S’exprimant lors d’une rencontre organisée, mercredi soir à Alger, par l’Association des diplômés de l’Institut de financement du développement du Maghreb (IFIDAS), sur le thème « Finance islamique en Algérie, bilan et perspectives », M. Mazari a précisé que le taux de croissance de cette activité en 2022 était de 24% », prévoyant « un taux de croissance plus important en 2023 ».
Le responsable, qui est également chef du département de la finance islamique au Crédit populaire d’Algérie (CPA), a fait savoir que « le taux de croissance prévu sera tiré particulièrement par l’ouverture de nouveaux guichets de la finance islamique en 2023.
Evoquant l’essor croissant de l’industrie de la finance islamique dans le monde, l’intervenant a relevé que l’encours de la finance islamique était estimé à 6.000 milliards de dollars, avec un taux de croissance de 17% en 2022.
Rappelant l’importance des modifications juridiques opérées en Algérie pour suivre l’évolution du secteur de la finance islamique, M. Mazari a souligné « l’existence d’une volonté politique de développer cette industrie en Algérie ». Selon lui, 2024 sera l’année de la révision du cadre juridique de la finance islamique pour dépasser les simples agences et guichets islamiques et aller vers la création de véritables banques islamiques.
« Personne ne s’attendait à ce que nous atteignions ce nombre de clients en l’espace de deux ans. Au CPA, par exemple, nous avons enregistré 45.000 comptes et 75% de leurs détenteurs n’étaient pas des clients de la banque avant le lancement de la finance islamique », a-t-il dit, relevant que plusieurs études avaient démontré que 49% des Algériens préféraient les prestations de la finance islamique aux prestations classiques.
Le directeur général d’Al Salam Bank-Algérie, Nasser Hideur, a souligné l’importance du travail accompli par la Banque d’Algérie pour assurer les outils permettant de gérer la politique monétaire des banques islamiques, saluant les efforts consentis par les banques publiques pour mettre en place des guichets et des agences de finance islamique dans différentes régions du pays.
Assurance Takaful : plus de 90 millions de dinars de chiffre d’affaires
Le PDG de la compagnie d’assurance El Djazair Takaful, Mahfoud Ziane Bouziane, a affirmé que l’assurance Takaful en Algérie, conforme à la charia islamique, dont l’offre a commencé il y a à peine deux ans, était un « marché prometteur », compte tenu notamment de la dynamique du secteur économique privé.
M. Bouziane a estimé que les perspectives de développement du Leasing en Algérie, notamment avec le lancement de l’industrie automobile en Algérie, devraient contribuer également à booster l’industrie de l’assurance Takaful, proposée par deux sociétés publiques spécialisées.
Il s’agit de la compagnie d’assurance El Djazair Takaful et de la société d’assurance El Djazair El Moutahida Family Takaful, tandis que des guichets de Takaful appartenant à deux compagnies d’assurance classiques sont en activité sur le marché.
Evoquant le bilan de la branche de l’assurance Takaful en Algérie, le PDG d’El Djazair Takaful, s’appuyant sur les chiffres du Conseil national des assurances (CNA), a fait état d’un chiffre d’affaires de 93 millions de dinars à la fin du mois de septembre dernier.
Le marché de l’assurance Takaful a enregistré en 2022 un chiffre d’affaires de 48,4 millions de dinars, selon le bilan du conseil.
L’intervenant a précisé que l’assurance Takaful était « un type d’assurance, et non pas un produit d’assurance », différente de l’assurance classique, d’autant qu’elle a un caractère participatif permettant de gérer le secteur des assurances et de partager les risques entre la compagnie et l’assuré.
De son côté, le PDG de l’Algeria United Family Takaful, Chakib Kacimi El-Hassani, a mis l’accent sur la nécessité du volet relatif aux procédures fiscales en matière d’activité de l’assurance conforme à la charia, se félicitant à ce propos des mesures de facilitation de ce type d’assurance prévues dans le texte de loi de finances 2024.
Les mesures fiscales consistent essentiellement en des réductions de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) appliquée aux produits de l’assurance Takaful.
Après avoir salué la complémentarité entre les banques et les compagnies d’assurance Takaful, dans la mesure où de nombreuse institutions bancaires contribuent à la commercialisation des produits d’assurance conformes à la charia à travers leurs réseaux, M. Kacimi a souligné que l’assurance Takaful était supervisée par des comités charaïques dans chaque compagnie et par l’Autorité charaïque nationale de la fatwa pour l’industrie de la finance islamique relevant du Haut Conseil islamique (HCI).