« Aucun des candidats n’a pu obtenir la majorité absolue des voix » au premier tour et, « par conséquent, le premier et le deuxième candidats » seront départagés par un second tour le 5 juillet, a déclaré devant la presse Mohsen Eslami, le porte-parole du service des élections au ministère.
Sur 14 élections présidentielles organisées depuis la révolution islamique de 1979, une seule s’est jusqu’à présent décidée au second tour, en 2005.
Vers 09H45 (06H15 GMT), sur 19,07 millions de bulletins dépouillés, le député Massoud Pezeshkian recueillait 8,30 millions suffrages et Saïd Jalili, ancien négociateur du dossier nucléaire, 7,19 millions. Ils devançaient nettement le président conservateur du Parlement, Mohamad Baquer Ghalibaf, crédité de 2,68 millions de voix. Loin derrière, le quatrième candidat, Mostafa Pourmohammadi, le seul religieux en lice, recueillait 158.314 suffrages.
Les autorités n’ont donné aucun chiffre sur la participation, alors que quelque 61 millions d’électeurs avaient été appelés à voter vendredi. Cette élection a été organisée dans la hâte après la mort du président conservateur Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère le 19 mai.
Elle est suivie avec attention à l’étranger alors que l’Iran, poids-lourd du Moyen-Orient, est au cœur de plusieurs crises géopolitiques, de la guerre à Gaza au dossier nucléaire, dans lesquelles il s’oppose aux pays occidentaux.
La plus haute autorité de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, avait appelé vendredi les électeurs à « prendre le vote au sérieux et à y participer ». Des opposants, notamment ceux de la diaspora, avaient appelé au boycott du scrutin.
Une forte participation était souhaitée par les autorités alors que la présidentielle de 2021, pour laquelle aucun candidat réformateur ou modéré n’avait été autorisé à concourir, avait été marquée par une abstention record de 51%.
Des candidats très différents
MM. Pezeshkian et Jalili sont deux personnalités aux profils et aux programmes très différents. Agé de 69 ans et chirurgien de profession, Massoud Pezeshkian est député de Tabriz, la grande ville du nord-ouest de l’Iran, et a une expérience gouvernementale limitée, qui se résume à un poste de ministre de la Santé de 2001 à 2005 dans le gouvernement réformateur de Mohammad Khatami.
Il s’est fait connaître pour son franc-parler, n’ayant pas hésité à critiquer le pouvoir lors du mouvement de protestation provoqué par la mort en détention de Mahsa Amini en septembre 2022. Il prône en outre un réchauffement des relations entre l’Iran et les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, afin de lever les sanctions qui affectent durement l’économie.
A contrario, Saïd Jalili, 58 ans, est partisan d’une politique inflexible face à l’Occident. Il l’a démontré durant les six années où il a mené les négociations sur le nucléaire iranien, entre 2007 et 2013. Tout au long de sa carrière, M. Jalili a accédé à des postes clés au sein de la République islamique en ayant la confiance du guide suprême, l’ayatollah Khamenei. Il est actuellement l’un de ses deux représentants au Conseil suprême de sécurité nationale, la plus haute instance sécuritaire du pays.
Sans publier les premiers résultats, la presse prenait position samedi matin selon son attachement politique. « Vive l’espoir », titrait le journal réformiste Sazandegi en publiant une photo de Massoud Pezeshkian, tandis que le quotidien gouvernemental Iran appelait à « voter pour l’autorité de l’Iran ».
Quel que soit le résultat, l’élection devrait avoir des répercussions limitées car le président a des pouvoirs restreints: il est chargé d’appliquer, à la tête du gouvernement, les grandes lignes politiques fixées par le guide suprême, qui est le chef de l’Etat.