L’Algérie a exprimé sa volonté d’y aller vers une révision de l’accord d’association la liant à l’Union européenne. Et cette dernière soutient l’idée.
« 2025, c’est le bon moment », nous a déclaré, ce mercredi 4 décembre 2024, l’ambassadeur de l’Union Européenne en Algérie, Diego Mellado Pascua, lors d’une rencontre avec des journalistes.
« Il y a une base solide », a-t-il indiqué, soulignant que durant l’année écoulée le volume des échanges entre l’Union européenne et l’Algérie avait dépassé les 50 milliards d’euros.
Même une révision « clause par clause », comme l’avait exprimé le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en 2021, n’est pas écartée par l’UE. » L’Union européenne veut regarder les relations avec l’Algérie dans leur globalité », a déclaré l’ambassadeur.
Celui-ci dit « comprendre les préoccupations de l’Algérie » qui sont « légitimes ». « Même nous, en Europe, on parle de réindustrialisation », a-t-il ajouté.
« On peut trouver un terrain d’entente de sorte à satisfaire les intérêts des deux parties », a-t-il lancé.
A cet effet, celui-ci a indiqué que les « discussions techniques » entre les deux parties vont « débuter en janvier prochain ». C’est à partir de là que la partie européenne va « recevoir » les propositions algériennes.
La première réunion devait se tenir au mois de novembre passée, mais, en raison du remaniement gouvernemental, les deux parties ont convenu de reporter cela au mois prochain, a-t-il précisé.
Des discussions qui vont concerner aussi le « différent » lié aux mesures de protection de la production nationale prises par l’Algérie.
L’ambassadeur a tenu, d’ailleurs, à préciser que « ce n’est nullement une médiation ». « On est loin de ça. On est au stade des discussions techniques. Il y aura des échanges », a-t-il déclaré.
« C’est la première fois que l’UE nomme un Commissaire à la méditerranée »
Et si l’Union européenne semble vouloir également cette révision souhaitée par l’Algérie c’est parce que cela va en droite ligne avec sa stratégie « Global Gateway », l’initiative de la Commission Européenne lancée en 2021 pour le développement des pays partenaires et qui a prévu la mobilisation de 300 milliards d’euros d’ici 2027, dont la moitié pour l’Afrique. Cela concorde aussi avec le « nouveau pacte pour la méditerranée » de l’UE.
Diego Mellado Pascua a mis l’accent, dans ce sens, sur le « déséquilibre » qu’il y avait entre la région de l’Europe de l’Est, qui était au centre de l’attention de l’UE pendant des années, et celle du Sud de la Méditerranée.
Un déséquilibre auquel l’Union veut remédier notamment en nommant, pour la première fois, une Commissaire à la Méditerranée, en la personne de Dubravka Šuica, qui a pris ses fonctions le 1er décembre dernier.
Ainsi, la création de ce poste montre tout l’intérêt que porte désormais l’UE à la coopération euro-méditerranéenne.
A cet effet, la nouvelle stratégie de l’Europe des 27, pour ce qui est entre autres de la relocalisation de ses entreprises, mais aussi du changement de sa stratégie de partenariat, celui avec la Russie étant un échec selon les européens, pourrait profiter à l’Algérie.
Un partenariat qui sera axé, au-delà du marché de 400 millions d’habitants, ce qui intéresserait l’Algérie qui est dans une stratégie de réindustrialisation et de diversification de ses exportations, comme il l’a précisé, sur le secteur énergétique, notamment les énergies renouvelables.
« Nous voulons un partenariat énergétique solide », a-t-il déclaré, soulignant que le projet du gazoduc Nigeria – Algérie « pourrait également faire partie des discussions entre les deux parties ».
En somme, des facteurs géostratégiques, qui s’ajoutent à la volonté des deux parties, Algérie et Union européenne, de revoir leur partenariat, eu égard à l’évolution de leurs environnements économiques respectifs, plaident pour la révision de cet accord d’association.
Il reste à savoir si les changements vont toucher les fondamentaux de cet accord signé en 2002 et mis en œuvre en 2005.