C’est aux côtés de Reslane Lounici, modérateur et l’animateur de la conférence que, six auteurs algériens et européens, réunis à Alger ont répondu présents à l’événement afin de débattre et partager leurs réflexions, leurs interrogations, mais également leurs craintes sur les conséquences de l’intelligence artificielle face au domaine littéraire.
Dans un premier temps, Son Excellence, l’Ambassadeur de l’Union Européenne en Algérie, MR Thomas Eckert a donné le coup d’envoi de la 14e édition des Rencontres Euro-Algériennes, en souhaitant que « cet événement soit une occasion de célébrer la puissance de la littérature et de consolider les amitiés entre les rives de la Méditerranée ». Avant de nous donner rendez-vous au SILA (Salon International du Livre d’Alger) qui se tiendra aux Pins-Maritimes du 26 octobre au 4 novembre 2023.
Trois panels ont été abordés, le premier intitulé « Quand la fiction devient réalité », avec comme intervenants Magdalena Platzova, autrice Tchèque de plusieurs livres, dont plusieurs ont été finalistes de prestigieux prix internationaux. Et Hamza Koudri, auteur émérgent, titulaire d’un Master en littérature et civilisation anglaises, ayant contribué à divers programmes éducatifs et culturels.
Interrogée sur le but de l’écriture, mais aussi sur l’impact de l’intelligence artificielle face à l’écriture et aux émotions, Magdalena Platzova souligne qu' »Ecrire c’est communiquer, c’est faire sens de la vie, de mes expériences et de mon vécu ». Et d’ajouter : « Le sens de la littérature c’est l’authenticité et l’objectivité, je ne sais pas vraiment quoi penser, nous n’avons pas de recul nécessaire pour analyser tout ça, tout va très vite avec l’intelligence artificielle. Si je renonce à ma subjectivité, à ma singularité, quel est l’essentiel ? La machine ne peut pas aimer, ne peut pas avoir d’enfants, ni même mourir, et nous, en tant qu’humains, on lit pour partager et avoir de l’expérience avec tout ça, est-ce que la machine peut imiter ça ? »
Hamza Koudri quant à lui, a manifesté ses appréhensions par rapport à la représentation de la culture, du patrimoine et de l’imaginaire dans cette forme de littérature, dirigée par des algorithmes, dénuée de toute émotion.

Quant au second panel, intitulé « L’émotion peut-elle devenir machinale ? », deux intervenants ont également pris la parole, à savoir Agata Kozak, traductrice littéraire Polonaise, elle a traduit plusieurs grands de la littérature, à savoir Antoine de Saint-Exupéry, Verlaine, Mohamed Dib, Annie Ernaux. Ainsi que Mahmoud Aroua, poète, romancier et médecin, il a, à son palmarès une douzaine de publications.
Mahmoud Aroua a déclaré que « L’intelligence artificielle dépend de ce que l’être humain lui fournit comme informations »
« La capacité du traducteur c’est de faire correspondre de retrouver des références culturelles et de les transposer, c’est quelque chose que l’intelligence artificielle ne fait pas pour l’instant, et je ne pense pas qu’elle soit capable de le faire, parce que, dans le texte littéraire, il y a souvent des non-dits, il y a des subtilités, des échos très lointains, et c’est justement ça qui fait la différence. » Tient à souligner Agata Kozak, et de rajouter que, selon elle, ce qu’elle « craint », serait plutôt l’appât du gain facile offert aux maisons d’édition quant à l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la sphère littéraire.

Laissant la parole au public, un intervenant a déclaré que « Si dans un siècle, cette intelligence s’affine, pourquoi est-ce qu’il n’y aurait pas une autre forme d’intelligence, pourquoi est-ce qu’il n’y aurait que nous qui serions l’intelligence naturelle… Nous aussi, nous avons été crées par Dieu, pourquoi elle serait artificielle et nous, on serait naturels. »
Et d’ajouter « Pourquoi est-ce qu’il n’y aurait pas une autre forme d’intelligence qui aurait le droit de coexister avec nous et qui ne serait pas forcément hostile envers nous… Tout ce questionnement est né de nos peurs, et nous avons toujours peur de l’inconnu, mais tout dépend de ce qu’on en fait. »
En ce qui est du troisième et dernier panel, intitulé « Cohabiter avec les IA », les intervenants Yasmine Djebel, autrice franco-algérienne de l’imaginaire, qui s’inspire des légendes d’Algérie, elle est également co-présidente de la charte de la protection des écrivains en France, et Matias Candeira, écrivain et scénariste Espagnol.
Yasmine déclare que « derrière les auteurs et les autrices, il y a un corps, ce ne sont pas que des personnages, derrière l’écriture, il y a un corps qui peut souffrir et avoir des émotions. » En rajoutant que l’avancée technologique a pris une grande ampleur et a envahi le monde littéraire et de la création.
