Ghaza : des munitions américaines utilisées par l’armée israélienne, selon Amnesty International

L’ONG Amnesty International a affirmé, dans un communiqué, qu’une enquête menée par ses soins conclut que l’armée israélienne a tué, les 10 et 22 octobre derniers, 43 civils, dont 19 enfants et 14 femmes, en utilisant des munitions américaines.
© DR | Bombardements sur Gaza

L’ONG Amnesty International (AI) a conclu, dans une nouvelle enquête, selon un communiqué rendu public aujourd’hui mardi 5 décembre 2023, que l’armée israélienne

« a utilisé des munitions d’attaque directe conjointe (Joint Direct Attack Munition , JDAM) de fabrication américaine lors de deux frappes aériennes meurtrières et illégales contre des maisons peuplées de civils dans la bande de Gaza occupée ». Amnesty a estimé que « ces deux frappes aériennes étaient soit des attaques directes contre des civils, soit des attaques ne faisant pas de distinction entre les militaires et les civils ». A cet effet, elle demande qu’une enquête soit menée sur ces attaques en tant que crimes de guerre.

Il s’agit d’ « une frappe aérienne israélienne menée le 10 octobre sur la maison de la famille Al-Najjar à Deir Al-Balah qui a tué 24 personnes, tandis qu’un autre raid le 22 octobre sur la maison de la famille Abu Muailiq dans la même ville a tué 19 personnes ». En somme, 43 personnes tuées dont 19 enfants et 14 femmes. Les deux maisons sont situées au Sud de Wadi Ghaza, ajoute la même source.

Ainsi, l’ONG « a trouvé des fragments distincts de munitions parmi les décombres de maisons détruites ». « Les survivants des deux raids ont déclaré à Amnesty International qu’ils n’avaient reçu aucun avertissement concernant l’imminence d’un raid », ajoute-t-on encore, tout en précisant que « les deux maisons sont situées au sud de Wadi Ghaza, dans la zone vers laquelle l’armée israélienne a ordonné aux habitants du nord de se déplacer le 13 octobre ».

« Les experts en armement et les analystes en télédétection d’Amnesty International ont examiné des images satellite, ainsi que des photographies prises par un employé de terrain d’Amnesty International, des dégâts sur les deux sites ciblés et des fragments de munitions trouvés dans les décombres. Compte tenu des dégâts importants causés à la cible et aux bâtiments environnants, la bombe qui a frappé la maison familiale Al-Najjar pesait probablement 2 000 livres, soit l’équivalent d’une tonne d’explosif. Quant à la bombe qui a frappé la famille Abu Muailiq et détruit leur maison, elle pesait probablement au moins 1 000 livres, soit une demi-tonne », a estimé AI.

« Dans les deux attaques, des bombes provenant de munitions d’attaque directe conjointe fabriquées aux États-Unis ont été utilisées », a confirmé l’ONG. Les images de fragments métalliques provenant des armes montrent clairement les rivets et le système de ceinture distincts, indiquant qu’ils faisaient partie du cadre entourant le corps de la bombe JDAM. De plus, les codes gravés sur les plaques des deux ensembles de fragments identifiés comme 70P862352 sont associés aux munitions JDAM fabriquées par Boeing. Des symboles supplémentaires apposés sur les plaques indiquent que les munitions d’attaque directe conjointe qui ont tué des membres de la famille Al-Najjar ont été fabriquées en 2017, tandis que les munitions d’attaque directe conjointe qui ont tué des membres de la famille Abu Muailiq ont été fabriquées en 2018 », affirme Amnesty International.

« L’utilisation par l’armée israélienne de munitions fabriquées aux États-Unis dans le cadre d’attaques illégales aux conséquences mortelles pour les civils devrait sonner l’alarme pour l’administration Biden », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International. « Les armes de fabrication américaine ont facilité les massacres de familles entières », a-t-elle ajouté.

« Face au nombre sans précédent de morts civiles et à l’ampleur des destructions à Ghaza, les États-Unis et les autres gouvernements doivent immédiatement cesser de livrer à Israël des armes susceptibles d’être utilisées pour commettre ou accroître le risque de violations du droit international. Le fait de contribuer délibérément à des violations contrevient à l’obligation de garantir le respect du droit international humanitaire. Un État qui continue de fournir des armes utilisées pour commettre des violations peut partager la responsabilité de ces violations », a estimé Amnesty International dans le même communiqué.

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