Coronavirus : Malgré la situation « alarmante », aucune mesure pour contrer le retour de la pandémie

l’Algérie enregistre ces derniers jours un réel haussement des chiffres des contaminations au Coronavirus. Le Ministre de la Santé et les spécialistes n’excluent pas l’idée d’un  » éventuel re-confinement » qui  » pourrait se faire prochainement ». Malgré ce constat amer, aucune mesure pour contrer un retour de la pandémie , pire, un référendum sur la nouvelle constitution est maintenu pour le premier novembre.

Rentrée sociale, réouverture des grandes surfaces, confinement presque « inexistant », le nouveau coronavirus fait son grand retour en Algérie. Le nombre global des cas officiellement recensés depuis l’apparition du virus dans le pays a atteint 56926 avec 1931 décès. Selon le bilan de la Commission nationale de veille et de suivi de l’évolution de l’épidémie du nouveau coronavirus, 300 nouveaux cas et une dizaine de décès toutes les 24h

Pour le directeur de l’Institut Pasteur, Fawzi Derrar, «  toutes les conditions sont en train de se réunir pour que le virus reparte  » tout en soulignant que « les données épidémiologiques en Europe, où la population est vieille, ne sont pas celles prévalant dans les pays africains, où la population est jeune, beaucoup moins concentrée dans son milieu et donc moins sujette aux risques de contamination » déclare-t-il dans un entretien à la radio nationale.

Dans le même canal de communication, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid a montré son inquiétude concernant l’apparition de nouveaux foyers de contamination à la Covid-19, en particulier à l’Est et au Sud du pays tels que Batna, Biskra ainsi que la capitale. Il a également critiqué le « relâchement » de la part de la population concernant les gestes et mesures barrières .

Suite aux derniers chiffres, le docteur Mohamed Bekkat Berkani, membre de la Commission nationale de veille et de suivi de l’évolution de l’épidémie du coronavirus, a prévenu sur la réapparition du virus car « un éventuel retour au confinement partiel n’est pas écarté et pourrait se faire prochainement » a-t-il déclaré dans une interview à la Chaîne 1. Le docteur Derrar partage le même avis et affirme qu' » il ne faut rien écarter » et il est nécessaire de prendre «  la décision juste« .

La situation est alarmante

Sur le terrain, la situation est alarmante. Athmane Ayaden, médecin à l’EPH de Bainem au service de réanimation, a déclaré que « les services de réanimations affichent complet « .tout en mettant l’accent sur les staffs médicaux déjà épuisés.  » Nous médecins et tout le personnel médical n’avons plus ni l’énergie morale ni physique pour faire face à une extrême vague, on fait de notre mieux « .

Le médecin poursuit et regrette le laisser-aller dans les espaces publics. « sincèrement quand tu passes ta journée en réanimation, puis tu passe par le marché en sortant, tu vois des centaines de personnes a quelques centimètres seulement sans aucun masque, tu te dis a quoi bon se sacrifier chaque jours« .

Le ministre de la Santé ainsi que le docteur Berkani et les médecins précités, appellent les algériens à respecter les mesures sanitaires, prendre les précautions nécessaires, et  » être vigilants ». Ils appellent notamment à éviter les rassemblements, surtout en ces temps d’évènements religieux car ils deviennent «  le nouveau foyers du coronavirus », « la cause d’énormément de cas de contamination et de pertes de vies ».

Pourtant, depuis vingt jours, des chefs des partis proches du pouvoir, des organisations et même des ministres sillonnent le pays pour animer des meetings regroupant des foules de participants. Ces actions se déroulent, souvent, sans le respect de la moindre mesure de sécurité : ni distanciation sociale, ni masque de protection et sans moyens de désinfection.

Hier, 27 octobre, la présidence de la république a rendu public un communiqué annonçant l’admission du président de la république Abdelmadjid Tebboune “dans une unité de soins spécialisés de l’hôpital militaire d’Ain Naadja à Alger”.

Pourquoi maintenir le référendum sur la révision de la constitution, alors que la situation sanitaire s’aggrave dans le pays ? N’y a-t-il pas un grand risque de propagation du virus mortel, sachant que des millions de personnes seront attendues dans des bureaux de vote le même jour?

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