Les Espagnols aux urnes ce dimanche pour élire de nouveaux députés et sénateurs

Les Espagnols se rendent ce dimanche aux urnes pour des élections législatives et sénatoriales anticipées, un scrutin qui s'annonce décisif au regard des enjeux à relever par le prochain vainqueur, en vue de réparer les préjudices subis au cours de ce dernier mandat sur tous les plans.
© DR | Les Espagnols aux urnes ce dimanche pour élire de nouveaux députés et sénateurs

C’est la dernière ligne droite. L’Espagne a commencé à voter, dimanche 23 juillet, pour des élections législatives anticipées cruciales. L’opposition de droite est donnée grande favorite par les sondages. Ce scrutin pourrait également amener l’extrême droite au pouvoir.

Les bureaux de vote ont ouvert à 9 h locales (7 h GMT). Quelque 37,5 millions d’électeurs sont appelés à renouveler pour quatre ans les 350 membres du Congrès des députés et à élire 208 sénateurs.

Des quatre principaux candidats, le Premier ministre sortant, le socialiste Pedro Sanchez, a été le premier à voter, vers 9 h 10, en compagnie de son épouse. Cette élection est « très importante (…) pour le monde et pour l’Europe », a-t-il déclaré à la presse, détendu et souriant, à la sortie du bureau de vote dans le centre de Madrid, affirmant avoir « de bonnes sensations » concernant le résultat.

Il a surtout souhaité « une participation historique », afin que le gouvernement qui sortira des urnes soit « un gouvernement fort pour que l’Espagne puisse avancer durant les quatre prochaines années ».

Près de 2,5 millions de personnes ont déjà voté par correspondance, un nombre record dû au fait que ce scrutin se déroule, pour la première fois, en plein été.

Le vote s’achèvera à 20 h (18 h GMT) mais en raison de l’absence de sondages de sortie des urnes, il faudra attendre environ une heure pour la publication des premiers résultats.

Le Parti populaire favori

À l’approche des élections européennes de 2024, le basculement à droite – avec peut-être la participation au pouvoir de l’extrême droite – de la quatrième économie de la zone euro, après celui de l’Italie l’an dernier, constituerait un revers cinglant pour les gauches européennes.

Cela serait d’autant plus symbolique que l’Espagne exerce actuellement la présidence tournante de l’UE.

Toutes les enquêtes d’opinion publiées jusqu’à lundi estimaient une quasi-certaine victoire du Parti populaire (PP, droite) d’Alberto Nuñez Feijoo, 61 ans, mais le fait que leur publication soit interdite pendant les cinq jours précédant le scrutin incite à la prudence.

D’autant qu’il restait de nombreux indécis en début de semaine et qu’on ignore l’effet de la date de cette élection, accompagnée de températures très élevées, sur la participation.

Alberto Nuñez Feijoo a pour objectif d’atteindre le chiffre magique de 176 députés, qui lui donnerait la majorité absolue des 350 sièges du Congrès des députés. Mais pas un seul sondage n’a envisagé un tel score pour le PP.

Il devrait donc avoir recours à une alliance. Or, son seul partenaire potentiel est Vox, un parti d’extrême droite, ultranationaliste et ultraconservateur, né en 2013 d’une scission du PP.

La campagne d’Alberto Nuñez Feijoo a d’ailleurs été sérieusement perturbée par les tractations du PP avec Vox pour établir des pactes dans plusieurs régions prises à la gauche lors des élections locales du 28 mai. Car le parti d’extrême droite n’a fait aucun compromis sur ses priorités, notamment le refus du concept de violence de genre, le rejet des transgenres et la négation du changement climatique.

Le leader de Vox, Santiago Abascal, a déjà averti le PP que le prix de son soutien serait une participation à un gouvernement Feijoo, ce qui marquerait le retour de l’extrême droite au pouvoir, près d’un demi-siècle après la fin de la dictature franquiste.

Vers une alliance PP/Vox ?

S’il l’emporte, Alberto Nuñez Feijoo, qui décrit le PP comme « un parti de centre-droit réformiste », devrait donc sans doute s’allier avec l’extrême droite pour pouvoir gouverner.

Jusqu’au bout, il a maintenu le flou sur ses intentions. « À deux jours du scrutin, un candidat ne doit pas dire avec qui il va s’allier », affirmait-il vendredi dans une interview au quotidien El Mundo, ajoutant qu’un gouvernement de coalition avec Vox « n’est pas l’idéal ».

Donné battu après la déroute de la gauche lors des élections locales, qui l’avait convaincu de convoquer ce scrutin anticipé, Pedro Sanchez, 51 ans, a fait de Vox un épouvantail afin de jouer sur la peur de l’extrême droite.

Dénonçant « le tandem formé par l’extrême droite et la droite extrême », qu’il considère comme bonnet blanc et blanc bonnet, le Premier ministre sortant, qui a mis en avant la carte européenne, a affirmé qu’un gouvernement de coalition PP/Vox « serait non seulement un recul pour l’Espagne » sur le plan des droits, « mais aussi un sérieux revers pour le projet européen ».

Pour lui, la seule alternative à un gouvernement PP/Vox est le maintien au pouvoir de l’actuelle coalition de gauche, mise sur pied en 2020, entre son Parti socialiste et la gauche radicale.

Du côté de celle-ci, Podemos, qui fut pendant trois ans un partenaire incommode de Pedro Sanchez, a été absorbé et remplacé cette année par Sumar, formation dirigée par la ministre sortante du Travail, la communiste et très pragmatique Yolanda Díaz.

Avec AFP