Débarqué de son poste de la DGSI (directeur général de la sécurité intérieure), le puissant général Wassini Bouazza, a été interpellé par les officiers de la direction de la sécurité de l’Armée, et serait depuis ce matin, dans leurs locaux à Ben Aknoun, à Alger. Prévisible, cette décision intervient quelques jours, après la nomination du général Abdelghani Rachedi pour le seconder comme directeur adjoint, avec « de larges prérogatives ».
Le limogeage, ce matin, du général Wassini Bouazza, de son poste de patron de la DGSI (Directeur général de la sécurité intérieure) était attendu, surtout après la désignation (unique dans les usages administratifs militaires) d’un directeur général adjoint, le général Abdelghani Rachedi, auquel, le président a donné « de larges prérogatives », tel qu’indiqué dans son décret de nomination.
Cette précision venait de mettre fin à la carrière de l’homme des services mais aussi à cette « guerre » au sommet de l’état qui aura duré quatre mois (12 décembre-12 avril). Il faut dire que le général Bouazza, s’est ouvertement déclaré contre la candidature de Tebboune, lors des dernières élections, au point de susciter la colère du défunt Gaid Salah, lors d’une réunion tenue (le patron de la DGSI et celui de la DCSA) deux jours avant sa mort.
Il avait même demandé au responsable de la DCSA d’enclencher une enquête sur « les agissements du patron de la DGSI ». L’enquête n’a pas vu le jour, mais la tension entre les centres de décisions au sommet de l’état n’a pas pour autant baissé.
De la résistance, des contre-décisions et des décisions parallèles se multiplient et souvent font scandale publiquement ou parfois empoisonnent les relations entre la présidence et les services qui dépendent, pourtant, de ses prérogatives. Qu’est-ce qui a fait déborder le vase ?
Est-ce le refus d’accepter la nomination d’un directeur général adjoint avec de « larges prérogatives » ? C’est ce qu’avancent certaines sources crédibles, qui rappellent l’absence du général Bouazza, à la cérémonie d’installation officielle du général Abdelghani Rachedi, dont la médiatisation sortait des usages militaires et préludait la fin du patron de la sécurité intérieure.
Tôt dans la matinée, le général a été interpellé chez lui, et conduit vers une caserne de la sécurité de l’armée, à Ben Aknoun, où il était interrogé par des officiers de la police judiciaire militaire sur plusieurs griefs liés à des dossiers qu’il aurait traité « en dehors de toute légalité » et qui pourraient le mener vers le tribunal militaire.
Menée depuis plusieurs jours par le patron de la DCSA, l’enquête aurait été ficelée avant même la désignation du général Rachedi et la déclaration du chef de l’Etat-major de l’ANP, Said Chengriha, qui a lancé des messages révélateurs sur la « fin d’une guerre de clan », en disant que « depuis son élection à la tête de la République algérienne, le Président Abdelmadjid Tebboune a démontré sa totale confiance à l’institution militaire en saluant à maintes reprises le rôle de l’ANP dans la préservation des institutions de l’Etat ainsi que la sauvegarde du pays de toutes tentatives de déstabilisation. Le témoignage du Président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, reflète la confiance et la cohérence totale entre le Président et l’ANP (…) Notre Armée jouit de la pleine confiance du Monsieur le Président, étant le meilleur gardien de cette confiance dans le passé, le présent et l’avenir ».
Il vient de demander, aujourd’hui, lors de l’installation du général Rachedi, comme successeur par intérim de Bouazza, aux officiers de la DGSI de se « mettre sous les ordres du nouveau chef, d’agir dans le respect de la loi et dans l‘intérêt du pays ».