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L’enseignement de Tamazight est-il vraiment retiré du calendrier ?

Une polémique a éclaté, ces deux derniers jours, autour du réaménagement des horaires de l’enseignement de la langue tamazight dans le programme scolaire pour l’année 2021-2022. Le ministère de l’éducation nationale a affirmé « qu’il n’y a aucune mauvaise intention derrière cette décision ».

Le département de Abdelkrim Belabed, ministre de l’éducation, a décidé, en effet, de réduire le volume horaire de la langue Tamazight ainsi que plusieurs autres matières dans le but « d’adapter le système scolaire aux conditions de l’épidémie de la COVID-19 ». En vertu de cette décision, le ministère a alloué 2 heures par semaine à la langue tamazight en laissant la flexibilité aux responsables des établissements moyens de l’organisation de l’emploi du temps de cette matière, ce qui signifie qu’elle n’a pas d’emploi du temps fixe et stable.

L’annonce a été faite dans une circulaire du ministère, rendue publique le 14 août en cours, portant organisation “exceptionnelle” des élèves des trois paliers d’enseignement.

Cette décision a suscité la colère des défenseurs de l’Amazighité qui ont revendiqué “le respect de cette langue pourtant nationale et officielle“. À titre d’exemple, le Coordination Nationale des Inspecteurs de Langue Amazighe (CNILA) qui a répondu, le samedi 28 août, à cette démarche en promettant d’envoyer un courrier au ministre du secteur, Abdelhakim Belabed, dans le but d’“attirer son attention sur les arrières pensées et les conséquences d’une telle décision, pour le moins inattendue”.

Dans son communiqué, la CNILA a affirmé que le courrier a pour objectif de “rappeler les devoirs de l’État envers l’enseignement de la langue amazighe”, ajoutant qu’elle y avait émis “des propositions pour une meilleure prise en charge de cet enseignement, répondant effectivement aux ambitions des algériennes et algériens“.

Pour sa part, le Haut Commissariat de l’Amazighité (HCA) a informé, hier dans un communiqué, qu’il attendait “une rencontre de concertation” avec le ministère de l’Education nationale “dans les prochains jours” pour examiner “les mesures nécessaires à prendre pour poursuivre le renforcement et la consécration de l’enseignement de tamazight conformément aux engagements de l’Etat“.

De son côté, le département de l’éducation a assuré au journal El-Watan que cette décision n’a aucune volonté de toucher à cet acquis, ajoutant qu’il s’agit d’“une compression du volume horaire général et d’une adaptation à la crise sanitaire“. “Il n’y a aucune mauvaise intention derrière cette décision“, affirme-t-il.

Selon l’agence officielle APS, le ministère de l’Education nationale a précisé “qu’il n’était pas mentionné dans la circulaire l’enseignement de Tamazight en dehors du volume horaire officiel”, affirmant que son document “prévoit dans ses dispositions organisationnelles la poursuite de la scolarisation, en dépit des conditions exceptionnelles dictées par la crise sanitaire induite par la pandémie (Covid-19), à savoir la distanciation physique et le maintien du travail par groupes et l’alternance des groupes, les cours devant être dispensés au quotidien, soit la matinée ou l’après-midi”.

Le département d’Abdelhakim Belabed a assuré que, contrairement à ce qui est relayé sur les réseaux sociaux,  les cours de Tamazight “ne seront pas dispensés en dehors du volume horaire officiel ou pendant le week-end, ce qui signifie que son enseignement n’obéit pas au principe d’alternance” expliquant “qu’il est entendu par la programmation des cours de Tamazight en dehors de la période d’enseignement par alternance de chaque groupe, son enseignement pendant une période exceptionnelle, le matin ou l’après-midi pendant les jours de cours“.

Il est à rappeler que la langue Tamazight a été constitutionnalisée en 2002 comme langue nationale pour devenir officielle dans la constitution amendée en février 2016, et ce, suite aux longs combats menés par défenseurs de l’identité Amazighe.

Les efforts de ces militants ont commencé à porter leurs fruits à partir des années 1990 où la reconnaissance officielle de Tamazight, langue, culture et identité, a fait ses premiers pas notamment avec l’ouverture des départements de langue et culture Amazighes à l’université de Tizi-Ouzou en 1990 puis à Bejaïa, en 1992. Ces deux départements ont permis à la recherche sur la langue et la culture Amazighes de se développer et d’acquérir une large documentation en proposant des thèses et des mémoires.

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