Louisa Hanoune, présidente du parti des travailleurs (PT) a déclaré lundi, dans un entretien avec le quotidien arabophone El-Khaber, que l’absence du Président Abdelmadjid Tebboune, qui est hospitalisé depuis le 28 octobre en Allemagne, augmente « l’incertitude », pointant une anarchie au niveau du gouvernement.
« Ce qui est certain, c’est que la maladie du président et son absence sont un facteur qui augmente l’incertitude, d’autant plus que la façon dont le gouvernement communique est très étrange, et c’est ce qui cause la consternation parmi les citoyens. De nombreuse questions sont soulevées parce que le président n’est pas apparu », a déclaré Louisa Hanoune au quotidien El Khaber.
La Présidente du PT a d’emblée critiqué la communication du gouvernement sur l’état de santé d’Abdelmadjid Tebboune qui est hospitalisé en Allemagne depuis le 28 octobre dernier.
« On suppose que la santé du président, comme c’est le cas dans les pays qui fonctionnent sur la base d’un niveau minimum de transparence, est une question que les citoyens ont le droit de connaitre. mais la culture du système héritée de l’époque du parti unique perpétue le secret sur cette question », a-t-elle critiqué.
« Le problème cette fois », poursuit-elle, « c’est que la maladie du président est venue dans le contexte d’une crise politique et sociale sans précédent, à laquelle s’est ajoutée la crise sanitaire, qui a créé des conditions dangereuses ».
Sur la gestion durant l’absence du Président, Louisa Hanoune a pointé une anarchie au niveau de la gouvernance. « Il est frappant que les ministres, au milieu de tout cela, agissent dans leurs secteurs au gré des caprices, comme si nous étions dans une situation non étatique. Nous entendons des décisions très dangereuses qui dépendent du sort du pays ».
« Les fonctionnaires qui parlent au nom du pouvoir, aucun d’eux ne communique avec lui, et personne ne peut prétendre qu’il reçoit des instructions de sa part. Et ce qui est étrange c’est que des décisions sont prises, comme s’il s’agissait d’une situation normale », a-t-elle pointé.
Questionnée sur ces décisions, la cheffe de parti déclare que celles-ci sont spécifiquement liées à l’orientation économique. Elle cite comme exemple, « le retour à l’endettement extérieur et la privatisation. Tout comme le ministre des Finances annonce l’ouverture du capital de deux banques publiques, comme prétendue solution pour apporter de nouvelles ressources pour faire face à la crise ».
Louisa Hannoune évoque également le projet de loi de finance 2021 adopté le mois dernier par l’Assemblée populaire nationale et le Sénat. « Dans la loi de finances 2021, il n’y a pas d’enveloppe budgétaire pour sauver les institutions, créer des emplois et améliorer le pouvoir d’achat », pour surmonter les effets de la pandémie qui, selon elle, ont causé la perte de plus de 3 millions d’emplois.
« Trois millions d’emplois perdus »
En effet, Louisa Hanoune a démenti dans son entretien les informations fournies par le gouvernement selon lesquelles « 500 000 emplois ont été perdus depuis le début de l’épidémie ».
« Ce n’est pas vrai », dément-elle, « car il y a des études indépendantes, jusqu’en juillet dernier, confirmant la perte d’environ deux millions d’emplois. Sur les 7 millions de travailleurs permanents en Algérie 3 millions d’entre eux ont cessé de travailler, dont 60% dans le secteur privé et 35% dans le secteur public », a-t-elle avancé.
Dans le même contexte, Louisa Hanoune a dénoncé la décision » autoritaire » du ministre du Transport, Lazhar Hani, de maintenir la suspension sur le transport entre wilayas, avançant que 360000 familles sont désormais sans revenus à cause de cette décision.
« Seulement quelques travailleurs ont pu bénéficier de l’allocution de 30,000 DA », poursuit Louisa Hanoune, « nous pensons que cette dérision de la souffrance des citoyens a atteint son paroxysme, et nous prévoyons que la deuxième vague de la révolution du 22 février 2019 aura un contenu social distinct sans renoncer aux revendications politiques car elles sont interconnectées », a-t-elle prévu.