L’Algérie proteste « vivement » suite au placement en détention provisoire d’un de ses agents consulaires en France

Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, M. Lounès Magramane, a reçu samedi 12 avril 2025, l’ambassadeur de France en Algérie, M. Stéphane Romatet, pour lui exprimer la « vive protestation » de l’Algérie suite à la mise en détention provisoire d’un agent consulaire algérien exerçant en France dans le cadre de l’affaire dite « AmirDZ ».
© DR | Siège du ministère des Affaires étrangères

Aussitôt le dialogue renoué entre l’Algérie et la France, à la suite de l’entretien téléphonique que les deux Présidents, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, ont eu lieu le 31 mars dernier, et la visite qui s’en est suivie à Alger du chef de la diplomatie française, voilà qu’une autre « affaire » vient envenimer les relations.

En effet, l’Algérie a protesté, auprès de l’ambassade de France en Algérie, par rapport à la mise en examen et du placement en détention provisoire d’un agent consulaire algérien exerçant en France dans le cadre de l’affaire du supposé enlèvement de Amir Boukhors, dit AmirDZ.

« Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, M. Lounès Magramane, a reçu samedi, au siège du ministère, l’ambassadeur de France en Algérie, M. Stéphane Romatet », a iondiqué le ministère dans un communiqué.

« Cette audience a eu pour objectif d’exprimer la vive protestation de l’Algérie suite à la décision des autorités judiciaires françaises de mettre en examen et de placer en détention provisoire un de ses agents consulaires en exercice sur le sol français, dans le cadre de l’ouverture d’une information judiciaire sur un supposé enlèvement du voyou Amir Boukhors, dit AmirDZ, en 2024 », a ajouté la même source.

« L’Algérie rejette les motifs invoqués »

« L’Algérie rejette fermement, tant sur la forme que sur le fond, les motifs invoqués par le Parquet antiterroriste français, à l’appui de sa décision de mettre en détention provisoire son agent consulaire », a affirmé le ministère.

Et d’expliquer que « sur le plan de la forme, l’Algérie rappelle que l’agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique et en flagrante contravention aux immunités et privilèges rattachés à ses fonctions près le Consulat d’Algérie à Créteil ainsi qu’à la pratique prévalent en la matière entre l’Algérie et la France », et « sur le plan du fond, l’Algérie retient surtout la fragilité et l’inconsistance de l’argumentaire vermoulu et farfelu invoqué par les services de sécurité du Ministère de l’Intérieur français durant les auditions, laquelle appuie cette cabale judiciaire inadmissible sur le seul fait que le téléphone mobile de l’agent consulaire inculpé aurait borné autour de l’adresse du domicile de l’énergumène Amir Boukhors ».

A cet effet, ajoute le ministère, « l’Algérie appelle à la libération immédiate de l’agent consulaire placé en détention provisoire et exige que les droits rattachés à ses fonctions, aussi bien dans le cadre des conventions internationales que des accords bilatéraux, soient scrupuleusement respectés en vue de lui permettre de se défendre convenablement et dans les conditions les plus élémentaires ».

« Torpiller » le processus de relance des relations bilatérales

L’Algérie estime, ainsi, que « ce tournant judiciaire, inédit dans les annales des relations algéro-françaises, n’est pas le fruit du hasard et que son occurrence intervient dans un contexte bien déterminé et à des fins de torpillage du processus de relance des relations bilatérales convenu entre les deux Chefs d’Etat lors de leur récent entretien téléphonique ».

Un tournant « malheureux et malvenu », qui prouve, ajoute la même source, que « certaines parties françaises ne sont pas animées de la même volonté de revitalisation des relations bilatérales et que l’engagement des uns et des autres n’est pas à la confluence de la bonne foi et de la sincérité nécessaires à la réunion des conditions d’une reprise sereine du cours normal des relations bilatérales ».

En dernier lieu, l’Algérie estime que « ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations algéro-françaises et ne contribuera pas à l’apaisement ».

« L’Algérie n’a pas l’intention de laisser cette situation sans conséquences »

« L’Algérie n’a pas l’intention de laisser cette situation sans conséquences tout comme elle veillera à assumer pleinement et résolument la protection de son agent consulaire », a lancé le ministère des Affaires étrangères.

Pour rappel, plusieurs médias français dont « Le Monde », et citant le Parquet national antiterroriste (PNAT), ont rapporté, samedi 12 avril 2025, que trois personnes soupçonnées d’avoir enlevé AmirDZ i pendant vingt-sept heures, le 29 avril 2024, viennent d’être mises en examen et ont été placées en détention provisoire.

L’une de ces trois personnes est donc cet agent consulaire exerçant au Consulat d’Algérie à Créteil.

Selon Eric Plouvier, avocat d’AmirDZ, cité toujours par « Le Monde », les trois mis en cause sont poursuivies pour les chefs d’accusation de « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », et « arrestation, séquestration en relation avec une entreprise terroriste ».

Cette « affaire » intervient quelques jours seulement après la relance des relations qui étaient en crise pendant plusieurs mois.

AD-300-X-250