Le film raconte l’histoire « vraie » de Ali, qui a été envoyé, à l’âge de 14 ans, par sa mère, dans une « medersa » au Mali, dans l’espoir de le voir changer d’attitude, l’enfant étant « difficile ». Dix années plus tard, il revient en France, son pays natal, et devient l’imam de la cité.
Au-delà de la trame, mettant la vie d’une communauté (musulmane dans ce cas-là) sous les projecteurs, le film met en exergue « la trajectoire de personnages », notamment l’évolution d’une relation mère-enfant assez complexe, étant tout aussi conflictuelle qu’affective. « Le film aurait pu s’appeler la mère de l’imam », a déclaré à la fin de la projection, Kim Chapiron, présent à Alger, en compagnie du critique cinéma Tewfik Hakem. « C’est une sorte d’hommage aux mères », a ajouté le réalisateur.
En effet, même si l’histoire se concentre sur la « trajectoire » de Ali, d’enfant « difficile » ou « à problème », devenu « imam », adulé par certains et sujet à des doutes chez d’autres, la mère est omniprésente dans le film qui évolue au rythme des développements que connait la relation entre les deux. Il commence par une scène où l’on voit la mère le « corriger » à coup de ceinture, juste avant la « séparation » et se termine par leurs « retrouvailles ».
Une relation qui est, si l’on revient à l’évolution scénaristique du film, en marge de l’histoire principale – quoique pesante dans le sens positif du terme – qui, elle, tourne autour d’une action menée par le « jeune imam » dans le but d’envoyer des « fidèles » effectuer un pèlerinage à la Mecque.
Si le « le jeune imam », co-écrit, faut-il le préciser, avec Ladj Ly, réalisateur de « Les misérables » sorti en 2019, se concentre sur une communauté musulmane, il est toutefois dénué du moindre jugement. « On ne voulait pas prendre position », a déclaré Kim Chapiron, en affirmant qu’il était heureux que « Le jeune imam », n’ait pas provoqué de polémiques, même si, a-t-il précisé, « les médias étaient réticents au départ ».

Les communautés musulmanes sont généralement filmées pour être stigmatisées. Mais là, ce n’est pas le cas. Il est juste question de se pencher sur la trajectoire, plutôt atypique, d’un jeune imam, qui arrive, dans son discours, à concilier sa religion et les valeurs modernes de la société dans laquelle il vit. Une « dualité » qui a d’ailleurs été bien représentée dans le film, comme lorsque Ali se décide à utiliser pleinement la force des réseaux sociaux, pour se rendre plus célèbre, et par conséquent gagner de l’argent aussi, alors que d’autres fidèles de la mosquée où il officie, notamment son prédécesseur, expriment de la prudence.
Kim Chapiron a tenu à signaler que beaucoup d’efforts ont été consentis pour ce qui est de la direction des acteurs. La majorité d’entre eux sont des « amateurs ». Beaucoup ont joué leurs propres rôles, étant des habitués de la mosquée de Clichy – Montfermeil où a été tournée le film. Abdulah Sissoko, qui a incarné Ali, qui vient du théâtre, a fait une seule apparition au cinéma dans le film Athena de Romain Gavras. Celle qui a joué le rôle de la mère, Hady Berthe, a signé sa première expérience dans le cinéma. Mais il y a eu aussi une apparition de moins d’une minute de Sami Slimane, qui avait incarné « Karim », l’un des rôles principaux du film « Athena ».
Chapiron a indiqué, dans le même ordre, que Abdulah Sissoko, a fait la « medersa » au Mali, comme le personnage qu’il a incarné, et que Hady Berthe a réellement envoyé un de ses enfants dans une « medersa » également. Un « vécu » qui ne ferait qu’apporter un plus à la compréhension des motivations des personnages, et par conséquent à leur construction.
Le critique, Tewfik Hakem, a questionné, en dernier lieu, le réalisateur sur la présence répétée du chant « ṭala’a al-badru ‘alayna (la pleine lune s’est levée sur nous, NDLR), avec une mélodie modernisée. Kim Chapiron a expliqué qu’il l’avait entendu, à maintes reprises, dans toutes les « medersa » qu’il a eu à visiter, au Mali, ou les mosquées, en France, dans le cadre de la préparation du film, et que c’est à partir de là qu’il a décidé de l’y inclure, avec une version revisitée.