Crise politique : le dialogue boiteux du pouvoir

Le panel de dialogue et de médiation devra annoncer, ce dimanche, son agenda de travail et la première liste des nouveaux membres de la commission, conduite par l’ancien président de l’APN, Karim Younes.

 

Ayant décidé, à l’occasion de sa réunion de jeudi dernier, de poursuivre sa mission en dépit du rejet des préalables par le vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, et acceptés par le Chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, cette commission risque de mener un dialogue boiteux.

Et pour cause, l’instance ne jouit d’aucune confiance auprès de la classe politique qu’elle aura à solliciter et du mouvement populaire qui la rejette sans ménagement.

A l’occasion du 24 vendredi de la mobilisation populaire, les manifestants ont, à travers le territoire national, signifié à Karim Younes et les quatre autres membres du panel (dont deux autres ont déjà démissionné Ndlr ) qu’ils sont indésirables.

« La hiwara, la chiwar (pas de dialogue et pas de concertation) », « Karim Younes à la poubelle », « makench hiwar ya shab el casse-croûte (pas de dialogue adeptes des casse-croûtes) », et « non au dialogue avec la Issaba (la bande) » scandaient les manifestants, à Alger et dans d’autres villes du pays.


 

Cette sentence mettra, sans doute, dans une situation inconfortable la commission de dialogue et de médiation, dont le coordinateur tente de se défendre.

En effet, Karim Younes qui a démissionné, jeudi dernier, avant de revenir sur sa décision, assure « que la commission est composée d’une poignée de volontaires qui ont agi par devoir, afin de contribuer à solutionner cette crise ».

« Nous ne sommes pas l’Etat et ne le représentons pas non plus. L’Algérie va droit au mur et tout le monde doit agir pour éviter son effritement », lance-t-il, avant de rappeler que les partis et le mouvement associatif ont aussi leur rôle à jouer dans ce sens. Mais quelle sont les chances de réussite de cette entreprise ?

A priori, elles sont très minimes. Les conditions d’un dialogue sérieux et global, de l’avis de tous les observateurs, ne sont pas réunies. Premièrement, les tenants du pouvoir réel ne veulent que de pourparlers autour de l’organisation d’une élection présidentielle.

Mais cette exigence s’avère, pour l’instant, maladroite. Le pouvoir en place qui refuse toujours de libérer les détenus d’opinion pris en otage, d’ouvrir les médias et de libérer la scène politique et l’espace public, ne vise visiblement, qu’imposer sa feuille de route qu’il refuse de changer depuis le départ du président déchu.

Et cela malgré l’échec cuisant de l’élection programmée pour le 4 juillet dernier. Visiblement, il veut reproduire le même scénario au risque de récolter, fort probablement, les mêmes résultats, synonymes de l’aggravation de la crise. Se disant soucieux de préserver le temps qui ne joue en faveur du pays, les tenants du pouvoir ne montrent, en revanche, aucune volonté de résoudre la crise qui s’aggrave d’avantage

Il a déjà fait perdre au pays cinq mois. Avec son entêtement à maintenir sa feuille de route, il risque encore de faire prolonger indéfiniment cette crise et compliquer encore davantage les solutions.

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