La commission électorale a confirmé jeudi la victoire aux législatives du parti au pouvoir en Géorgie, contestée par l’opposition pro-européenne et la présidente, qui a rejeté une convocation du parquet pour y détailler ses accusations de fraude.
Ce recomptage d’environ 12% des bureaux de vote et 14% des bulletins « n’a pas entraîné de modification significative des résultats officiels précédemment annoncés », a déclaré à l’AFP la commission électorale.
Elle confirme ainsi la large avance du Rêve géorgien, aux affaires depuis 2012, face à une coalition d’opposition. Selon les résultats officiels quasi définitifs, le premier est crédité de 53,9% des voix, contre 37,7% pour la seconde.
La coalition d’opposition accuse le Rêve géorgien d’avoir « volé » le scrutin, de vouloir remettre en cause l’adhésion à l’Union européenne de cette ex-République soviétique caucasienne et de s’être engagé « dans une dérive autoritaire prorusse ».
Le Premier ministre Irakli Kobakhidzé, qui estime au contraire que les élections ont été « entièrement justes, libres, concurrentielles et propres », a promis que « l’intégration européenne » restait la « principale priorité » de Tbilissi, et souhaité une reprise des discussions avec Bruxelles.
La Présidente exprime des doutes mais refuse de se présenter à la justice
Après avoir initialement annoncé la victoire de l’opposition pro-européenne sur la foi de sondages sortie des urnes, la présidente Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement, a refusé de reconnaître celle du Rêve géorgien, et dénoncé un système « sophistiqué » de fraudes suivant « une méthodologie russe ».
Convoquée par le parquet dans le cadre de l’investigation lancée sur cette « falsification présumée » du scrutin, Mme Zourabichvili a annoncé hier qu’elle n’avait « aucune intention » de s’y rendre.
Le ministère géorgien de l’Intérieur a lui annoncé l’arrestation de deux personnes, soupçonnés du bourrage d’une urne dans un bureau de vote de province. Le parquet a lui ouvert 47 dossiers judiciaires pour des faits présumés de violation de la loi électorale.
La formation d’opposition Géorgie forte voit dans ces enquêtes de l’esbroufe, et a raillé un « bureau du procureur contrôlé par la Russie ».
Le Kremlin a rejeté les accusations d’ingérence dans le processus électoral géorgien. Washington et Bruxelles, qui se sont inquiétées d’ »irrégularités », ont demandé des enquêtes.
Dans son rapport annuel sur l’élargissement publié mercredi, la commission européenne a prévenu qu’elle ne serait « pas en mesure de recommander l’ouverture de négociations d’adhésion » sauf à ce que la Géorgie « ne change de cap ».
Avec AFP