La secrétaire générale du parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune dénonce à nouveau l’instrumentalisation de la justice à des fins inavouées. S’exprimant lors d’une conférence de presse animée, aujourd’hui à Alger, elle émet des doutes sur les visées de cette opération qualifiée par certains « d’opération mains propres ».
« Nous avons entendu le chef d’Etat-major de l’ANP dire qu’il s’est enquis des dossiers de corruption. C’est-à-dire ces dossiers sont anciens. Pourquoi la justice n’avait pas bougé par le passé ? Est-elle devenue, comme par enchantement, libre et indépendante ? », s’interroge-t-elle, précisant que le PT était le premier à demander la lutte contre la corruption.
Selon elle, cette opération est, en réalité, une « diversion » confirmée notamment avec le cas du PDG du groupe Cevital, Issad Rebrab, placé en détention depuis près de 10 jours. « Le cas d’Issad Rebrab est une diversion pour faire croire qu’il n’y a pas de justice sélective et qu’il n’y a pas de règlement de comptes. C’est-à-dire même celui qui était victime de la famille Bouteflika ou de ses proches, lui-aussi, va en prison. Il en est de même pour certains cadres qui ont été limogés », précise-t-elle.
Louisa Hanoune rappelle ainsi la réponse du mouvement populaire aux initiateurs de cette opération. « La réponse de la majorité était en ne peut plus claire : elle demande le départ de tous le système que la justice devient indépendante et pourra, par la suite, procéder au jugement de tous les corrompus et les prédateurs », précise-t-il.
« Implication de l’armée en politique pour sauver le système »
Louisa Hanoune dénonce aussi l’intensification des barrages de la gendarmerie pour boucler la capitale, Alger, à la veille de chaque vendredi. « Cela démontre les intentions de ceux qui ont donné cet ordre. La majorité des Algériens refuse clairement l’instauration d’un régime militaire. Il y a une conscience chez la majorité des Algériens qui aspire à l’instaurer un Etat réellement démocratique », explique-t-elle.
Selon elle, le rejet massif du scrutin présidentiel du 4 juillet prochain est une preuve que les Algériens ne sont pas dupés. « Les Algériens veulent se libérer de ce système corrompu. Mais une minorité qui veut se maintenir, implique l’armée dans la politique pour la sauver et sauver le système », affirme-t-elle.
Louisa Hanoune met en garde aussi contre une volonté d’instaurer un régime militaire. Pour elle, l’appel au dialogue lancé par le général du corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, au dialogue « rappelle ce qu’a fait le général Sissi en 2013, après la chute du Président Morsi ».
« Ceux qui suggèrent le dialogue ou trouve positif l’appel au dialogue avec l’ANP savent-ils que cela prépare à une situation à la soudanaise ou tout au moins à l’égyptienne avec leurs conséquences terribles sur la souveraineté nationale ? », s’interroge-t-elle encore.
Louisa Hanoune précise, dans ce sens, que « l’Algérie n’est pas l’Egypte, ni dans son passé, ni dans son présent. L’écrasante majorité n’est pas dupe et le 22 février a commencé une véritable révolution ».