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Covid-19 : Amnesty International exhorte le Maroc à cesser ses poursuites contre les militants et journalistes citoyens

Amnesty International a appelé ce mardi les autorités marocaines à cesser de poursuivre en justice les militants et journalistes citoyens au titre de la nouvelle loi sur l’état d’urgence sanitaire notamment ceux ayant critiqué le gouvernement pour sa gestion de la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus.

« Les autorités marocaines doivent cesser d’exploiter les lacunes de la législation relative à l’état d’urgence sanitaire à dessein de poursuivre en justice des militant·e·s des droits humains, des journalistes citoyens et d’autres personnes parce qu’ils ont critiqué de façon pacifique la gestion de la crise du COVID-19 par le gouvernement », a appelé Amnesty International ce mardi 9 juin.

« Le 23 mars, le Parlement a adopté un nouveau décret-loi (n° 2.220.292), déclarant l’état d’urgence sanitaire et prévoyant une peine de trois mois d’emprisonnement et une amende de 1 300 dirhams (environ 134 dollars des États-Unis) en cas de non-respect des « consignes et décisions prises par les autorités publiques » ou d’entrave à ces consignes et décisions au moyen « d’écrits, de publications ou de photos »« , rappelle l’association.

D’après Amnesty International, depuis l’adoption de ce texte, « les autorités s’en sont servies pour engager des poursuites contre au moins cinq militants des droits humains et journalistes citoyens ». Selon cette même organisation, les poursuites ont été enragées« à la suite de publications en ligne et sur les réseaux sociaux critiquant la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement ».

Les personnes poursuivies sont accusées d’« enfreindre les décisions des autorités sous l’état d’urgence sanitaire », précise Amnesty.

De son coté, la directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International, Amna Guellai, a déclaré que « ce texte, qui présente des lacunes, ne devrait en aucun cas être utilisé pour réduire au silence celles et ceux qui osent critiquer les mesures prises par le gouvernement et la façon dont il gère la pandémie ».

« Le fait de remettre en cause l’action menée en réponse à la pandémie ou de pointer du doigt les insuffisances de l’approche suivie par les pouvoirs publics ne constitue pas une infraction », a-t-elle souligné.

D’autres part, l’association indique en citant un communiqué officiel publié le 22 mai, que le ministère public marocain a engagé des poursuites contre 91 623 personnes pour violation de la loi relative à l’état d’urgence sanitaire et pour d’autres infractions, au moins 558 d’entre elles sont toujours détenues et ce deux mois seulement après l’adoption de ce nouveau texte.

Dans ce sens, l’organisation met en avant « les risques élevés de transmission du COVID-19 dans les prisons et autres lieux de détention ». « venir grossir le nombre de détenus ne fera qu’aggraver encore les problèmes de santé publique engendrés par la pandémie », a-t-elle souligné.

De ce fait, l’organisation mondiale engage les autorités marocaine « à veiller à ce que l’application de la loi relative à l’état d’urgence sanitaire n’empêche pas arbitrairement les gens de s’exprimer ou de relayer – y compris en ligne – des informations sur des sujets qui les touchent, en violation de leurs droits à la liberté d’expression ».

Elle ajoute : « Il doit notamment être possible de critiquer la politique menée par le gouvernement et la façon dont les autorités font respecter les mesures de lutte contre le COVID-19 ».

« L’action la plus efficace pour combattre une crise sanitaire est celle qui se fonde sur le respect des droits humains et sur des politiques favorisant la confiance et la solidarité. Lorsque l’on responsabilise la population et qu’on l’aide à suivre volontairement les mesures de santé publique nécessaires, celle-ci est plus susceptible de coopérer avec les autorités et de changer son comportement que sous la menace de mesures coercitives », conclut Amna Guellali.

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