Quinze hauts responsables humanitaires des Nations Unies et d’organisations partenaires ont publié vendredi une déclaration appelant à la fin de l’assaut d’Israël sur Ghaza et sur les travailleurs humanitaires sur le terrain qui tentent d’aider plus de deux millions de Palestiniens bloqués dans l’enclave palestinienne.
« Nous, dirigeants de 15 organisations humanitaires et des Nations Unies (…) appelons l’État d’Israël à cesser son assaut sur Ghaza et sur les humanitaires qui tentent d’aider », écrivent les signataires de la déclaration.
La situation dans le nord de Ghaza est « apocalyptique »
Selon eux, la situation dans le nord de Ghaza est « apocalyptique ». « La zone est assiégée depuis près d’un mois, privée d’aide de base et de fournitures vitales tandis que les bombardements et autres attaques se poursuivent. Rien qu’au cours des derniers jours, des centaines de Palestiniens ont été tués, la plupart d’entre eux des femmes et des enfants, et des milliers ont été une fois de plus déplacés de force », soulignent-ils.
« Les hôpitaux ont été presque entièrement coupés de l’approvisionnement et ont été attaqués, tuant des patients, détruisant des équipements vitaux et perturbant les services de secours. Des personnels de santé et des patients ont été placés en détention », ajoutent-ils.
« Des dizaines d’écoles servant d’abris ont été bombardées ou évacuées de force. Des tentes abritant des familles déplacées ont été bombardées et des personnes ont été brûlées vives. Des équipes de secours ont été délibérément attaquées et empêchées dans leurs tentatives de sortir des personnes ensevelies sous les décombres de leurs maisons ».
Selon ces hauts responsables humanitaires, les besoins des femmes et des filles sont accablants et augmentent chaque jour.
Risque de famine
Les hauts responsables humanitaires ont également déclaré que l’ensemble de la population palestinienne du nord de Ghaza court un risque imminent de mourir de maladie, de famine et de violence.
« L’aide humanitaire ne peut pas répondre à l’ampleur des besoins en raison des contraintes d’accès. Les biens de première nécessité qui sauvent des vies ne sont pas disponibles. Les humanitaires ne peuvent pas faire leur travail en toute sécurité et sont empêchés par les forces israéliennes et l’insécurité d’atteindre les personnes dans le besoin », affirment-ils.
Nouveau coup dur pour la réponse humanitaire, la campagne de vaccination contre la polio a été retardée en raison des combats, mettant en danger la vie des enfants de la région.
Ils notent également que, cette semaine, le Parlement israélien a adopté une loi qui interdirait l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) et révoquerait ses privilèges et immunités.
« Si elle était mise en œuvre, de telles mesures seraient une catastrophe pour la réponse humanitaire à Ghaza, diamétralement opposées à la Charte des Nations Unies, avec des conséquences potentiellement désastreuses sur les droits humains des millions de Palestiniens qui dépendent de l’aide de l’UNRWA, et en violation des obligations d’Israël en vertu du droit international. Soyons très clairs : il n’y a pas d’alternative à l’UNRWA », affirment-ils.
Les attaques contre les civils doivent cesser
Les quinze hauts responsables humanitaires affirment que « le mépris flagrant de l’humanité fondamentale et des lois de la guerre doit cesser » et « le droit international humanitaire, y compris les règles de distinction, de proportionnalité et de précaution, doit être respecté ».
« Les attaques contre les civils et ce qui reste d’infrastructures civiles à Ghaza doivent cesser. L’aide humanitaire doit être facilitée. En outre, les marchandises commerciales doivent être autorisées à entrer à Ghaza. Les blessés et les malades doivent recevoir les soins dont ils ont besoin. Le personnel médical et les hôpitaux doivent être épargnés. Les hôpitaux ne doivent pas se transformer en champs de bataille. Les Palestiniens détenus illégalement doivent être libérés », ajoutent-ils.
Les signataires de la déclaration :
Joyce Msuya, Coordonnatrice des secours d’urgence et Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires par intérim (OCHA)
Nimo Hassan, MBE, Président du Conseil international des agences bénévoles (ICVA)
Jamie Munn, Directeur exécutif du Conseil international des agences bénévoles (ICVA)
Amy E. Pope, Directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM)
Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH)
Abby Maxman, Présidente et directrice générale d’Oxfam
Paula Gaviria Betancur, Rapporteure spéciale des Nations Unies sur les droits de l’homme des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays
Achim Steiner, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)
Anacláudia Rossbach, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat)
Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR)
Natalia Kanem, Directrice exécutive de l’Agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive, UNFPA
Catherine Russell, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF)
Sima Bahous, Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive d’ONU Femmes
Cindy McCain, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM)
Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)
Avec ONU Info