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Gaid Salah, chef d’Etat ou chef d’Etat-Major?

Dans son dernier discours tenu aujourd’hui 2 septembre à l’occasion de son déplacement à la 4e région militaire, Ouargla, Ahmed Gaid Salah, Chef d’Etat major se prononce dans le costume du chef de l’Etat sur la convocation du corps électoral, qui est une prérogative du chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah.

 
Depuis le début du mouvement populaire, le Chef des armées s’est toujours impliqué dans les affaires politiques, qui normalement ne sont pas les siennes. Après plusieurs « ordres » donnés aux différentes institutions sous couverts d’appels, le voila encore une autre fois entrain de fixer la date de la convocation du corps électoral. « J’avais abordé lors de ma précédente intervention la priorité d’entamer sérieusement la préparation des élections présidentielles dans les quelques semaines à venir, et je confirme aujourd’hui, et partant de nos missions et prérogatives, ainsi que de notre respect de la Constitution et des lois de la République, que nous considérons qu’il est opportun de convoquer le corps électoral le 15 du mois de septembre courant, et que les élections puissent se tenir dans les délais fixés par la loi ; des délais raisonnables et acceptables qui répondent à une revendication populaire insistante » a-t-il ordonné aujourd’hui.
C’est la deuxième fois sous le règne de Abdelkader Bensalah que le corps électoral sera convoqué après l’échec de l’échéance du 04 juillet prévue par la constitution, suite à la démission forcée de Abdelaziz Bouteflika qui a postulé pour un 5e mandat rejeté par le peuple et l’institution militaire, qui a d’ailleurs, contraint le candidat à la démission de son poste de président de la république en appliquant l’article 102 de la constitution.
Ce n’est pas la première fois que Gaid Salah ordonne aux institutions à appliquer ses ordres. Il a déjà « appelé » la justice à sévir contre les manifestants qui portent le drapeau Amazigh. Le lendemain de cet appel, la police s’est mise à l’exécution des ordres en arrêtant plusieurs dizaines de manifestants, qui croupissent d’ailleurs depuis plus de deux mois aux différentes prisons du pays.
Au premier jour de la semaine qui a suivi les arrestations, la justice à mis sous mandat de dépôt ces manifestants, sous prétexte de « porter atteinte à l’unité nationale » en appliquant ainsi la disposition de l’article 79 du code pénal, contesté par les avocats de la défense, qui stipule « quiconque, hors les cas prévus aux articles 77 et 78, a entrepris, par quelque moyen que ce soit, de porter atteinte à l’intégrité du territoire national, est puni d’un emprisonnement d’une durée d’un (1) à dix (10) ans et d’une amende de trois mille (3.000) DA à soixante dix mille (70.000) DA. Il peut en outre être privé des droits visés à l’article 14 du présent code« .
Ainsi, l’institution militaire dévoile sans aucune opacité sa volonté et son ingérence dans les affaires politiques, sans toutefois assumer qu’elle sort de son cadre constitutionnel tout en insistant sur « la nécessité de rester dans le cadre constitutionnel ».
Cette nouvelle sortie intervient à la rentrée politique et sociale, au moment ou la rue a repris de plus belle. Les forces de l’alternative démocratique ainsi que la société civile, qui ne cessent d’investir la rue de plus en plus après avoir passé l’exercice difficile qui est le mois de Ramadhan et la période estivale. Les « Hirakistes » campent sur leur position et exigent une période de transition.
Mohcine Belabbes, président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), estime que « l’obstination du vice-ministre à assigner à l’institution militaire une mission qui ne fait nullement partie de ses prérogatives inquiète tous les patriotes soucieux du devenir national », quelques minutes après le nouveau discours de Ahmed Gaid Salah.
L’institution militaire et les tenants du pouvoir ne veulent pas faire, eux aussi, de concessions et insistent sur l’élection présidentielle. Quant au « panel de dialogue » dirigé par l’ancien ministre et ex-président de l’APN, Karim Younes, qui a pourtant intensifié ses activités et sorties ces derniers jours, ne sait plus sur quel pied danser, et ses jours sont désormais comptés malgré le salut de l’initiative par Gaid Salah, qui vient de le devancer par la convocation du corps électoral.
La réponse de la rue sera certainement entendue lors du prochain vendredi de contestation.

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