Les rapports entre les autorités maliennes et la mission onusienne Minusma semblent se détériorer de plus en plus.
Ce vendredi, devant le Conseil de sécurité, le ministre des Affaires étrangères du Mali a demandé le retrait « sans délai » de la Minusma, citant une crise de confiance entre les autorités maliennes et la Mission, a indiqué l’Organisation des Nations-Unis, sur son site Internet. « Le réalisme impose de constater l’échec de la Minusma, dont le mandat n’est plus à la hauteur des défis sécuritaires du pays », a déclaré le ministre.
Ainsi, « la Minusma semble être devenue une partie du problème en alimentant les tensions intercommunautaires exacerbées par des allégations d’une extrême gravité qui sont extrêmement préjudiciables à la paix, à la réconciliation et à la cohésion nationale », a-t-il ajouté, avant de lancer : « Cette situation engendre la méfiance de la population malienne et provoque également une crise de confiance entre les autorités maliennes et la Minusma ».
Tout cela, à deux jours du référendum sur la constitution, prévu ce dimanche 18 juin 2023 et à moins de deux semaines de la fin du mandat de la Minusma, le 29 juin.
« Nous sommes guidés par la décision que le Conseil pourrait prendre », a répondu le Représentant spécial de l’ONU pour le Mali, El-Ghassim Wane, a indiqué la même source.
« En dépit de l’environnement complexe dans lequel elle opère y compris les restrictions à sa liberté de mouvement, la MINUSMA s’est employée à mettre en œuvre son mandat de la manière la plus efficace qui soit », a déclaré celui-ci, tout en exprimant « soutien au processus de transition en cours », et son rôle « dans le cadre de la Médiation internationale dirigée par l’Algérie pour faciliter la relance du processus de paix ».
El-Ghassim Wane a également salué « l’action stabilisatrice de la présence de la Mission dans les centres urbains et les efforts orientés vers la protection de populations civiles ; l’aide multiforme apportée aux initiatives de l’Etat malien pour la restauration et l’extension de son autorité ; les projets multiples conduits au profit de populations civiles tant dans le Centre que dans le Nord ; et la contribution au développement d’infrastructures », ajoute encore le site de l’ONU.
Le Représentant spécial a estimé que la Mission « peut et doit faire plus et mieux, beaucoup mieux », pour qu’elle puisse se « hisser à la hauteur des besoins », et que son action « réponde mieux aux exigences de l’heure, à la demande de sécurité des populations, qui est certainement la chose la mieux partagée au Mali ».
« Après dix années de présence, je voudrais souligner que la Minusma, comme toutes les autres opérations de maintien de la paix des Nations unies, a vocation à créer les conditions de son départ en aidant le Mali à assurer la sécurité de sa population et de son territoire, ainsi qu’à poser les jalons d’une stabilité durable», a encore ajouté Wane.
Il faut rappeler, en dernier lieu, que la Minusma a été créée en 2012, à la suite d’un coup d’État et d’une rébellion qui a éclaté dans le Nord du pays. Trois ans plus tard, en 2015, un accord de paix a été signé à Alger. La Mission onusienne s’appuie toujours sur cet accord. Le référendum de ce dimanche vise à rétablir l’ordre constitutionnel, après le coup d’État de 2021. Un processus qui devra déboucher également sur l’organisation d’une élection présidentielle en 2024, comme l’a rappelé le chef de la Mission onusienne.