Les intervenants, en l’occurrence Mustapha Bouchachi, Zoubida Assoul, Abdellah Heboul, Abdelghani Badi et Saïd Zahi, ont relevé toutes les irrégularités entachant l’affaire du journaliste de son arrestation à son placement sous mandat de dépôt et la fermeture intrigante de ces médias. Rappelant qu’El Kadi Ihsane a été poursuivi en vertu des articles 95, 95 bis, 96, 96 bis du code pénal ainsi que l’article 8 de l’ordonnance 79-03, Me Abdellah Heboul affirme « que toutes les infractions sont à caractère politique ».
« C’est à la partie judiciaire d’apporter des preuves que le journaliste tombe réellement sous le coup de ces articles. Car il s’agit là de juger les intentions et non pas des faits », lance-t-il. Et de marteler : « L’origine et cette poursuite est politique et la couverture juridique est très fragile ». L’ancien magistrat devenu avocat et un des fervents défenseurs des détenus politique et d’opinion, assure également que la mise sous scellées des locaux de Maghreb Emergent et Radio M ne repose sur aucune base juridique, d’autant qu’il n’y a aucune décision judiciaire qui l’a ordonné.
Sur sujet, Saïd Zahi rappelle que dans cette affaire El Kadi Ihsane a été poursuivi en tant que personne physique. « Interface Média qui édite les deux médias est une personne morale. Elle est composée de 29 actionnaires et d’un conseil d’administration. El Kadi Ihsane n’est que le directeur en plus du fait qu’il est un célèbre journaliste algérien. Il assume ses responsabilités conformément au règlement intérieur de cette entreprise commerciale », précise-t-il.
Selon lui, il n’existe aucun texte de loi autorisant la mise sous scellées d’une entreprise commerciale. « Ce qui prouve que la poursuite contre le journaliste est purement politique », assène-t-il. Appuyant cet argumentaire, Abdelghani Badi souligne que « la citation de ces articles pour justifier les poursuites contre El Kadi Ihsane n’a pas pour but de chercher les sources de financement, mais le but est politique : « c’est l’interprétation des intentions du journaliste ».
Abdelghani Badi relève, dans la foulée, cette chape de plomb mise en place pour empêcher toute solidarité avec le journaliste et les victimes de l’arbitraire.
« Une phase dangereuse pour l’Algérie »
Prenant la parole, Mustapha Bouchachi soutient que le journaliste, El Kadi Ihsane n’a commis aucun délit condamnable par la loi. « Il était poursuivi dans des affaires qualifiées de crimes, mais il n’avait pas été placé en détention. Pourquoi cette fois-ci ? Cette poursuite est politique et le but est de fermer le dernier canal ouvert à toutes les sensibilités politique du pays », déplore-t-il, affirmant que le pays traverse « l’une des pires périodes de son histoire ».
« C’est une phase dangereuse pour l’Algérie. Les régimes a réduit au silence l’opposition et tous les médias, alors que le pouvoir judiciaire a disparu et il est devenu un instrument entre les mains du régime », lance-t-il. Zoubida Assoul, pour sa part, souligne le fait que les « lois en vigueur ne sont pas conformes à la lettre et à l’esprit de la Constitution ».
« Nous traversons une période grave. Tout récemment, le procureur de la république a requis la peine de mort contre un commerçant qui a stocké 60 bidons de l’huile. Il y a une sérieuse menace sur la sécurité légale », dénonce-t-elle. En communiquant les détails sur cette affaire, les avocats annoncent leur volonté d’engager des actions pour d’abord lever les scellées sur le siège d’interface média, en plus de la défense du journaliste illégalement incarcéré.