En Europe, les principaux indices se sont envolés dès l’ouverture. Vers 07H30 GMT, la Bourse de Paris décollait de 6,35%, celle de Francfort de 6,57%, Londres de 4,66% et Milan de 6,83%. La Bourse suisse décollait de 5,69%. A Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a terminé sur un bond de plus de 9%, et à Séoul, l’indice Kospi a gagné 6,6%.
Les Bourses suivent « l’euphorie de Wall Street » de mercredi, note John Plassard, analyste chez Mirabaud.
L’indice Dow Jones s’est envolé de 7,87% et le Nasdaq de plus de 12%, signant leur meilleure séance depuis 2008 avec l’annonce de la volte-face de Donald Trump sur ses droits de douane. « Avec Trump empruntant temporairement une voie de désescalade, les marchés ont vivement rebondi », commente Jim Reid, économiste de Deutsche Bank.
Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a annoncé mercredi 9 avril 2025 à Washington une suspension pendant 90 jours des taxes à l’importation contre des dizaines de pays et partenaires, notamment contre l’Union européenne, en principe en vigueur depuis mercredi 04H01 GMT.
Trump maintient les droits pour la Chine
Le ton reste cependant le même face à la Chine, exception à la trêve sur les droits de douane. Donald Trump a même annoncé mercredi durcir les surtaxes visant Pékin en raison d’un supposé « manque de respect », les portant à un niveau vertigineux de 125%, contre 104% auparavant. Les indices boursiers chinois gardent le cap. Dans les derniers échanges, à Hong Kong, l’indice vedette Hang Seng prenait 2,46%. L’indice composite de Shanghai gagnait 1,16%, celui de Shenzhen 2,25%.
« La prudence reste de mise », tempère cependant Jochen Stanzl, de CMC Market, rappelant que « les droits de douane universels de 10% sont toujours en vigueur ». Prédire le prochain volet de la guerre commercial « est quasiment impossible », les Etats-Unis ayant totalement « dévié du scénario habituel », note Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank, pour qui « les incertitudes vont persister ».
Le marché de la dette dans le viseur
Bien que l’administration américaine ait nié que la décision de suspendre les droits de douane soit liée à la pression des marchés, « les commentaires de Trump ont montré une certaine sensibilité au stress financier », note Jim Reid. Il a reconnu mercredi qu’il surveillait la chute du marché américain de la dette, ou marché obligataire, avant de décider de sa pause, ajoutant devant la presse avoir constaté que ses surtaxes douanières « effrayaient un peu ».
Les taux d’emprunts américains avaient connu une flambée mercredi, jusqu’à 4,5%, signe de la fuite des investisseurs, après avoir été plébiscitées en tant que valeur refuge, car elles offrent un rendement garanti pour les investisseurs. Plus une obligation est recherchée par les investisseurs, plus son taux d’intérêt va baisser. Ils cherchent en revanche à être mieux rémunérés lorsqu’ils jugent la dette d’un État plus risquée, ce qui fait monter le taux.
Le taux auquel les États-Unis empruntent à échéance dix ans atteignait 4,32% vers 07H30 GMT contre 4,34% à la clôture mercredi.
L’or proche du record
L’or, considéré comme la valeur refuge par excellence, est à nouveau très demandé jeudi « malgré le retour des investisseurs vers des actifs plus risqués », relève Matt Britzman, analyste chez Hargreaves Lansdow. « Les tensions persistantes avec la Chine et la perspective d’une inflation plus élevée sont deux moteurs de la demande », explique-t-il.
Il avait décroché de son sommet historique atteint début avril, les investisseurs ayant été contraints de vendre pour essuyer leurs pertes en pleine débâcle boursière et tempête douanière.
Vers 07H30 GMT, l’once d’or gagnait 0,97% à 3.112,69 dollars, tutoyant son record à plus de 3.167 dollars l’once. Côté pétrole, les prix plient après les montages russes de la veille, attentifs à « l’escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine », note M. Britzman. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord perdait 1,45% à 64,53 dollars, quand son équivalent américain, le WTI cédait 1,33% à 61,52 dollars.