Économie: les recommandations du FMI à l’Algérie 

Le conseil d'administration du fonds monétaire international (FMI) a émis une série de recommandations "pour éviter un éventuel choc en raison de la fluctuation des prix du pétrole". Ayant examiné les données fournies par les autorités algériennes aux représentants de l'institution monétaire international, le FMI précise, dans un communiqué rendu public, que "les perspectives à court terme de l’économie algérienne se sont sensiblement améliorées, portées par le rebond des cours des hydrocarbures". 
© DR | Fond Monétaire international (FMI), émis une série de recommandations à l'Algérie

« Des excédents extérieur et budgétaire sont attendus en 2022 pour la première fois depuis une longue période. La position extérieure de l’Algérie en 2022 a été plus solide que le niveau correspondant aux fondamentaux et aux politiques souhaitables« , note la même source. Mais, selon le FMI, « les perspectives restent tributaires des prix des hydrocarbures et soumises aux risques liés à un affaiblissement de la conjoncture mondiale et à la volatilité des cours des matières premières ». « L’accélération généralisée de l’inflation est devenue un défi considérable pour les politiques publiques« , note la même source, en prévoyant un taux d’inflation toujours élevé en 2023 avec plus de 8%.

De ce fait, lit-on dans le même document, les « services du FMI exhortent la Banque d’Algérie (BA) à resserrer sa politique monétaire dès à présent pour prévenir un éventuel désencrage des anticipations et la persistance d’une inflation élevée« .

« L’appréciation récente du dinar ne peut se substituer au resserrement nécessaire de la politique monétaire. Les services du FMI recommandent de relever le taux directeur de la banque centrale et de reprendre une gestion bien calibrée de la liquidité pour améliorer la transmission de la politique monétaire. La révision en cours de la loi sur la Monnaie et le Crédit est une opportunité pour renforcer le dispositif de gouvernance de la BA« , précise la même source.

Les services du FMI recommandent, ajoute aussi le document, « d’interdire formellement le financement monétaire dans la nouvelle loi afin de renforcer l’indépendance de la banque centrale et sa capacité à agir pour défendre la stabilité des prix« .

« La hausse considérable des dépenses annoncée dans le cadre de la loi de finances pour 2023 pourrait résorber les progrès en matière de réduction du déficit budgétaire depuis 2018, affaiblir la résilience des finances publiques et aggraver les pressions inflationnistes« , note le document. Pour le FMI les contraintes de financement devraient empêcher la pleine exécution des dépenses annoncées.

« Toutefois, même une poursuite du faible taux d’exécution des dépenses inscrites au budget pourrait entraîner une détérioration significative du déficit budgétaire. Une rigidité accrue des dépenses et une diminution rapide de l’épargne budgétaire aggraveraient la vulnérabilité des finances publiques aux fluctuations des cours des hydrocarbures- avec le risque d’un ajustement brutal en cas de baisse des prix du pétrole- et contribueraient à alimenter l’excès de liquidité, compliquant la conduite de la politique monétaire« , ajoute la même source.

 

« Des risques pour la stabilité macro-économique »

Poursuivant, le document précise que la trajectoire du déficit à moyen terme comporte également des risques pour la stabilité macroéconomique. « La persistance de déficits budgétaires élevés et l’arrivée graduelle à échéance des remboursements de principal dus au titre du financement monétaire passé devraient entraîner des besoins de financement budgétaires élevés à moyen terme. Compte tenu de l’exclusion du recours à l’emprunt extérieur par les autorités, le financement de ces besoins entraînerait des pressions significatives sur le système bancaire domestique et présenterait des risques pour la stabilité financière et macroéconomique« , précise le document.

De ce fait, indique le communiqué, un rééquilibrage budgétaire progressif guidé par un cadre fondé sur des règles est nécessaire pour renforcer la résilience des finances publiques et préserver la stabilité macroéconomique à moyen terme. « Les services du FMI recommandent un ajustement pour améliorer le déficit primaire hors hydrocarbures et dividendes de la BA de 10 % du PIB hors hydrocarbures par rapport à son niveau de 2022 et jusqu’en 2027« .

 

« Protection sociale ciblée »

Selon la même source, « une réforme des subventions avec renforcement d’une protection sociale ciblée contribuerait à réaliser le rééquilibrage budgétaire requis, parallèlement à une réforme paramétrique des retraites, une réduction des dépenses d’investissement et la poursuite des réformes fiscales« .

« Les services du FMI proposent également l’adoption d’un cadre budgétaire à moyen terme fondé sur des règles bien calibrées comprenant un plancher d’épargne et une ancre sur la dette brute, pour orienter le rééquilibrage budgétaire, limiter la procyclicité des politiques économiques et protéger les dépenses prioritaires. La diversification des sources de financement permettrait d’étaler l’ajustement budgétaire sur plusieurs années tout en limitant les pressions sur le système bancaire« , souligne aussi le document.

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