Les 39 membres de l’exécutif sont tous installés. Place maintenant au travail. Le chef de l’Etat, élu à l’issue d’un scrutin très contesté qui a enregistré un record d’abstention dépassant les 60% des électeurs, semble vouloir se mettre rapidement à l’œuvre pour faire oublier cet handicap de taille.
Ainsi, cette première réunion du Conseil des ministres devra dépasser une simple prise de contact du président de la République avec le staff gouvernemental. Il devra être une opportunité pour fixer le cap et inciter son équipe à relever les défis qu’il s’est engagé, lui-même, à assumer.
« La composition du gouvernement se veut le lancement du changement économique en Algérie, conformément aux promesses faites par le président de la République lors de sa campagne électorale et affirmées dans son discours à la nation lors de la prestation de serment », avait, rappelons-le, précisé le porte-parole officiel de la présidence de la République, Belaïd Mohand Oussaïd.
Que dira Abdelmadjid Tebboune lors de cette occasion ? Quelles sont les priorités pour ce début de mandat ? Certes, depuis son investiture, le 19 décembre dernier, le président de la République ne s’est pas exprimé publiquement.
Il s’est contenté d’engager des négociations avec certains acteurs politiques, dont l’ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, qu’il avait reçu au siège de la présidence de la République. Mais il n’y avait pas d’autres communications au sujet de ces consultations.
Cependant, le premier défi auquel il souhaite s’attaquer est d’ordre économique. La composante de son gouvernement, caractérisé par la création de nouveaux sous-portefeuilles dédiés à l’entreprise et à l’innovation, donne déjà une idée sur ses intentions.
Face à une crise économique aiguë et la fonte rapide des réserves de change, descendues à 50 milliards de dollars (moins d’une année d’importations), Abdelmadjid Tebboune tente de relancer la machine économique, en panne depuis plusieurs mois. Il devra, à cet effet, redonner confiance aux entreprises frappées de plein fouet par la crise.
Le Hirak : un vrai casse-tête pour lui
Mais parallèlement au chantier économique, Abdelmadjid Tebboune fait face à un vrai casse-tête : le Hirak qui se poursuit avec plus de détermination. Que fera-t-il pour tenter de désamorcer cette crise politique ?
Un piège. En programmant la présidentielle du 12 décembre dernier, le pouvoir en place pensait que le mouvement populaire allait être découragé et, par conséquent, s’essoufflera. Il n’en fut rien. Les mobilisations enregistrées durant les derniers vendredis devront lui donner à réfléchir et à relancer, éventuellement, son appel au dialogue. Mais autour de quoi et avec qui ? Il devra répondre sur cette question.
Le nouveau président qui s’est aussi engagé à réviser, « dans les prochaines semaines », la Constitution doit aussi fixer une échéance, maintenant qu’il est installé au palais d’El Mouradia.