Le club des magistrats, un syndicat en attente d’agrément, dénonce vivement la convocation, hier, par l’inspection générale du ministère de la Justice du procureur de la république près le tribunal de Sidi M’hamed, Mohamed Belhadi, suite à sa plaidoirie en faveur des manifestants et pour l’indépendance de la justice.
Dans un communiqué, rendu public aujourd’hui, le club des magistrats, tout en saluant « la plaidoirie historique du procureur » en question, estime que le geste de l’inspection générale du ministre de la Justice est « susceptible de perturber le processus devant instituer une justice indépendante ».
« Il constitue aussi une menace pour les magistrats intègres et une atteinte au principe de la Constitution. Il consacre aussi la dépendance du pouvoir judiciaire et l’emprise de l’exécutif qui affiche une volonté de faire peur aux juges tentés par le vent de la liberté », lit-on dans ce communiqué.
Pour le club des magistrats, la bataille que mène la nouvelle génération des juges est inspirée de la révolution populaire pacifique. « C’est une bataille pour la consécration de l’indépendance de la justice du ministère de tutelle et de toutes ses structures autoritaires qui craignent le mouvement des jeunes magistrats qui expriment librement leurs avis concernant les questions relatives à l’indépendance de la justice. Ces structures voient en ce mouvement une menace pour leur existence », affirme ce syndicat.
Poursuivant, le club qualifie la convocation du procureur en question « de grave dérive », car plaider pour la relaxe des manifestants « n’est pas une faute professionnelle au sens de l’article 60 du statut des magistrats ». « Ce qu’a fait Mohamed Belhadi n’est pas un précédent qui nécessite un interrogatoire au niveau de l’inspection générale du ministre de la justice », note le syndicat, dénonçant, au passage, « des dépassements dangereux et des pressions terribles exercées, ces derniers temps, sur les magistrats par le ministère de la justice ».
Pour rappel, Mohamed Belhadi a surpris tout le monde, dimanche dernier, par son intervention à l’ouverture du procès d’une vingtaine de manifestants qui a eu lieu au tribunal de Sidi M’hamed.
« Les Algériens marchent résolument vers une nouvelle Algérie où la justice sera libre et indépendante. Ils scandent des slogans dans ce sens. C’est pourquoi, je prends mes responsabilités, en tant que représentant du ministère public, et je refuse toutes les instructions et les injonctions venant d’en haut. En vertu du principe de l’indépendance de la justice, je demande l’application de la loi au profit de ces personnes. Le parquet demande l’acquittement », avait-il déclaré.