos relations avec Israël si la relance du processus de paix aboutit au final à la création d’un Etat palestinien », le Président a répondu : « Bien sûr, le jour même où il y aura un Etat palestinien. Ça va dans le sens de l’histoire ».
« Mes prédécesseurs, les présidents Chadli et Bouteflika, que Dieu ait leurs âmes, avaient déjà expliqué qu’ils n’avaient aucun problème avec Israël », a-t-il ajouté, avant de lancer : « Notre seule préoccupation, c’est la création de l’Etat palestinien ».
Pour ce qui est de la déclaration de Donald Trump relative à l’ « évacuation » des habitants de Ghaza vers d’autres pays, à l’instar de l’Egypte et de la Jordanie, le Président algérien, y voyant une « expression malheureuse », a estimé que « dans son esprit (de Donald Trump, NDLR), il ne s’agit pas de la population palestinienne qui a toujours eu des soutiens en Europe, dans le monde arabe, en Afrique… ».
« L’OLP est représentée à l’Unesco. Nous avons réussi à faire reconnaître la Palestine par 143 Etats de l’ONU comme membre à part entière », a-t-il rappelé avant d’affirmer : « On ne va pas faire table rase de tout ce qui a été accompli ».
Les relations étaient bonnes avec les USA « lors du premier mandat de Trump »
Par ailleurs, pour ce qui est des relations algéro-américaines, après l’arrivée de Trump à la Maison Blanche, Tebboune a indiqué que celles-ci « sont restées bonnes avec tous les différents présidents américains, qu’ils soient démocrates ou républicains ».
Tebboune a tenu à signaler que « c’était déjà le cas lors du premier mandat de Donald Trump ».
« Lorsque j’ai été élu en 2019, il m’a envoyé une lettre pour me féliciter quelques heures après les résultats, quand le président Macron a mis quatre jours pour –prendre acte– de mon élection », a-t-il rappelé.
Soutien à des groupes terroristes au Mali, « c’est aberrant… »
Sur un autre plan, pour ce qui est des accusations maliennes, de « soutenir des groupes terroristes » au nord du Mali, Tebboune a estimé que c’est une « aberration ».
« Nous avons permis la conclusion de l’Accord de paix d’Alger que le pouvoir malien a dénoncé l’année dernière en expliquant qu’il s’agissait d’une ingérence étrangère. Nous avions même un plan de développement pour le nord Mali que nous étions prêts à financer à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars », a-t-il ajouté.
Il a rappelé, dans cet ordre, que les deux pays ont « une importante communauté touareg en partage ». Et l’Algérie « a toujours été disponible pour rassembler les signataires de cet accord ». « L’Algérie ne cherche pas à administrer le Mali que nous considérons comme un pays frère pour lequel notre main sera toujours tendue », a-t-il précisé.
Quant à la présence de certains mercenaires aux frontières algériennes, et si cela « gênait » l’Algérie, le Président a répondu que le pays a « seulement du mal à accepter la présence de groupes paramilitaires comme Wagner » à ses frontières ».
« Nous l’avons d’ailleurs dit à nos amis russes », a-t-il ajouté.
L’Algérie s’est proposé, à Bachar, « de servir d’intermédiaire pour qu’il discute avec son opposition »
Pour ce qui est de la Syrie, Tebboune a révélé qu’avant la chute de Bachar el Assad, il avait envoyé un émissaire à ce dernier.
« L’Algérie se proposait, avec l’aval de l’ONU, de servir d’intermédiaire pour qu’il discute avec son opposition. Cela n’a pas abouti. La suite, nous la connaissons », a-t-il déclaré.
« Nous avons toujours parlé à l’ex-président syrien tout en étant ferme avec lui. Nous n’avons jamais accepté les massacres contre son peuple », a ajouté Tebboune qui a tenu à rappeler que pour le sommet de la Ligue arabe à Alger, il a voulu « réintroduire la Syrie au sein de l’instance », mais « deux pays s’y sont opposés alors qu’ils ont invité le président Bachar el Assad au sommet suivant à Riyad ». « Il n’y a pas toujours de solidarités dans le monde oriental », a-t-il enchaîné.
Le Maroc « a toujours eu des visées expansionnistes »
En dernier lieu, au sujet des relations avec le Maroc, le Président a tenu à préciser que l’Algérie est dans la « réaction ».
« C’est presque un jeu d’échecs où nous sommes contraints de répondre à des actes que nous jugeons hostiles », a-t-il déclaré.
Abdelmadjid Tebboune a rappelé que « le Maroc a été le premier à vouloir porter atteinte à l’intégrité de l’Algérie avec son agression en 1963, neuf mois après l’indépendance, une agression qui a fait 850 martyrs ».
« Il a toujours eu des visées expansionnistes, pour preuve, il n’a reconnu la Mauritanie qu’en 1972, soit douze ans après son indépendance », a-t-il ajouté en rappelant encore que « c’est encore les autorités Marocains qui ont imposé le visa aux ressortissants algériens en 1994 après les attentats de Marrakech ».
« Nous leur avons récemment interdit le survol de notre espace aérien parce qu’ils réalisent des exercices militaires conjoints avec l’armée israélienne à notre frontière, ce qui est contraire à la politique de bon voisinage que nous avons toujours essayé de maintenir. Nous devrons mettre un terme à cette situation un jour. Le peuple marocain est un peuple frère pour lequel nous ne souhaitons que le meilleur », a-t-il lancé.