Jon Fosse, écrivain de 64 ans, a reçu, ce jeudi, le prix Nobel de littérature « pour ses pièces de théâtre et sa prose novatrices qui ont donné une voix à l’indicible ». « Je suis bouleversé et reconnaissant. Je considère qu’il s’agit d’une récompense pour la littérature qui vise avant tout à être de la littérature, sans autre considération », a réagi Jon Fosse dans un communiqué. Son nom figurait dans le top 5 des sites de paris, dont les pronostics se sont avérés étonnamment corrects ces dernières années.
Après des études littéraires, l’écrivain fait ses débuts en 1983 avec Rouge, Noir, un roman où un jeune homme règle ses comptes avec le piétisme. Le style, marqué par de nombreuses projections dans le temps et une alternance des points de vue, deviendra sa marque de fabrique. Suivent, entre autres, la Remise à bateaux (1989), qui lui fait gagner l’estime de la critique, et Melancholia I et II (1995-1996), autre œuvre majeure. Son dernier coup de maître, Septologien – sept chapitres répartis en trois volumes –, exploite la rencontre d’un homme avec une autre version de lui-même pour soulever des questions existentielles avec, comme toujours, une ponctuation parcimonieuse et imprévisible.
Fosse vient au théâtre presque par nécessité : sans revenus réguliers, il accepte au début des années 90 d’écrire le début d’une pièce, y prend goût et décide d’aller jusqu’au bout (Quelqu’un va venir). Finalement, c’est ce genre qui lui assurera sa notoriété internationale. Après Et jamais nous ne serons séparés en 1994, s’enchaîneront Un jour en été, Rêve d’automne ou encore Je suis le vent. Rompant une pause d’une décennie, il se surprend lui-même en renouant avec le genre en 2021, avec la pièce Sterk Vind (non traduite).
Avant de recevoir le prix Nobel, le sexagénaire a déjà été primé à de nombreuses reprises en Norvège. Mais pas seulement. En novembre 2014, il est distingué par le prix européen de littérature, tandis qu’en 2007, la France le fait chevalier de l’Ordre national du mérite.
En récompensant un auteur moins connu du grand public, l’académie n’a donc pas fait de choix engagé cette année. Il y avait d’autres favoris bien plus politiques, à l’image de l’auteur des Versets sataniques, Salman Rushdie, poursuivi par une fatwa prononcée par l’Iran pour ses Versets sataniques (1988) et victime d’un attentat en août 2022. Ou encore l’opposante russe à Poutine Ludmila Oulitskaïa.
La saison 2023 des Nobel a été lancée lundi par le prix de médecine. La Hongroise Katalin Kariko et l’Américain Drew Weissman, pionniers de l’ARN messager, la technologie qui a ouvert la voie à la découverte des vaccins contre le Covid-19, ont été récompensés. Mardi 3 octobre, cette fois pour le Nobel de physique, trois physiciens – Ferenc Krausz, Pierre Agostini et Anne L’Huillier – ont été récompensés pour leurs travaux sur les impulsions laser très courtes permettant de suivre le mouvement ultra-rapide des électrons à l’intérieur des molécules.
Enfin, pour la chimie, les chercheurs Moungi Bawendi, Louis Brus et Alexei Ekimov ont été récompensés mercredi 4 octobre pour « la découverte et la synthèse de points quantiques », des avancées majeures dans le domaine des nanotechnologies. La saison continue vendredi 6 octobre avec le prix Nobel de la paix, et le 9 octobre, celui de l’économie.