« Les chiffres réalisés cette année et les indicateurs de production sont à même de permettre au secteur d’arrêter graduellement l’importation d’ici trois ans », a précisé Bouazgui, qui était l’invité à la Radio nationale.
« Si nous arrivons à maintenir le même niveau, deux ou trois ans, nous pourrons arrêter l’importation des produits et biens agricoles », a-t-il ajouté.
Pour le ministre, ce niveau de production a été possible grâce aux moyens mobilisés par l’Etat pour l’investissement dans les domaines de la production, de l’élargissement des superficies irriguées, de la mise en valeur des terres et de l’encadrement des agriculteurs dans la mîtrise du processus technique de production en se basant sur les coopératives agricoles et les établissements publics relevant du secteur.
M. Bouazgui a qualifié, à ce propos, la production céréalière, qui a atteint cette année 60,5 millions de quintaux, de volume record par rapport à 2017.
Affirmant cependant que les résultats enregistrés dans la filière céréalière restent « insuffisantes » pour cesser actuellement les importations au vu de la grande demande en consommation et en transformation, il a estimé que le maintien du même rythme de production dans les deux prochaines années, permettra au pays de réaliser l’autosuffisance en matière de blé dur.
Par ailleurs, M. Bouazgui s’est félicité des résultats enregistrés en matière de production de lentilles, passée de 4.580 quintaux pour une superficie de 920 hectares en 2001 à plus de 300.000 quintaux pour une superficie de 27.000 hectares en 2018, soutenant que ce bilan augure d’une suspension des opérations d’importation d’une large gamme de légumineuse (lentille, pois chiche et haricot) au cours des prochaines années.
Se disant satisfait de la suspension de l’importation de plusieurs fruits et légumes, qui a eu un impact positif sur le produit local qui a réalisé un saut qualitatif, et ce, a-t-il dit, parallèlement au soutien de l’Etat, tant en termes d’infrastructures (barrages, routes, voies rurales et agricoles et l’électricité), qu’en termes de soutien direct apporté à l’agriculteur soit 50 à 60% de la valeur des outils, équipements et produits utilisés dans son activité.
« Le secteur progresse suivant les recommandations issues des dernières Assises nationales de l’agriculture et conformément au plan décidé par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika en 2009 à Biskra » (Bouazgui)
Le travail est axé actuellement sur la rationalisation du soutien apporté aux investisseurs et sur l’orientation des programmes vers les filières stratégiques ayant une valeur ajoutée pour le développement économique, à l’image des fruits et légumes, a encore expliqué le ministre.
A une question sur la fluctuation des prix de certains produits agricoles, à l’image de la pomme de terre, affichée à 80da/kg dans certains marchés, le ministre a affirmé que son département s’employait à organiser la distribution et à trouver des solutions aux problèmes liés à la spéculation et la multiplication des intermédiaires dans la chaîne de commercialisation, des problèmes, a-t-il expliqué, qui sont à l’origine d’une hausse de 30 à 80da du prix réel du produit.
Le ministre a fait savoir, à ce propos, qu’un programme a été mis en place pour la réalisation, par des opérateurs privés et des entreprises publiques, de dépôts de stockage.
Abordant la filière oléiculture, M. Bouazgui a indiqué que la filière comptait aujourd’hui 64 millions d’oliviers, dont 40 millions en production et 24 millions les deux prochaines années en sus d’exploitations agricoles de plus de 200.000 hectares et plus de 1.500 huileries modernes, ajoutant que le secteur tablait sur cette filière pour exporter d’importantes quantités au cours des deux prochaines années.
Les investissements dans les oliviers ont été étendus aux Hauts plateaux et au Sud (Ouargla, Djelfa, El-Bayadh, Biskra et Adrar), à travers la plantation de 2 millions d’olivier par an, a indiqué M. Bouazegui, affirmant que ces mesures faisaient suite à des recherches effectuées par des établissements du secteur au cours des dernières années.
Abordant le dossier de l’irrigation par des eaux non saines et le lien avec l’apparition de certains cas de choléra, le ministre a fait état de 86 infractions d’irrigation avec les eaux usées sur une superficie de plus de 4.000 hectares, précisant que les auteurs ont été déférés à la justice et ont fait l’objet de sanctions sévères.
Le ministre a rappelé, dans ce sens, l’existence d’une commission spécialisée qui suit les exploitations agricoles et qui veille à déjouer toute tentative d’irrigation avec des eaux usées, avant de rassurer que les produits agricoles destinés aux marchés sont « sains et contrôlés ».
S’agissant des activités de pêche et d’aquaculture, M. Bouazegui a relevé que les indicateurs laissent supposer un développement important de la filière dans les cinq prochaines années, grâce notamment à l’encadrement et à l’accompagnement des investisseurs.
Le nombre de demandes d’investissement dans la filière pêche et aquaculture a dépassé 300.000 au niveau local, a fait savoir le ministre de l’agriculture, qui a toutefois expliqué que cela ne permet pas d’accéder à une production de 300.000 tonnes par an en raison des faibles ressources halieutiques et des moyens modestes du secteur.
Soulignant que certes la filière a enregistré une certaine croissance, le ministre a indiqué qu’il reste en deçà du niveau de l’activité agricole en raison du retard dans le lancement des investissements, rappelant que la production halieutique et aquacole ne dépasse pas les 110.000 tonnes/an.