Le Conseil de sécurité de l’ONU a rejeté, mercredi, deux projets de résolution sur Ghaza. L’un a été présenté par les Etats-Unis et l’autre par la Russie. Cela fait quatre projets de résolution rejetés depuis le début des bombardements israéliens sur cette enclave déjà sous blocus depuis seize ans maintenant, au lendemain de l’attaque menée le 7 octobre 2023 par les factions palestiniennes, une opération nommée « Déluge d’el Aqsa ».
Ces rejets, résultats de la volonté des puissances occidentales, Etats-Unis et France en premier lieu, de bloquer tout appel à un cessez-le-feu, et conséquemment laisser l’armée israélienne poursuivre son opération, mettent à mal le Conseil de sécurité, déjà fortement critiqué par de nombreux pays qui souhaitent sa réforme et plus globalement celle de l’organisation onusienne.
Pour revenir aux deux résolutions rejetées hier, la première, présentée par les Etats-Unis, appelant à des « pauses humanitaires », a reçu « dix votes en faveur (Albanie, Equateur, Etats-Unis, France, Gabon, Ghana, Japon, Malte, Royaume Uni et Suisse), 3 votes contre (Chine, Russie et Emirats arabes unis) et 2 abstentions (Brésil, Mozambique) », indique le site de l’ONU.
La deuxième, émanant de la Russie, et appelant à un « cessez-le-feu humanitaire », a eu « 4 votes pour (Chine, Gabon, Russie et Emirats arabes unis), 2 votes contre (Etats-Unis et Royaume Uni) et 9 abstentions (Albanie, Brésil, Equateur, France, Ghana, Japon, Malte, Mozambique et Suisse) ».
Pour qu’une résolution soit adoptée, rappelle l’ONU, « elle doit être soutenue par au moins neuf membres du Conseil », sans un véto d’un des cinq membres permanents (Chine, Etats-Unis, France, Royaume Uni et Russie).
« Les principales différences dans les textes comprenaient une mention spécifique dans la proposition soutenue par les États-Unis du droit inhérent des États à l’autodéfense, et un appel dans le texte présenté par la Russie à l’annulation immédiate par les forces israéliennes de l’ordre d’évacuation des civils vers le sud de Gaza », rapporte le site de l’organisation onusienne.
A rappeler, par ailleurs, que deux autres résolutions avaient été rejetées respectivement les 16 et 18 octobre. La première, présenté par la Russie, appelait à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » a fait face au véto américain « parce qu’il ne mentionnait pas explicitement le Hamas » et la deuxième, proposé par le Brésil, pour des « pauses humanitaires » a été également bloquée par les Etats-Unis parce qu’il n’y avait pas de « mention du droit d’Israël de se défendre ».
Les bombardements israéliens ont déjà fait, à leur 19e jour, près de 6500 morts, dont près de la moitié sont des enfants, en plus de milliers de blessés. Des quartiers en entier ont été rasés, alors qu’en raison du blocus « total » que subit Ghaza, déjà sous embargo partiel depuis 2007, – Israël prive l’enclave palestinienne d’électricité, d’eau et de carburant entre autres – beaucoup d’hôpitaux sont hors services.
Or, le Conseil de sécurité, dont les principales missions, selon la charte des nations-Unies, sont le « maintien de la paix et la sécurité internationales » et la « réalisation de la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux et en encourageant le respect des droits de l’homme », n’arrive pas à réagir pour mettre un terme aux bombardements israéliens contre Ghaza.
Ainsi, a « nécessaire » réforme du Conseil de sécurité fait débat depuis les années quatre-vingt-dix. Un groupe de travail a même été mis en place en 1994. Mais, rien de concret en termes de résultats.
Si la majorité des pays s’accordent sur le principe de son élargissement (actuellement il est composé de 15 membres, dont cinq membres permanents), la question coince, d’un côté sur la répartition géographique des nouveaux membres, et de l’autre, et c’est le plus important, sur la qualité des nouveaux membres (permanent, non permanent).
Les pays occidentaux, qui refusent systématiquement toute éventualité qu’un autre pays qui ne soit pas de « leur bloc » puisse accéder à la qualité de « membre permanent », ont remis sur la table ce débat relatif à la réforme du Conseil, l’année passée, avec le conflit russo-ukrainien, et le fait que la Russie, membre permanent, a bloqué toute résolution qui le « condamne ».
Aujourd’hui, il est clair que le Conseil de sécurité reste une « arme » entre les mains de ses membres permanents, qu’ils utilisent selon leurs intérêts et ceux de leurs alliés. C’est pour cela que les résolutions condamnant Israël, notamment pour n’avoir pas accepté de se conformer aux dizaines d’autres résolutions du Conseil de sécurité concernant ce conflit proche-oriental, sont systématiquement bloquées par les Etats-Unis. Et au fur et à mesure, le Conseil de sécurité est devenu, comme c’est le cas actuellement, complètement inopérant, voire inutile…du moins dans sa forme actuelle.