Les plus hauts gradés de l’armée gabonaise, qui se sont réunis durant l’après-midi, ont désigné « à l’unanimité » le chef de la Garde républicaine, le général Brice Oligui Nguema, « président du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) », a annoncé un porte-parole à la chaîne de télévision Gabon 24.
« Le général Brice Oligui Nguema ordonne la reconnexion de la fibre optique et le rétablissement des signaux de chaînes radio-télévisées internationales (…). De plus, le président de la transition insiste sur la nécessité de maintenir le calme et la sérénité [et] prend l’engagement de préserver l’outil économique garant d’une prospérité sociale », a ajouté la même source.
Il faut rappeler que juste après l’annonce des résultats de l’élection présidentielle du 26 août, et la victoire pour un troisième mandat du Président sortant, Ali Bongo, avec un peu plus de 64% des suffrages, des militaires sont intervenus sur la chaîne de télévision publique Gabon 24 pour annoncer l’annulation des élections et la dissolution des institutions. « Nous mettons fin au régime en place », ont affirmé un groupe d’une douzaine de militaires gabonais mercredi 30 août à l’aube, annonçant que « les frontières sont fermées ».
Après avoir constaté « une gouvernance irresponsable, imprévisible, qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos (…), nous avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place », a déclaré un militaire à la télévision, disant s’exprimer au nom d’un « Comité de transition et de restauration des institutions (CTRI) ».
Entouré de sa famille et de ses médecins, « le président Ali Bongo est gardé en résidence surveillée », selon un communiqué lu à la télévision d’Etat par les militaires du CTRI. L’un de ses fils a été arrêté, notamment pour « haute trahison », ont également annoncé les soldats.
Dans une vidéo diffusée en début d’après-midi et dont on ignore l’heure de tournage, Ali Bongo est assis dans un fauteuil et dit être au palais présidentiel. Il appelle en anglais ses « amis » à « faire du bruit ». M. Bongo dit avoir été arrêté avec sa famille : « Mon fils [et conseiller Noureddin Bongo Valentin] est quelque part, ma femme, elle, est ailleurs. (…) Je ne sais pas ce qu’il se passe. »
Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, « condamne fermement la tentative de coup d’Etat », dénonçant « une violation flagrante » des principes de l’organisation continentale, dans un communiqué. Il « appelle l’armée nationale et les forces de sécurité à s’en tenir strictement à leur vocation républicaine, à garantir l’intégrité physique du président de la République, [Ali Bongo Ondimba], des membres de sa famille, ainsi que de ceux de son gouvernement ».
Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, « note avec une grande inquiétude l’annonce des résultats des élections dans le contexte d’informations concernant des violations graves des libertés fondamentales », appelant les forces de sécurité à « garantir l’intégrité physique du président de la République et de sa famille ».
A noter que l’opposant, Albert Ondo Ossa avait dénoncé des « fraudes orchestrées par le camp Bongo » deux heures avant la clôture du scrutin, samedi, et revendiquait alors déjà la victoire. Son camp a exhorté lundi M. Bongo à « organiser, sans effusion de sang, la passation du pouvoir ».
Avec AFP