« L’Afrique n’est pas le laboratoire de l’Europe », « les africains ne sont pas des cobayes », ce sont les cris d’indignation poussés par des internautes suite à une séquence de deux chercheurs français évoquant des tests de vaccin contre le coronavirus en Afrique.
Il s’agit de Jean-Paul Mira, chef de la réanimation à l’hôpital Cochin, à Paris, et Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm. Réunis lors d’un dialogue diffusé sur la chaîne française LCI. Les deux chercheurs discutent sur des futures études pour tester l’efficacité du vaccin du BCG contre le coronavirus, quand l’un deux propose l’Afrique comme terrain d’étude.
« Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation, un peu comme c’est fait d’ailleurs sur certaines études avec le sida, où chez les prostituées : on essaie des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées. Qu’est-ce que vous en pensez? » a proposé Jean-Paul Mira, chef de la réanimation à l’hôpital Cochin, à Paris.
Camille Locht rejoint les propos de son interlocuteur et lui répond qu’il a raison, « on est d’ailleurs en train de réfléchir en parallèle à une étude en Afrique avec le même type d’approche » a-t-il déclaré.
🚨Sur LCI, concernant la piste d’un vaccin BCG contre le #COVIDー19 :
— BalanceTonMedia (@BalanceTonMedia) April 2, 2020
« Si je peux être provocateur, ne devrait-on pas faire cette étude en Afrique ou y’a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation … ou chez les prostitués qui sont hautement exposées » pic.twitter.com/slwwi45Y7K
L’association SOS Racisme s’est indigné « des propos tenus par deux médecins hier sur LCI qui tombent d’accord à l’antenne sur le projet d’utiliser les Africains comme cobayes pour tester des vaccins contre le virus Covid-19 » a écrit l’association dans un communiqué diffusé jeudi soir.
« Il est inconcevable que nous continuons à accepter ceci. L’Afrique n’est pas un laboratoire.
Je dénonce vivement ces propos graves, racistes et méprisants! », s’est insurgé le célèbre joueur ivronien, Didier Drogba.
Il est inconcevable que nous continuons à accepter ceci. L Afrique n est pas un laboratoire.
— Didier Drogba (@didierdrogba) April 2, 2020
Je dénonce vivement ces propos graves, racistes et méprisants!
En plus de plusieurs ONG et personnalités publiques, nombreux internautes ont réagi à ces propos « provocateurs » et « racistes » portant le hashtag Afrique à la tête des tendances sur twitter.
L’Afrique n’est pas un labo.
— Maam Jaara Busó 🇸🇳🩸 (@KaneBousso) April 3, 2020
Nous ne sommes pas des rats de labo.#TestezChezVous… pic.twitter.com/MBLYLZEKr5
AFRICAINS, AFRICAINES,
— Gohou Michel (@GohouMichel1) April 3, 2020
SOYONS UNIS, NOUS NE VOULONS PAS DE CE VACCIN SUR NOTRE CONTINENT, QUE CEUX QUI L’ ONT TROUVÉ FASSENT LE TESTE SUR LEUS FAMILLES, SUR LEURS PEUPLES.
L’AFRIQUE N’ EST PAS UN TERRITOIRE DE COBAYES. pic.twitter.com/L6tWGsvauU
Non ! Nous disons NON !!! Que faut-il pour que nous soyons entendus ?! Ça fait des semaines que l’Afrique revendique contre ce vaccin. Nous ne sommes pas des cobayes ! https://t.co/r7EkffiXSO
— Salawa Alicia (@alicia_salawa) April 3, 2020
Suite aux cris d’indignation poussées sur les réseaux sociaux, l’Institut Inserm a réagi en estimant que c’est « Une vidéo tronquée, tirée d’une interview sur LCI d’un de nos chercheurs à propos de l’utilisation potentielle du vaccin BCG contre le CoVid-19 fait l’objet d’interprétations erronées sur les réseaux sociaux. Voici les bonnes explications ».
#FakeNews Une vidéo tronquée, tirée d’1 interview sur @LCI d’1 de nos chercheurs à propos de l’utilisation potentielle du vaccin #BCG contre le #COVID19 fait l’objet d’interprétations erronées sur les réseaux sociaux. Voici les bonnes explications. ⬇️⬇️ pic.twitter.com/3QRcLgOkso
— Inserm (@Inserm) April 2, 2020
Selon l’institut « des essais cliniques sont en cours ou sur le point d’être lancés dans les pays européens (Pays-Bas, Allemagne, France, Espagne…) et en Australie. S’il y a bien actuellement une réflexion autour d’un déploiement en Afrique, il se ferait en parallèle de ces derniers. L’Afrique ne doit pas être oubliée ni exclue des recherches » s’est justifié l’Inserm.