Condamné à mort par le colonialisme : le moudjahid Abdelkader Guerroudj est décédé

© DR | l'ancien condamné à mort, Abdelkader Guerroudj est décédé


La nouvelle a été confirmée, aujourd’hui, par ses proches. Le moudjahid et ancien condamné à mort Abdelkader Guerroudj, dit Djilali, est décédé à l’âge de 92 ans des suites d’une maladie. Né le 26 juillet 1928 à Tlemcen, Abdelkader Guerroudj s’était engagé tôt au sein du Parti communiste algérien (PCA) et a milité au sein de l’Organisation des groupes de paysans dans la région.


Ces paysans militants du PCA ont été les premiers à rejoindre le maquis en 1955, sans attendre des instructions du parti, selon l’historien René Galissot. Et Abdelkader Guerroudj était parmi eux. Instituteur, Guerroudj s’était marié en 1950 avec Jacqueline Netter, appelée aussi Jacqueline Guerroudj, elle aussi moudjahida, devenue plus tard une des figures féminines de la glorieuse Révolution de Novembre 1954.

En raison de leur militantisme, le couple Guerroudj a été notamment expulsé, sur décision du préfet d’Oran vers la France. Après l’annulation de cette décision, le couple est revenu en Algérie avant d’intégrer les combattants de la libération, lancé par le PCA, dont les membres intègreront l’Armée de libération nationale (ALN), après l’accord entre le Front de libération nationale (FLN) et le PCA.

Devenu très actif parmi les commandos du grand Alger, Abdelkader Guerroudj a été arrêté et torturé puis jugé en décembre 1957 avec sa femme Jacqueline. Le couple a été condamné à mort. Mais ils ont échappé à l’exécution. Devant la juge qui l’a condamné, Abdelkader Guerroudj a fait une déclaration remarquable.

« On ne peut pas forcer les Algériens à se sentir français. Mais si l’Algérie ne veut pas, ne peut pas être française, est-ce à dire que cette indépendance doive se faire contre la France ? Non ! Et ne serait-ce que pour des commodités de langue, je suis sûr que lorsque nous aurons besoin de matériel, de techniciens, d’ingénieurs, de médecins, de professeurs pour construire notre pays, c’est à la France que nous nous adresserons d’abord. Je crois que ce serait là l’intérêt véritable de nos deux pays. L’intérêt de la France n’est pas d’avoir ici des valets prêts à tout moment à passer au service d’un maître plus puissant, mais des amis ayant librement consenti cette amitié», a-t-il affirmé.

Abdelkader Guerroudj s’est également impliqué dans le groupe des 19, avec Louisa Hanoune, Khalida Toumi et Zohra Drif qui avait dénoncé, en 2014, la « prise d’otage du président Abdelaziz Bouteflika ». Ils avaient appelé à le voir pour savoir s’il est toujours en bonne santé et que c’était lui qui prenait des décisions politiques.

Mais ils n’ont pas été écoutés à l’époque. Au contraire, ils été dénigrés et attaqués par des médias proches du pouvoir. L’avenir leur donné raison quelques années plus tard. Avec l’avènement du Hirak du 22 février 2019, des tenants du pouvoir ont dénoncé « des forces anticonstitutionnelles qui ont gouverné le pays ». L’enterrement du moudjahid est prévu au cimetière d’El Alia à Alger, ce samedi après-midi, après la prière d’El Asr.

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