Plusieurs milliers de personnes ont protesté samedi en France contre la loi de « sécurité globale » qui prévoit d’interdire de filmer les forces de l’Ordre. Des interpellations ont été enregistrées, des blessés ont été recensés dont plus d’une soixantaine parmi les policiers et les gendarmes.
Les manifestants, qui considèrent que cet amendement comme une atteinte « à la liberté d’informer », ont commencé, en début d’après-midi, à se rassembler dans diverses villes françaises dont Paris, Lyon et Montpellier malgré la pandémie de coronavirus, la contestation étant ravivée par l’agression policière d’un producteur de musique noir à Paris.
Le ministère de l’Intérieur a compté 133 000 manifestants partout en France dont 46 000 à Paris.
Les organisateurs de ces protestations prénommées « marches des libertés », regroupés sous la coordination StopLoiSécuritéGlobale, ont, eux, fait part de 500 000 participants dont 200 000 dans la capitale parisienne.
Sur les videos des manifestations diffusées et relayées sur les réseaux sociaux, on peut lire sur les pancartes et entendre les manifestants scander « quel est le problème à être filmer si on a rien à se reprocher? », « Policiers floutés, justice aveugle » ou encore « On baissera nos téléphones portables quand vous baisserez vos armes »
Les manifestants réclamaient également la démission du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui a défendu la loi controversée adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale le mardi 24 novembre. Celle-ci, faut-il noter, prévoit de punir d’un an de prison et de 45 000 euros d’amende la diffusion de « l’image du visage ou tout autre élément d’identification » d’un policier ou d’un gendarme en intervention, lorsque celle-ci a pour but de porter « atteinte à son intégrité physique ou psychique ».
Emeutes et violences
Des heurts ont été recensés dans plusieurs villes, rapportent les médias locaux. A 19h20, Gérald Darmanin a fait état de 37 policiers et gendarmes blessés avant que son ministère n’actualise le bilan en faisant part de 62 policiers et gendarmes blessés et 81 personnes interpellées. Paris à elle seule compte 46 interpellations, selon la Préfecture de police.
De son coté, l’agence de presse AFP a dénoncé des violences policières commises contre l’un de ses collaborateurs à savoir un photographe syrien indépendant nommé Ameer al Halbi et agé de 24 ans. Le photographe qui collabore aussi avec d’autres médias a été grièvement blessé au visage par « un coup de matraque ».
Le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, a dénoncé samedi soir sur Twitter des violences policières « inacceptables ».