Battue à plusieurs reprises par les membres de sa belle-famille, Mme Ghania a perdu la vie le 15 décembre dernier, à l’âge de 46 ans, laissant derrière elle quatre enfants de 3 à 13 ans.
Selon le témoignage du veuf de la défunte, le juge d’instruction près le tribunal de Tizi Ouzou, a ordonné ce mercredi 25 janvier à 17h30, le placement du beau-père et des deux belles-sœurs de la victime, pour coups et blessures ayant conduit à un homicide.
Ces arrestations font écho à une vidéo d’une extrême violence, montrant une mère de famille se faisant passer à tabac par plusieurs membres de sa belle-famille. Filmée par sa fille de 9 ans et ayant été largement relayée sur les réseaux la semaine dernière, cette séquence avait suscité beaucoup de colère chez les internautes qui avaient déploré l’inefficacité de la justice dans les drames familiaux.
Décédée de manière naturelle, la victime qui avait formulé plusieurs plaintes avec son mari, est décédée, après trois ans de maltraitances régulières, sans que justice ne lui soit rendue.
Dans un précèdent article nous avions révélé les dessous de cette affaire, qui mettait en avant d’un côté les violences familiales que subissent encore les femmes algériennes en 2023, mais plus que tout, le retard considérable dans le traitement des plaintes des victimes par la justice, un retard qu’elles payent d’ailleurs souvent de leurs vies.
Ainsi, moins d’une semaine après la publication des circonstances de cette affaire, les trois personnes directement impliquées dans les agressions à répétition dont était victime cette mère de famille ont été écrouées.
Ces arrestations ont été opérées après plusieurs jours d’enquête, puisque R.S, à savoir le mari de la victime, avait été le premier à être convoqué au niveau de la brigade de gendarmerie nationale de Draa Benkhedda dimanche dernier.
Entendu de 21h00 à 02h00 par le chef de ladite brigade de gendarmerie, l’homme a dû donner des explications sur les circonstances ayant mené à de tels accès de violence de la part des membres de sa famille.
Le lundi matin, ce sont tous les membres de la famille qui ont été convoqués par la gendarmerie pour être auditionnés, y compris le mari de la victime qui a été auditionné une seconde fois.
Dans la matinée de mercredi, toute la famille a de nouveau été convoquée par le procureur de la république du tribunal de Tizi Ouzou qui avait en sa possession plusieurs vidéos montrant les violences dont était victime la défunte ainsi que les rapports de ses blessures qui n’étaient pas anodines. Après avoir été auditionnés chacun de son côté dans le cadre de l’enquête, toutes les personnes convoquées ont été conduites de par devant le juge d’instruction du tribunal de Tizi Ouzou qui a placé les trois membres de la même famille en détention préventive, en attendant la fin de l’instruction et la programmation d’un procès.
Un retour à la maison chaotique
Au terme de cette journée passée devant la justice de Tizi Ouzou, les proches de la défunte sont d’autant plus inquiets.
Et pour cause : le beau-frère de la victime répondant aux initiales de M.S, qui lui n’a pas été placé sous mandat de dépôt suite à l’enquête préliminaire, a directement proféré des menaces de morts l’encontre de son frère, ses enfants, mais également à l’encontre de la mère de la victime. Celle-ci vit seule avec une jeune fille en face de la maison familiale où résidait sa fille avec sa belle-famille.
Terrifiée par l’envergure que prend cette affaire, cette dame d’un certain âge refuse de s’exprimer sur le sujet par crainte qu’il ne lui arrive malheur à elle ou la fille qui lui reste.
Si les menaces de M.S sont autant prises en considération, c’est avant tout à cause des antécédents judiciaires de celui-ci. L’homme qui a purgé une peine de 25 ans de prison pour meurtre, continue de faire peur dans la petite localité d’Ait Arif.
A ce sujet, la voisine des deux familles nous déclare « en rentrant du tribunal, M. S est sortis en hurlant dans la rue et nous a menacés de nous tuer un par un pour avoir parlé aux journalistes et soutenu la victime, il a également menacé de tuer les frères de la victime qui vivent en France si jamais, ils venaient à rentrer de nouveau au village »
Le mari de la victime qui a déserté sa maison par crainte lui aussi nous déclare « malgré les arrestations, je ne peux pas être soulagé. Plus que jamais j’ai peur pour mes enfants qui doivent continuer à aller à l’école chaque jour à quelques mètres du domicile de leur oncle qui menace de nous tuer ».
Selon une autre proche de la défunte, au lendemain de ces menaces, la mère de cette dernière se serait abstenue de sortir acheter du pain et du lait comme chaque matin de peur de croiser le beau-frère de sa fille.
Il est à préciser, que plusieurs personnes ayant soutenu la victime et sa famille projettent de déposer plainte contre M.S pour se protéger des éventuelles répercussions de leur position.
Allons-nous assister à un autre drame dans cette localité ? Les forces de l’ordre et la justice vont-ils, cette fois-ci, faire preuve de célérité et intervenir avant qu’il n’y ait mort d’homme ? Tout le monde, ou presque, dans le village, espère un dénouement « heureux » cette fois-ci.