INTERLIGNES : aujourd’hui nous assistons à l’ouverture de plusieurs chantiers laissant croire au nouveau décollage que connait cette wilaya après des lustres de marasme et d’inertie en matière de développement. Pouvez-vous nous en parler davantage?
Mohammed Boudraâ : D’abord, il faut savoir que cette wilaya a bénéficié d’une attention particulière des hautes autorités du pays. Tamanrasset est en passe de devenir un carrefour stratégique favorisant l’ouverture de l’Algérie vers le marché africain. Se faisant, il est plus qu’impératif de s’y préparer en mettant le paquet pour le développement des infrastructures logistiques et du coup opérer sa mue pour mieux entretenir son image touristique et surtout en faire un véritable pôle d’attraction, notamment en matière d’investissement.
Au bout de quelques mois seulement, nous avons pu lancer tous les programmes bloqués avant l’année 2023. En tout, nous avons inscrits 217 opérations dans le cadre du programme sectoriel de développement(PSD), (103 achevées et 114 autres en cours de réalisation). Le programme communal de développement(PCD) fait état de 144 opérations de développement, dont 81 réalisées dans divers domaines d’activité. Au titre de l’année en cours, nous avons inscrits 147 projets, tous secteurs confondus, dans le cadre du PCD, dont 58 sont en cours d’engagement. A cela s’ajoutent 44 autres opérations dans le cadre du fond commun des collectivités locales (FCCL). Nous avons également enregistré près de 40 opérations dans le cadre du PSD. C’est dire que la locomotive a été bien huilée pour booster le développement local et par conséquent améliorer le cadre de vie des citoyens qui aspirent à un avenir meilleurs et radieux.
Qu’en est-il des projets d’investissement?
Depuis la réactivation de la commission chargée de la levée des contraintes d’investissement dans la wilaya, plusieurs projets ont vu le jour. Plus de 50 dossiers sont en cours d’étude. Dernièrement nous avons actionné la coercition à l’égard des faux investisseurs.
Une vaste opération d’assainissement a été ainsi enclenchée au cours de laquelle on a récupéré pas moins de 42 lots. Actuellement, le foncier d’investissement disponible s’étend sur une superficie de 8.41 hectares, répartis sur 75 lots. Nous œuvrons à la création de deux micro-zones d’activité au profit des jeunes porteurs de projets créateurs de richesses.
La première micro-zone, qui est en phase d’étude, sera implantée au lieudit Tihagouine. En cours de consultation, la deuxième micro-zone sera localisée à Abalessa, à 80 km du chef-lieu de la wilaya. On dénombre quatre projets en cours d’exploitation, dont un abattoir industriel, une usine de production de marbre et de granite et une autre pour la fabrication du lait et produits dérivés qui s’ajoutent à d’autres projets déjà réalisés.
Sans oublier deux autres projets qui seront mis en exploitation dans les prochains jours, une minoterie et une unité de production de boissons gazeuses. Non loin de la zone industrielle de Tidessi, nous projetons aussi la création d’une tannerie végétale dans le cadre de l’accord de coopération algéro-brésilienne. Avec la concrétisation de ce projet, on ambitionne de relancer la filière de tannage du cuir avec des tanins végétaux et d’autres substances locales considérées comme solutions alternatives aux produits nocifs pour la santé et l’environnement.
On vise par ricochet l’implication des compétences locales à travers la création d’opportunités d’emploi dans ce créneau prometteur. Notons par ailleurs que le volet investissement touche également le secteur agricole qui enregistre une nouvelle dynamique. En tout, nous comptons 2744 exploitations agricoles s’étendant sur une superficie de 4117 hectares et dont 1440 (soit 52.49%) ont été raccordées au réseau électrique.
Parlant du secteur des transports, la population locale nourrit l’espoir de voir le projet de la ligne ferroviaire reliant Tamanrasset à Alger se concrétiser un jour. Quand est-ce que sifflera réellement le train dans la région de l’Ahaggar?
Ce qui fut un rêve, deviendra réalité. C’es une question de temps seulement. Dernièrement on a assisté à une présentation détaillée sur le projet de la pénétrante ferroviaire Centre reliant le Nord au Sud du pays. L’exposé réalisé par l’Agence Nationale d’Etudes et de Suivi de la Réalisation des investissements ferroviaires faisait ressortir plusieurs réalisations d’envergure dans le cadre de ce mégaprojet, lequel revêt un intérêt particulier eu égard à la place qu’il s’est offert dans le programme du président la République.
Il est important de savoir que ce projet va…à fond de train. Pour la partie concernant notre territoire, à savoir la ligne In Salah-Tamanrasset, je tiens à affirmer que l’étude de conception a été officiellement inscrite et que le contrat est en cours de conclusion avec un groupement de bureaux d’études algériens dont le chef de file SETI-RAIL (filiale de la SNTF).
Toujours dans le cadre de la modernisation du secteur des transports et son interconnexion avec les différents pays du continent africain, l’aéroport de Tamanrasset a, faut-il le noter, bénéficié d’une 3e piste d’atterrissage, dont le projet est en cours d’études. Le projet relatif à la rénovation de la 2e piste est également prévu et sera lancé juste après la fin de l’opération du Hadj 2023.
Qu’en est-il de la réhabilitation de la route de l’unité africaine dont le délabrement aura rongé plusieurs tronçons ?
Compte tenu de l’importance de cette infrastructure sur le plan socioéconomique plusieurs projets de réhabilitation ont été validés au titre de l’année en cours, où l’on a procédé au lancement de deux opérations portant réfection de 38.70 km de chaussée entre Arak et In Salah.
En plus, nous avons une autre opération en cours de lancement portant sur la réhabilitation de 50 km répartis particulièrement sur les tronçons dégradés de la RN°1. Parallèlement, on a engagé deux autres opérations portant réalisation de 40 km de route entre Idelès et Djanet et la réhabilitation de 84 km (répartis sur 4 lots) sur la RN°55.
A la fin du mois de janvier écoulé, sept opérations relatives à la rénovation de chemins de wilaya sur un linéaire total de 90.50km ont été lancées. La réhabilitation des chemins communaux n’est pas en reste puisque la wilaya prévoit la réhabilitation de plusieurs tronçons délabrés sur un linéaire total de 100 km.
Et pour ce qui est du maillage de la ville…
A mon arrivée dans la wilaya de Tamanrasset, j’ai constaté l’urgence de réhabiliter le réseau routier de la ville afin d’améliorer le cadre de vie de la population locale. Dans un premier temps, nous nous sommes focalisés sur les tronçons vitaux et les axes principaux desservant les quartiers huppés.
A commencer par l’axe de Tahaggart sur 4 km, celui de la cité du 5 juillet sur un linéaire de 2km et Amechouen sur 2km. Ces opérations ont été amorcées par la direction des travaux publics qui a reçu de fermes instructions pour accélérer les travaux et livrer les chantiers dans les délais impartis.
Quant à elle, la direction de l’urbanisme, de l’architecture et de la construction de la wilaya s’est chargée de quatre opérations similaires, lesquelles portent, entre autres, sur la réhabilitation des axes desservant les cités Assoro et Ennassim. Parallèlement, deux autres opérations de réhabilitation ont été lancées par l’APC à Amechouen, Tahaggart, Ennassim et sur la route secondaire reliant El K’seur à Serssouf en passant par la direction de la formation et l’enseignement professionnels.
Ce n’est pas tout, puisque on a aussi prévu d’autres opérations complémentaires dans le cadre du FCCL pour en finir avec le calvaire du réseau routier dans les cités Ennassim, Amechouen, Assoro et une partie du centre-ville (Lahouanit). En plus de tous ces projets, des fiches techniques ont été élaborées pour l’inscription des opérations du genre dans d’autres quartiers comme Tafsit, Choumouâ, Tabarkat et In Kouf.
La wilaya se dotera d’une nouvelle infrastructure hospitalière, où en est avec ce projet qui devait être livré fin 2021 ?
En effet, Tamanrasset bénéficiera très bientôt d’un établissement public hospitalier d’une capacité de 240 lits. Le taux d’avancement des travaux s’élève à 97%. L’hôpital sera même doté de tous les équipements nécessaires à une meilleure prise en charge médicale.
J’assure que l’opération va bon train. Restant dans le secteur de la santé, il faut savoir que la wilaya de Tamanrasset a bénéficié d’un hôpital psychiatrique. Procédures de création achevées, on attend juste sa budgétisation pour le mettre en service. Au titre de l’exercice de 2023, nous avons également prévu l’acquisition d’un appareil d’imagerie par résonance magnétique (IRM), dont le marché est en cours de signature.
Le secteur se dotera aussi d’une nouvelle polyclinique à Tazrouk et de 11 ambulances dont deux 4×4 destinées aux localités enclavées. Pour la stabilité des médecins affectés dans cette région du Grand Sud, 50 logements de fonction ont été réalisés.
L’insalubrité publique constitue, le maillon faible de cette wilaya qui croule sous les ordures ménagères. Qu’elle est votre stratégie pour résoudre ce problème menaçant ?
Il faut souligner d’abord que la salubrité publique relève de la responsabilité de tous. C’est vrai, la wilaya fait face à une véritable plaie environnementale. Cependant, des instructions draconiennes ont été données dans ce sens. Pour moi, la propreté de la ville est un défi que j’ai lancé dès ma première installation dans cette wilaya.
Beaucoup de mesures ont été ainsi prises en collaboration avec les acteurs du secteur de l’environnement et les entreprises chargées de la collecte des déchets. La nouvelle stratégie s’oriente vers la répartition de la ville en 4 secteurs et 17 sous secteurs pour mieux organiser le ramassage d’ordures et rationaliser les rotations des camions.
Nous avons en tout neuf entreprises qui s’évertuent à redorer le blason de la capitale du tourisme saharien. Récemment nous avons renforcé les points de ramassage par la mise en place de 460 nouveaux bacs à ordures. Prochainement, pas moins de 160 corbeilles seront installées le long des axes routiers et places publiques. Le parc roulant se dotera de quatre camions à benne tasseuse.
L’APC de Tamanrasset a, elle aussi, prévu l’acquisition de deux autres camions similaires pour renforcer ses équipes de ramassage. Toujours dans le même cadre, une subvention financière considérable a été accordée à l’entreprise Tam-net pour engager la réparation de sa flotte et répondre du coup aux besoins de la nouvelle feuille de route qui s’étendra jusqu’au nettoyage des oueds traversant la ville et des agoras destinées au public.
L’aménagement urbain revêt aussi un caractère prioritaire dans cette wilaya, y a t-il des opérations ou des projets dans ce cadre ?
Effectivement, la wilaya a bénéficié de plusieurs opérations en mesure d’améliorer sa configuration urbaine en fonction de la nouvelle donne démographique. A ce propos, nous avons pris des décisions portant sur plusieurs actions liées, entre autres, à la délocalisation du marché aux bestiaux de Tiahagouine et de l’abattoir communal vers un site plus approprié, loin des agglomérations. Aussi, nous avons amorcé une profonde opération d’assainissement à la braderie de Tafsit en vue de la réguler et d’en finir avec les faux problèmes qui la paralyse.
Un nouveau cahier des charges fixant les conditions de location et de gestion a été ainsi mis en place par la commission de wilaya qui œuvre à la réorganisation de ce grand marché où l’on a recommandé, en sus de la modernisation des locaux, la réhabilitation du réseau électrique et la création des toilettes publiques.
Revenant au problème des cimetières saturés, une nouvelle nécropole est prévue à l’entrée nord de la ville de Tamanrasset, dont l’assiette foncière s’étend sur une superficie d’un peu plus de 6 hectares. Un nouveau plan des transports sera prochainement mis en place dans cette ville qui bénéficiera de plusieurs abris bus, d’un nouveau plan de signalisation verticale et de nouvelles lignes de dessertes.
A cet effet, il faut noter que Tamanrasset se dotera de 25 bus de transport urbain et suburbain, en plus de 60 autorisations exceptionnelles destinées aux taxis dont le nombre s’élève actuellement à seulement 440.
En coordination avec les ministères compétents, nous travaillons sur le lancement d’une smart application destinée à réguler le transport urbain à Tamanrasset, mais surtout à encourager les entreprises innovantes dans la région à l’effet de s’adapter aux nouvelles exigences de la mutation numérique.
La création des abattoirs industriels est un investissement qui s’inscrit dans le cadre de la nouvelle politique ciblant l’approvisionnement des marchés du nord en viande rouge et la régulation de son prix. Cependant, cette démarche n’a pas été saluée par une population locale qui continue d’acheter de la viande à des prix inabordables, qu’en pensez-vous ?
Ce problème a été pris en charge par la commission de wilaya qui a décidé, tout récemment, de geler provisoirement l’exportation de la viande ovine vers le nord en attendant le résultats des études engagées pour la régulation des prix et leur stabilité localement. L’exportation concerne donc les viandes non touchée par la flambée des prix, à savoir la viande cameline et bovine.